Une piste avant de lire ↓↓ : champion d’Argentine de cette spécialité et sur route à 17 ans.
Il nait le 19 octobre 1882 à PLESSE (Loire Inférieure). Son père, Clément Moizan, exerce la profession d’horloger-bijoutier qui après avoir essuyé un revers aux élections législatives perd rapidement une importante partie de sa clientèle, époque où l’Argentine cherche à se développer en attirant des artisans européens qualifiés. C’est ainsi qu’avec femme et enfants il embarque pour l’Argentine et ouvre une boutique à Buenos-Aires.
A 14 ans, Lucien travaille en qualité de groom au Jockey club de l’hôtel le plus prestigieux de Buenos-Aires. A 16 ans, il gagne une bicyclette à la loterie et commence alors à s’entraîner intensivement. La passion du cyclisme le gagne peu à peu et il suit l’actualité des compétitions françaises dans les magazines sportifs.
Son père désapprouve fermement la compétition cycliste, qu’il juge comme une distraction inutile et considère les coureurs comme des saltimbanques.
Lucien se fait alors inscrire sur les courses argentines, Il change son patronyme pour sa passion et prend le pseudonyme de « Breton », en référence à sa région natale, pour cacher sa participation à son père. Il obtient rapidement de bons résultats et devient champion d’Argentine sur piste en 1899, à 17 ans, puis sur route.
Il revient en France en 1902 et s’installe à Paris dans le but de faire du cyclisme en tant que professionnel.
Un autre coureur sur piste se nommant Breton, il transforme son pseudonyme pour éviter toute confusion et se fait appeler « Lucien Petit Breton » c’est ainsi qu’il est connu. Néanmoins, le public le surnomme « l’Argentin » ou « l’élégant Argentin ».
A son arrivée dans la capitale il court essentiellement sur piste et se distingue en prenant la 2ème place du Bol d’or, épreuve de 24 heures qu’il gagnera en 1904 au vélodrome Buffalo.
Fin juillet 1905, dans sa première tentative d’établir le record de l’heure, il parcourt 40,432 km mais échoue, le record est détenu par l’Américain Willie Hamilton avec 40,781 km. Il ne renonce pas et un mois plus tard, il effectue une deuxième tentative et dépasse le record avec 41,110 km (photo >>>).
Le 30 septembre 1906, il remporte la classique Paris-Tour devant deux anciens vainqueurs du Tour de France : Henri Cornet 1904 et Louis Trousselier 1905.
Le 14 avril 1907, il prend le départ de la classique Milan-San Remo qu’il gagne en solitaire, course qui est la première de l’histoire.
Lors de la saison 1908, il démontre l’étendue de son talent. Il s’impose sur le tour de Belgique en y gagnant 4 étapes puis remporte la classique Paris-Bruxelles.
Il gagne et se classe à de nombreuses épreuves sur piste de même que celles sur route dont 2ème de Bordeaux-Paris et participe à plusieurs fois aux six jours de Paris organisés au vélodrome d’hiver.
C’est une partie de son palmarès sauf ses participations aux tours de France ↓↓ :
Toujours avec quelques outils dans sa sacoche
au cours d’étapes dans ses tours de France
C’est en 1905 qu’il participe à son premier tour de France où il obtient une honorable 5ème place, l’année
Suivante, il termine 4ème. Cette performance lui vaut d’être 1er de la catégorie dite « des poinçonnés », c’est-à-dire des coureurs à qui il est interdit tout changement de machine au cours de l’épreuve.
En 1907, le tour s’élance sans qu’un grand favori ne se détache. Pour sa troisième participation à l’épreuve, il figure à nouveau parmi les catégories des « poinçonnés » photo ←← contrôle au cours d’une étape.
Il remporte sa 1ère étape au terme d’une échappée en solitaire de près de 250 km.
Henri Desgrange, dans les colonnes de son journal L’auto salue sa performance : « quand on songe que cet homme traîne avec lui le formidable handicap d’une machine poinçonnée et qu’il est sans cesse dans la pensée et le souci de surveiller sa machine, de ne point la détériorer, d’éviter pour elle jusqu’au moindre cahot de la route, on demeure stupéfait qu’il puisse occuper encore la 3èmep place du classement général ».
Lucien Petit Breton prend la tête du classement général au cours de la 10ème étape gagnée par Gustave Garrigou et il s’impose à Nantes dans l’étape suivante qu’il gagne.
A l’arrivée à Paris, il est le grand vainqueur et remporte son 1er tour de France devant Gustave Garrigou et Emile Georget.
Le tour 1908, présente l’équipe Peugeot avec des coureurs redoutables : le vainqueur sortant, entouré de Faber, Georget, Aucouturier Passerieu et Cornet.
Lucien Petit Breton s’impose dans la seconde étape devant Georges Passerieu, qui avait gagné la première, ce qui conduit les deux hommes à occuper conjointement la 1ère place au classement général.
Il affirmera sa supériorité dans la deuxième partie du tour où il gagnera 4 autres étapes dont la quatorzième et dernière Caen-Paris pour remporter logiquement son 2ème tour de France (sans oublier de se rafraichir →→).
Le triomphe des Peugeot est complet avec François Faber 2ème et Georges Passerieu 3ème et où toutes les étapes sont gagnées par cette équipe.
Il a déjà trouvé son successeur : l’an prochain la victoire sera pour Faber, je suis convaincu que cet homme-là sera imbattable, j’ai décidé de passer la main.
Effectivement, il gagnera le tour en 1909 ; « mais aussi, comme Lucien Petit Breton, mort pour la France et Octave Lapize, vainqueur du tour en 1910 ». Curieuses destinées ?
Après ce second succès, Lucien Petit Breton voit sa popularité monter en flèche : le 10 août 1910, Charles Ravaud, reporter au journal l’Auto écrit : « Jamais personne, dans aucune course sur route, ne fit preuve d’une supériorité plus profonde, aussi devrons-nous le classer parmi les champions les plus célèbres que la Vélocipédie n’ait jamais produit ».
Au printemps 1909, il décide de reprendre la compétition et se classe honorablement dans diverses épreuves et en 1914 il participe pour la dernière fois au tour de France, blessé au genou, il abandonne lors de la 9ème étape entre Marseille et Nice.
C’est le 24 novembre 1908, après sa seconde victoire du Tour de France qu’il épouse Marie-Madeleine Macheteau. Le couple accueille pour son bonheur la naissance de trois enfants, Lucie, Yvonne et Yves. Ce dernier qui tient à conserver le patronyme de Petit Breton est lui aussi adepte du sport et pratique le 110 mètres haies, il est journaliste et dirigera entre-autre l’équipe de l’Ouest sur le tour de France en 1948.
La famille vit à Pénestin dans le Morbihan où elle possède ne maison au bord de la plage du Poudrantais.
Ses deux frères, également coureurs cyclistes, Paul qui compte un titre de champion de France amateur et Anselme, qui a participé au tour de France en 1907, est mort lui aussi pendant la première guerre mondiale.
Passionné d’écriture, Lucien Petit Breton est considéré comme le premier intellectuel du peloton. Il publie un livre de conseils, « comment je cours sur route » et participe à la rédaction d’un ouvrage intitulé « le cyclisme » publié en 1912, qui témoigne de ses qualités d’observateur de la compétition cycliste. Il collabore régulièrement dans les colonnes de « La Vie au grand air ». Tout en soulignant les qualités humaines des coureurs cyclistes : la machine humaine est prodigieuse organisée et s’adapte à tout ce qu’on exige d’elle. Il convient seulement de bien remonter son mécanisme.
Avec son épouse et ses enfants
dans son bureau
en tenue de ville
Sur sa maison le tour de France 1948 où Yves dirige l’équipe de l’Ouest
Mort pour la France, 3 orphelins de guerre et une très jeune maman :
Alors que la première guerre mondiale est déclarée, il intègre le 20ème escadron du Train. Il est affecté au pilotage des automobiles militaires à l’état-major. En mars 1917, alors qu’il est interrogé par le journal « La Vie au Grand Air », il déclare quant à l’issue de la guerre et au sort des cyclistes « Hélas ! A la reprise des vélodromes, combien d’entre nous auront disparus qui étaient la gloire de notre sport ? ». Il meurt le 20 décembre 1917 à l’hôpital de Troyes des suites d’un accident de circulation sur le front.
Il repose au cimetière de Pénestin, Morbihan.
En tenue dans les tranchées hommage de Jean-François à son grand-père (monument en haut à droite
Hommages et postérité :
En 1978, son personnage est interprété par le comédien Jacques Giraud dans un épisode des « Brigades du Tigre » pour le meurtre de coureurs cyclistes dans le tour de France.
Stades, vélodromes, rues et squares portent son nom dans de nombreuses villes de France.
En 1920, en hommage à son défunt mari, Marie-Madeleine Marzan crée la marque de vélo Petit Breton qui disparait en 1970, avec l’avènement de l’automobile.
Elle renait en 2018 sous l’impulsion de Robin Cojean, ingénieur des Arts et Métiers et passionné de vélo Petit Breton qui devient ainsi une marque spécialisée dans la fabrication française de vélos éco-consus et sur mesure, avec les cinq arrière-petits-enfants de Lucien Petit Breton qui s’y sont associés.
A Carhaix-Plouguer (Finistère) la ville a décidé en 2016, dans un but de développement artistique, culturel et touristique, de créer un panthéon des Bretons les plus populaires. Pour ce projet, elle passe commande d’une statue représentant les « 4 As Bretons du vélo » —Loison Bobet, Bernard Hinault, Lucien Petit Breton et Jean Robic — tous les quatre anciens vainqueurs du tour de France. Cette œuvre a été dévoilée le 2 juillet 2018, en présence de Bernard Hinault. ↓↓
Avec Marie Madeleine Macheteau sa future épouse↓↓
Robin Cojean avec un vélo Petit Breton↓↓
Réalisé avec les documents en ma possession et internet.
Serge Clay
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