Le Premier Maquisard de France : Georges Guingouin
Il y a 80 ans jour pour jour, le 26 juillet 1940 : le légendaire Georges Guingouin, premier maquisard de France, publie son premier tract appelant à la résistance armée face aux Allemands.
Fils d’un militaire tué en 1914 et d’une mère directrice d’école primaire, Georges Guingoin est instituteur et secrétaire de mairie dans le petit village de Saint-Gilles-les-Forêts aux confins de la Haute-Vienne et de la Corrèze. Depuis 1935 il est militant communiste, admire l’Union Soviétique et Victor Hugo et s’intéresse particulièrement aux thèses du communisme rural.
Mobilisé en 1939, blessé le 17 juin 1940, hospitalisé, il quitte volontairement les lieux pour éviter d’être capturé et rentre à Saint-Gilles-les-Forêts par ses propres moyens.
Guingouin avait pris soin de préparer les conditions d’une reprise de son action politique en cachant dans la grange d’un ami une machine à écrire, la ronéo du Parti, de l’encre et du papier. C’est sur cette machine qu’il publiera son premier tract appelant à la résistance.
Son appel à la résistance désobéi aux consignes d’attentisme du Parti Communiste lié par le Pacte Germano-Soviétique. Évoquant « la dictature fasciste » du régime de Pétain à Vichy, il décrit « des misérables qui, non contents d’avoir couvert leurs mains du sang de nos soldats … pourront sans crainte, tout à leur aise, détruire les dernières libertés du peuple de France, établir le régime de l’obscurantisme et du mensonge. » (…) Derrière Pétain, vieillard revenu en enfance, incapable de présider l’Assemblée Nationale, incapable de lire son discours au micro annonçant qu’il est le chef de l’Etat. C’est le sinistre aventurier Laval. C’est la clique des assassins fascistes s’apprêtant avec l’aide de Hitler à exploiter honteusement le peuple de France »
Ill faut préciser que le village de Guingouin se situe en Zone libre et qu’il aurait pu faire alors comme tout le monde : attendre que ça passe.
Mieux, il décide de ne pas diffuser le bulletin « La Vie du Parti » de septembre 1940 qui déclare : « Nous devons être sans haine vis-à-vis des soldats allemands. Nous sommes contre de Gaulle et le clan capitaliste dont les intérêts sont liés à Vichy ».
En janvier 1941 il publie le premier numéro du journal clandestin « Le Travailleur limousin ». S’abstenant volontairement de toute attaque contre de Gaulle et le Royaume-Uni, s’écartant ainsi un peu plus de la ligne officielle du Parti communiste. Un mois plus tard, il prend le maquis en Corrèze : C’est le tout premier maquisard.
À la tête d’un premier groupe de résistants, Georges Guingouin organise une « récupération » à main armée de cartes d’alimentation en cambriolant la mairie de Saint-Gilles-les-Forêts. Cela lui vaudra d’être condamné par contumace aux travaux forcés à perpétuité et d’être pourchassé par la police de Vichy. Il baptise ses premiers groupes armés de « Francs-Tireurs et Partisans » (FTP) et crée « la Brigade de marche limousine ». Il va alors multiplier les actions de sabotage.
Le Parti Communiste lui reproche de s’entêter à développer une résistance armée dans les campagnes plutôt que dans les villes et vont envoyer un tueur infiltré dans le Maquis pour le liquider, en vain. Son engagement précoce embarrassait fortement le Parti.
Surnommé le « Préfet du Maquis » par les Limousins, Guingouin tient les campagnes et harcèle les soldats Allemands après l’invasion de la Zone libre, au point qu’ils surnommeront la région de « petite Russie ».
En juillet 1944, après le Débarquement allié en Normandie, Guingouin mène pendant plusieurs jours l’une des très rares batailles conventionnelles victorieuses de la Résistance face à l’armée allemande autour du Mont Gargan, en Haute-Vienne. Ses troupes affrontent les Allemands en batailles rangées et…gagnent !
Le 3 août 1944, à la tête de 8 000 hommes, il encercle Limoges et libère la ville sans violence, en obtenant la reddition de l’officier allemand commandant la place. Au début du mois de juin, pour éviter une effusion de sang, il avait refusé une nouvelle fois les ordres du Parti Communiste lui intimant de prendre Limoges par la force.
Mais trop populaire, le libérateur de Limoges devient gênant. En mai 1945, Guingouin est élu maire de Limoges. Jusqu’en 1947 et sa défaite face à l’ancien maire socialiste Léon Betoulle, il mène une politique sociale très volontariste dans les conditions difficiles de l’immédiat après-guerre et de la reconstruction. En 1949, il rédige un rapport critique contre l’attitude du Parti Communiste pendant le Guerre. Désavoué, il est exclu du Parti en novembre 1952.
En 1953, il est la cible d’une cabale politico-judiciaire fomentée par des socialistes et d’anciens collaborateurs d’extrême droite. Il est incarcéré et battu quasiment à mort dans sa cellule.
Il sera totalement blanchi par la justice en 1959 et l’arrivée de De Gaulle au pouvoir ulcéré de savoir ce héros patriote emprisonné. Le Procureur déclarant même « ne pas comprendre, en son âme et conscience, qu’on ait engagé des poursuites contre lui ».
« Réhabilité » par le PCF en 1998, il répondra sobrement que le communisme n’est pas un parti et qu’il ne voulait plus jamais être associé au Parti communiste.
Compagnon de la Libération, Commandeur de la Légion d’Honneur, médaillé de la Résistance, King’s Medal for Courage en Grande-Bretagne, Georges Guingouin se vit attribuer par le Général de Gaulle le titre de « premier Maquisard de France ».
Il repose enfin en paix dans le petit cimetière de Saint-Gilles-les-Forêt depuis 2005.
La collection RING HISTOIRE naîtra début 2021.
Claude DAYON pris sur Ringstore
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