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RECONNAISSANCE  et  RÉPARATION

Par Christiane Dormois
Vice Présidente Nationale – Présidente de la Fédération du Doubs

 

Ces mots résument nos vies, nos destins d’enfants brisés par la perte de notre Père, notre Mère ou parfois de nos deux Parents.

Leur Mort pour défendre la Patrie, sous le joug de l’envahisseur, sous les bombardements, ou vaincus par la maladie, ou les blessures, est inscrite sur notre état civil, c’est un acte juridique !

La conséquence : nous sommes reconnus Orphelins de Guerre et ou Pupilles de la Nation, c’est notre statut

Nous sommes adoptés par la Nation et ou ressortissants de l’ONACVG, institution fondée par Georges Clemenceau, qui a légué à ces services l’obligation de nous suivre et nous aider tout au long de notre vie ! Des aides obligatoires et facultatives nous sont allouées !

Selon les circonstances des décès, les lieux d’habitation en zone rurale ou urbaine, le désarroi des veuves ou la diligence des tuteurs nommés par l’Etat, combien ont pu bénéficier de toutes ces dispositions ?

L’Etat notre Tuteur nous a comptabilisé durant la première guerre mondiale.

Combien sommes-nous à ce jour, issus de cette première comptabilité, nul ne le sait.

Les conflits mondiaux se sont succédé, tous les Pupilles et Orphelins ont-ils pu être aidés ?

Combien sont encore à ce jour bénéficiaires de ce statut d’Adoptés ?

On nous retrouve dans des rapports, au sein de commissions, dont il   n’ait plus besoin de démontrer que les chiffres donnés sont fantaisistes voire aberrants.

Nous siégeons dans les commissions départementales d’attribution des aides, peu de dossiers sont présentés en faveur de notre catégorie !

La nécessité d’un recensement s’impose car pour nous reconnaître, il faut déjà que notre Tuteur nous connaisse ! Ce sera une étape !

Nous sommes abandonnés après avoir été adoptés !!!

Orphelins par le décès de nos Pères, abandonnés par la Patrie qui leur doit la Liberté,

Cet abandon génère une blessure invisible que nous portons depuis notre enfance, et qui ravive les traumatismes enfouis, traumatismes que le Médecin Général Militaire Louis CROCQ qualifie de SSPT, syndrome de stress post traumatique. Il fut le premier à créer des cellules de prise en charge psychologiques d’urgence pour les militaires au combat, en opérations extérieures.

Ces SSPT que le docteur CROCQ qualifie de cicatrices invisibles nécessitent RÉPARATION de préjudice moral et matériel que l’on peut aussi qualifier de réparation civile.

                       PREJUDICE MORAL PREJUDICE MATERIEL

                                           INJUSTICE  INEGALITE SOCIALE

  Selon les travaux des épidémiologistes Nicolas TODD et Alain VALLERON, nous savons avoir perdu une à deux années d’espérance de vie et leur objectif désormais est de poursuivre leurs recherches afin « de déterminer la cause de la mort chez ces Orphelins et Pupilles de la Nation pour éclairer les mécanismes impliqués » après avoir été les victimes de Syndrome de Stress post traumatique.

Quant au célèbre Médecin neuropsychiatre Borys Cyrulnik spécialiste de la résilience, concept qui démontre qu’un enfant peut surmonter les pires traumatismes s’il a été sécurisé lors des tous premiers mois de son existence, il écrit :

« A son tour, il est fréquent que la personne souffre de certaines « réminiscences émotionnelles ». Parfois quelqu’un ou quelque chose réactive ses sentiments d’abandon et tout son monde se paralyse à nouveau.

Tout cela est une trace d’un grave stress post traumatique qu’il faut savoir gérer »

                C’est donc le devoir de l’ETAT de nous accorder un droit 

                                            A Réparation

Nul besoin de décrire les conditions de vie de nos premiers mois, nos premières années d’existence………

« Le côtoiement de la mort et d’isolement sensoriel, les brisures affectives, on ne ressent rien quand on est en agonie psychique, on respire un peu c’est tout » c’est ainsi que Boris Cyrulnik, orphelin de 5 ans, arrêté par la gestapo lors d’une rafle à Bordeaux ! » décrit son enfance.

Abandonnés par nos Pères qui ont donné leurs vies, abandonnés par l’Etat qui ne sait pas ce que sont devenus « ses Orphelins », victimes d’inégalité sociale nous subissons la double peine en entamant notre dernière tranche de vie, ou au seuil de notre mort !

Certains ont pu bénéficier de quelques dispositions, mais tous nous avons tenté de nous construire avec cette blessure invisible enfouie.

REPARATION

Lorsque l’Etat a réparé en 2000 les fautes commises envers nos concitoyens d’origine juive et leur a octroyé réparation, nous ne nous sommes pas sentis blessés une nouvelle fois. Nous l’avons compris !

Nous ne demandions rien et lorsqu’en 2004 l’Etat octroie réparation à certaines catégories d’Orphelins en plaquant sur nos souffrances ce droit selon les circonstances des décès, « notre monde se paralyse à nouveau »

Depuis, nous le disons avec véhémence, mais dignité :

Nul n’a le droit d’évaluer la douleur, la souffrance, le désarroi, l’abandon d’un Orphelin que ce dernier ait quelques mois, quelques années ou 70 à 90 ans !

Orphelins nous sommes, Orphelins nous restons. Il n’y a  pas de sous catégories d’hommes valeureux qui ont perdu leurs vies par la guerre, à cause de la guerre, il n’y a  pas de sous catégories d’Orphelins, de Pupilles !!!

Il y a des générations sacrifiées et il faut réparation pour que cessent ces souffrances enfouies, au risque qu’elles ne se transmettent de générations en générations (le transgénérationnel) et obèrent les chances de bonheur de nos descendants !

Il y a aussi ces générations de victimes du terrorisme, d’enfants Orphelins du fait des Métiers de leur Père qui seront aidés peut-être jusqu’à 21 ans, que l’Etat oubliera, mais qui comme nous vieillirons moins bien que nos concitoyens.

La France a une DETTE envers nous tous !

La France ne doit pas nous abandonner une nouvelle fois.

 

 Déclaration des droits de l’homme et du citoyen

Les Représentants du Peuple Français, constitués en Assemblée Nationale, considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de l’Homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des Gouvernements, ont résolu d’exposer, dans une Déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l’Homme, afin que cette Déclaration, constamment présente à tous les Membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs ; afin que les actes du pouvoir législatif, et ceux du pouvoir exécutif, pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés ; afin que les réclamations des citoyens, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution et au bonheur de tous.

En conséquence, l’Assemblée Nationale reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l’Etre suprême, les droits suivants de l’Homme et du Citoyen.

Art. 1er. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.

 

Trouble de stress post-traumatique

Le trouble de stress post-traumatique, ou TSPT, désigne un type de trouble anxieux sévère qui se manifeste à la suite d’une expérience vécue comme traumatisante avec une confrontation à des idées de mort. Cette affection est aussi connue sous le nom de syndrome de stress post-traumatique (SSPT) ou état de stress post-traumatique dans la classification CIM10 (F43.1). L’abréviation anglaise PTSD (pour Posttraumatic stress disorder) est parfois également utilisée.

Le trouble de stress post-traumatique est une réaction psychologique consécutive à une situation durant laquelle l’intégrité physique ou psychologique du patient, ou celle de son entourage, a été menacée ou effectivement atteinte (notamment en cas de tortureviol, accident grave, mort violente, maltraitance, négligence de soins de la petite enfance, attachement insecure, agression, maladie grave, naissance, guerreattentat, accouchement). Les capacités d’adaptation (comment faire face) du sujet sont débordées. La réaction immédiate à l’événement aura été traduite par une peur intense (effroi), par un sentiment d’impuissance ou par un sentiment d’horreur.

Under_the_Moon   20 septembre 2014

[…] personne ne prétend que la résilience est une recette de bonheur. C’est une stratégie de lutte contre le malheur qui permet d’arracher du plaisir à vivre, malgré le murmure des fantômes au fond de sa mémoire.

Paris (AFP) – Les enfants nés entre 1914 et 1916, dont le père est mort au combat durant la Première Guerre mondiale, ont vécu en moyenne un an de moins que les autres, suggère une étude française cherchant à évaluer l’impact du stress pré-natal sur l’espérance de vie.

Les stress subis aux débuts de la vie sont connus pour avoir un impact néfaste sur la santé, mais leurs conséquences sur la mortalité posent question.

C’est précisément l’objet de l’étude, conduite par Nicolas Todd et Alain-Jacques Valleron (Inserm) et le pédiatre et endocrinologue Pierre Bougnères (hôpital Bicêtre/AP-HP, région parisienne), voir si le stress psychologique subi par la mère pendant la grossesse réduisait l’espérance de vie à l’âge adulte de son enfant, devenu orphelin de père.

Les résultats ont été présentés au 55e congrès annuel de la Société européenne d’endocrinologie pédiatrique, qui vient de se tenir à Paris.

Les chercheurs ont utilisé des bases de données historiques pour identifier plus de 4.000 enfants nés entre août 1914 et décembre 1916 et dont les pères ont été tués ou gravement blessés pendant la Première Guerre mondiale, un stress psychologique majeur pour la mère.

Grâce aux registres de naissance croisés avec une base recensant 1,4 million de militaires français décédés, les auteurs ont ainsi pu non seulement distinguer les enfants dont le père avait été blessé ou était mort à la guerre, mais également déterminer, parmi ces derniers, si le décès était survenu avant ou après la naissance.

Pour effectuer les comparaisons, chacun des enfants pupille de la Nation, a été associé à un enfant non pupille de la Nation, de même sexe, né au même moment, au même endroit et dont la mère avait le même âge.

Les chercheurs ont constaté une augmentation de la mortalité à l’âge adulte chez tous ceux qui ont vécu un stress précoce, perdant en moyenne une année d’espérance de vie adulte par rapport au groupe des non-pupilles.

La réduction de l’espérance de vie à l’âge adulte est plus grande — de 2,2 ans — pour les orphelins dont le père avait été tué avant leur naissance alors que leur mère était enceinte. « La prochaine étape sera de déterminer la cause de la mort » chez ces derniers orphelins pour éclairer les mécanismes impliqués, selon l’épidémiologiste Nicolas Todd.

 

ENQUÊTE – Les enfants nés entre 1914 et 1916, dont le père est mort au combat durant la Première Guerre mondiale, ont vécu en moyenne un an de moins que les autres. Ce sont les conclusions inattendues d’une étude française cherchant à évaluer l’impact du stress pré-natal sur l’espérance de vie.

13 sept. 2016 23:07 – Virginie Fauroux

On savait que le stress subi aux débuts de la vie avait un impact néfaste sur la santé. Mais on ne se doutait pas qu’il pouvait avoir aussi des conséquences sur la mortalité.

 

C’est précisément l’objet de l’étude, conduite par les épidémiologistes Nicolas Todd et Alain-Jacques Valleron de l’Inserm et le pédiatre et endocrinologue Pierre Bougnères de hôpital du Kremlin-Bicêtre : voir si le stress psychologique subi par la mère pendant la grossesse réduisait l’espérance de vie à l’âge adulte de son enfant. Les résultats ont été présentés lundi 12 septembre à Paris au 55e congrès annuel de la Société européenne d’endocrinologie pédiatrique. Et ils sont surprenants.

Augmentation de la mortalité à l’âge adulte chez tous ceux qui ont vécu un stress précoce

Les chercheurs ont utilisé des bases de données historiques pour identifier plus de 4000 enfants nés entre août 1914 et décembre 1916 et dont les pères ont été tués ou gravement blessés pendant la Première Guerre mondiale. Deux situations induisant un stress psychologique majeur pour la mère. Grâce aux registres de naissance croisés avec une base recensant 1,4 million de militaires français décédés, les auteurs ont pu déterminer, parmi ces derniers, si le décès était survenu avant ou après la naissance.

 

Pour effectuer les comparaisons, chacun des enfants pupille de la Nation a été associé à un enfant non pupille de la Nation, de même sexe, né au même moment, au même endroit et dont la mère avait le même âge. Les chercheurs ont constaté une augmentation de la mortalité à l’âge adulte chez tous ceux qui ont vécu un stress précoce, perdant en moyenne une année d’espérance de vie adulte par rapport au groupe des non-pupilles.

 

Et la réduction de l’espérance de vie est encore plus grande (de 2,2 ans) pour les orphelins dont le père avait été tué avant leur naissance alors que leur mère était enceinte. Prochaine étape, annonce l’épidémiologiste Nicolas Todd : déterminer la cause de la mort chez ces derniers orphelins pour éclairer les mécanismes impliqués.

Virginie Fauroux

 

La revue de presse : Valérie Trierweiler – Paris-Match, octobre 2012

Les commentaires sur le livre de Boris Cyrulnik n’apporteront rien. Il faut le lire. Absolument. « Ma vie mentale s’était arrêtée à l’âge de 2 ans, quand ma mère s’est retrouvée seule, après l’engagement de mon père dans l’armée ­française, et angoissée par l’imminence de son ­arrestation. Puis ont suivi pour moi quelques années de traque, de côtoiement de la mort et d’isolement sensoriel. Les brisures affectives, sans cesse répétées, l’interdiction de sortir ou d’aller à l’école, le sentiment d’être un monstre ont rendu impossible le moindre développement. Je n’ai pas souffert pendant ces agressions puisque mon âme était gelée. On ne ressent rien quand on est en « agonie psychique », on respire un peu, c’est tout. » Qu’ajouter à cela  ? Que dire de plus  ?…
La réalité ne correspond pas toujours aux souvenirs. Comme pour mieux s’accommoder du passé. Le récit de son histoire douloureuse est passionnant. Mais il n’est pas l’objet du livre. Le neuropsychiatre en tire des analyses qui aideront tous ceux qui cherchent à sortir d’un passé empreint de malheur. Nous retrouvons ce qu’il nous avait déjà enseigné sur le principe de résilience. C’est pour cette raison qu’il ne faudrait pas passer à côté de ce témoignage.

Notes sur l’auteur :

A l’âge de 5 ans, Boris Cyrulnik est arrêté par la Gestapo lors d’une rafle à Bordeaux. Le petit orphelin s’évade en se cachant sous un corps ensanglanté dans une ambulance. Seul et dénutri, il survit à la guerre grâce à l’aide des Justes. Rien, pas même cette enfance terrible, ne l’empêchera de s’imposer comme l’un des plus grands neuropsychiatres français. Il est le spécialiste de la résilience, le concept qui démontre qu’un enfant peut surmonter les pires traumatismes s’il a été sécurisé lors des tous premiers mois de son existence.

  • À son tour, il est fréquent que la personne souffre de certaines “réminiscences émotionnelles”. Parfois, quelque chose ou quelqu’un réactive ses sentiments d’abandon et tout son monde se paralyse à nouveau.

Tout cela est une trace d’un grave stress post-traumatique qu’il faut savoir gérer.

 

A lire aussi : « Attentat de Nice Les enfants encore largement traumatisées »

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