Madeleine PAULIAC médecin et résistante
27 Juillet 1946, il y a 76 ans à Villeneuve sur Lot (Lot et Garonne).
L’abbé BEILLIARD, célèbre en ce matin un service funèbre en hommage à Madeleine PAULIAC une enfant du pays. Présence de certaines collègues de « l’escadron bleu ».
Mais qui était cet enfant ?
Roger PAULIAC propriétaire d’une conserverie familiale dans ce village, dont le père avait été tué à Verdun au bois d’Avocourt en 1916, avait 2 filles Anne-Marie née le 4 Juillet 1911 et Madeleine, Jeanne, Marie née le 17 Septembre 1912.
Par décision de justice les 2 filles sont confiées à leur grand-mère paternelle pour les vacances (leur mère vit à Nice) et par la suite pour leur éducation. Le BAC obtenu elle les envoie à Paris en 1929 afin qu’elles suivent des études de médecine.
Madeleine, avec 1 an d’avance, obtient sa thèse en 1939 (elles ne sont alors que 350 femmes médecins) et est affectée comme pédiatre, à l’hôpital des enfants malades de Paris, option diphtérie.
En Août 1944 elle participe à la libération de Paris, puis intègre la 2 éme DB qui est arrivée dans les Vosges, pour la campagne d’Alsace/Vosges.
Le 30 Novembre 1944 elle est acceptée et intègre la résistance dans les FFI comme lieutenant du SSA1. Ravitaille les maquis, secourt les parachutistes anglais et alliés recueillis.
Suite à ces événements le Général de Gaulle, depuis Londres, lui confie une mission sanitaire : récupérer et rapatrier le maximum de Français, ils sont environ 300 000, prisonniers de guerre, membres du STO, déportés et réfugiés, répartis dans cette Europe de l’Ouest, Pologne, Silésie, Prusse etc…sous occupation soviétique, derrière la ligne ODER-NASSER2 (NEISSE). Elle recevra son ordre d’affectation le 26 février 1945.
Son fiancé Gilles VINCENT travaille aux USA.
Le 28 Mars 1945 elle prend l’avion pour rencontrer le Général Catroux ambassadeur sur place à MOSCOU. Elle le rencontre le 2 Avril. Il lui permettra de réunir du matériel médical qu’elle prendra avec elle avec son retour en train à Varsovie où elle arrivera le 2 Mai. Elle s’installe à l’hôpital Français à coté de l’ambassade de France au 6 rue Krynczna en tant que médecin chef.
Le 8 mai 1945 elle apprend la fin de la guerre, mais ne peut rester insensible à la détresse humaine rencontrée sur les différents lieux qu’elle a connus.
Le 27 juillet 1947, elle est rejointe par 10 infirmières dotées de 5 ambulances « Austin » parties du lac de Constance, siège d’une unité mobile de la Croix Rouge, le 23. Cette entité sera appelée « L’escadron bleu ». Ce dernier effectuera pas moins de 200 missions, 40 000 km parcourus pendant 3 mois ½ / 4 mois du 2 juillet au 11 Novembre 1945.
Madeleine PAULIAC y met tout son cœur, face au non-respect des Russes de l’accord signé avec le Général de GAULLE. Elle est confrontée au comportement débile des soldats de l’armée rouge, de leur brutalité, de leur ivresse (ah la Vodka ! !) et de leur manque de respect envers ces femmes.
Elle négocie, fait des transactions pour, par exemple récupérer quelques « malgré-nous », sur les 1500 répertoriés. Elle ruse jusqu’à se faire passer pour la cousine d’un pilote du « Normandie-Niemen »3 escadrille française fort appréciée des Russes. Elle kidnappe même des blessés dans un hôpital sous contrôle soviétique. Cinq soldats seront exfiltrés du camp 188 de Tambon (à15km en Russie).
Elle viendra au secours de religieuses polonaises violées par les soldats de l’Armée Rouge car certaines sont enceintes et il faut s’occuper des naissances. Elle les aidera accoucher, à récupérer les nouveaux nés, pour les sauver.
Le 14 novembre « L’escadron bleu » dissous, sa mission personnelle prend fin en Décembre 1945.
Elle revient à Villeneuve sur Lot pour passer Noël avec sa sœur Anne Marie, dans la maison familiale au 15 de la rue d’Agen.
Fidèle à son serment envers les religieuses polonaises qui l’attendent, promesse faite à la mère supérieure, elle repart en Pologne le 28 Janvier 1946, elle peut se permettre cette absence, son mari est nommé à Singapour.
Elle fonde et ouvre un orphelinat pour les enfants des religieuses et des familles françaises ainsi que pour d’autres orphelins perdus. Certains, français, sont rapatriés en France mais Madeleine y « mélangera » quelques enfants des sœurs qui seront adoptés sous anonymat par des familles françaises.
L’évacuation des enfants du couvent s’est faite avec l’aide d’Arthur BLISSLANE ambassadeur US à Varsovie et de Louis CHRITIANS président de la Croix Rouge Polonaise.
En juin 1945 un accord est signé entre la France et l’URSS pour autoriser le rapatriement de tous les prisonniers Français détenus par cette dernière.
Le 3 Février 1946 alors qu’elle se rend accompagnée du Colonel Georges SAZY, dans une voiture de l’Ambassade avec chauffeur, de Lowicz à Sochaczew près de Varsovie elle a un accident vers 20 h, suite à un dérapage sur le verglas, la voiture percute un arbre. Ses 2 passagers sont tués sur le coup, le chauffeur blessé. Elle décède à l’âge de 33 ans4.
Attributions : Croix de guerre 39/45, Chevalier de la Légion d’Honneur, Médaille d’honneur de la Croix Rouge Polonaise. Morte pour la France.
Autres reconnaissances :
Une rue porte son nom à Villeneuve sur Lot.
Une plaque est apposée sur sa maison familiale.
Sur le parvis de la gare de Grenoble : « Madeleine PAULIAC / Escadron Bleu » par décision du conseil municipal du 28 mars 2022.
Notes :
1°) Service de Santé des Armées.
2°) Frontière, 475 km, entre l’Allemagne et la Pologne définie en 1945 par le fleuve ODER et son affluent NEISSE.
3°) Escadron Français, de chasse le 2/30, basé à IVANOVO (250 km N/E de Moscou) depuis le 28 Novembre 1942. Fait partie de la 1 ére Armée Soviétique et entrera en action le 22 Mars 1943.
4°) Déjà blessée en Septembre 1945, avec le Dr Luquet sur un pont piégé par les soviétiques. Bilan : 2 cotes cassées et fracture du crâne qui ne l’empêcheront pas de poursuivre son travail.
5°) Décédée à Paris le 5 Février 2006.
Livre : Madeleine PAULIAC l’insoumise chez XO (16 Février 2017). Sa biographie par son neveu Philippe MAYNIAL, grâce aux documents que détenait sa mère Anne-Marie 5 (correspondance entre les 2 sœurs) et aux archives. Mais certaines questions (qu’est devenu son mari ? id pour les 24 enfants nés des viols ?) restant en suspens il poursuit ses recherches.
Un documentaire : diffusé en Mars 2019 par France 5 sur « l’escadron bleu ».
Films : Les Innocentes (les sœurs violées) d’Anne Fontaine en 2016, Les filles de l’Escadron bleu (2018).
Sources : divers sites internet, TV.
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