Sur les chemins de la Mémoire, des liens se tissent grâce à nos Enfants qui nous permettent le contact avec ceux qui comme nous, veulent perpétrer le souvenir de ceux qui ont décliné nos valeurs Républicaines Liberté, Egalité, Fraternité, en lettres de larmes et de sang !
Ce récit nous le devons à Philippe Natalini, nous mesurons l’honneur qu’il nous fait en nous offrant la publication de tels écrits !
« N’oublions jamais, il y a 76 ans, l’indicible est révélé …
Le 27 janvier 1945, tout en repoussant devant elles la Wehrmacht, les troupes soviétiques libèrent le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, à l’ouest de Cracovie (Pologne), aujourd’hui le plus emblématique des camps nazis. Accueillies par 7000 détenus survivants, les troupes soviétiques ont la révélation et la preuve de la Shoah.
Camp de concentration classique devenu plus tard camp de travail forcé et camp d’extermination immédiate, destination principale des juifs de France, Auschwitz a pris une place centrale dans l’histoire de la Shoah, au point de fausser la vision que l’on peut en avoir.
Il a fait oublier que la majorité des cinq millions de victime juives ont été exterminées par d’autres moyens que le gaz (famine, mauvais traitements et surtout fusillades de masse).
Auschwitz (Oświęcim en polonais) se situe en Haute-Silésie, dans le « Nouveau Reich », autrement dit dans une région polonaise annexée à l’Allemagne.
Le camp est aménagé le 30 avril 1940 dans une ancienne caserne où y sont d’abord incarcérés les résistants polonais. Son commandement en revient à Rudolf Höss, lieutenant-colonel SS de 39 ans qui a déjà servi au camp de Dachau, près de Munich. C’est lui qui introduit dans ce nouveau camp le système de Kapos instauré à Dachau, par lequel les SS arrivent à maintenir les prisonniers dans la soumission avec un minimum d’effectifs.
Les Kapos qui sont des criminels de droit commun, sont chargés de surveiller les autres prisonniers et de les faire travailler. S’ils ne se montrent pas assez efficaces et donc brutaux, ils sont déchus de leur statut et renvoyés avec les autres prisonniers, ce qui signifie pour eux une mise à mort généralement atroce dans la nuit qui suit. De fait, les premiers prisonniers qui arrivent à Auschwitz sont trente Kapos allemands.
Auschwitz I reçoit à partir de l’été 1941 des prisonniers de guerre soviétiques. Comme il est situé dans une région très industrialisée, le camp attire l’attention de la firme chimique IG Farben qui commence à implanter d’importantes usines à proximité afin d’y faire travailler à moindre coût les détenus.
Convaincu que le travail contribue à assagir les prisonniers, Höss affiche au-dessus de la grille du camp la devise cynique inaugurée à Dachau : Arbeit macht frei (« Le travail rend libre »). Mais les prisonniers soviétiques ne résistent pas longtemps aux mauvais traitements, beaucoup meurent d’épuisement.
Pour combler les vides dans un camp prévu pour plus de cent mille déportés, Himmler décide alors d’envoyer à Auschwitz essentiellement des Juifs, ceux qui survivent au travail forcé, aux épidémies et à la terreur étant de toute façon voués à être exécutés.
En 1942, une extension, avec des baraquements en bois (Auschwitz II), est réalisée près du village de Birkenau (Brzezinka en polonais), dans un terrain marécageux de 170 hectares. Là, sont amenés les déportés destinés à une mort immédiate ou devenus inaptes au travail. Ils sont au début, comme dans les autres camps d’extermination, asphyxiés par les gaz d’échappement d’un camion, dans les bois jouxtant le camp.
Un troisième camp (Auschwitz III) reçoit, comme Auschwitz I, les prisonniers destinés au travail forcé. La plupart sont affectés dans une usine chimique voisine de la firme IG Farben dédiée à la production de caoutchouc synthétique.
Dans le camp d’extermination de Birkenau, Höss a bientôt l’idée de remplacer le gaz d’échappement par du Zyklon B, un insecticide à base d’acide cyanhydrique. Il s’agit de cristaux verts se gazéifiant spontanément au contact de l’air !
À l’automne 1942, il fait construire quatre chambres à gaz capables de contenir chacune 2.000 victimes. Un industriel lui fournit autant de fours crématoires pour brûler au plus vite les cadavres. Ces fours doivent tout à la fois éliminer les corps, qui sont au début ensevelis dans des fosses communes, et lutter contre une épidémie de typhus qui sévit dans le camp en affectant gardiens autant que déportés.
Du fait de ces équipements surdimensionnés qu’il faut bien utiliser, Auschwitz va devenir à partir du printemps 1943 le théâtre de la mise en œuvre de la solution finale et le principal lieu d’extermination des Juifs. À cette date, environ 80% des victimes de la Shoah ont déjà été tuées.
Vers Auschwitz vont être ainsi envoyés en particulier les déportés français, à partir du camp de transit de Drancy, au nord de Paris.
Le camp, où sévissent 3.000 SS, va connaître une terrible pointe d’activité à la fin de la guerre, au printemps 1944, avec l’extermination précipitée de 400.000 Juifs de Hongrie, les malheureux étant gazés et brûlés au rythme de 6.000 par jour.
En définitive, Auschwitz apparaît comme le seul camp où l’extermination a été pratiquée de façon industrielle. Un médecin diabolique, Josef Mengele, s’y est tristement rendu par ailleurs célèbre en pratiquant des expériences insoutenables sur les déportés à des fins scientifiques.
À leur arrivée, les convois de déportés faisaient l’objet d’une sélection sur la « rampe juive », située entre le camp principal et Auschwitz-Birkenau : les uns, généralement les moins valides, étaient immédiatement gazés et leurs cadavres brûlés… Les autres étaient envoyés aux travaux forcés dans les chantiers ou les usines du complexe, après avoir été tatoués.
Notons qu’Auschwitz est aussi le seul camp où les déportés destinés aux travaux forcés avaient le bras tatoué du matricule qui devenait leur seule identité officielle.
Environ un million cent mille Juifs sont ainsi morts à Auschwitz-Birkenau, auxquels s’ajoutent environ 300.000 non-Juifs. Oświęcim est aujourd’hui une ville polonaise presque ordinaire de 40.000 habitants.
Je termine par un écrit empreint d’espoirs et d’humanité d’Anne Franck : « Je crois encore à la bonté innée des hommes. Il m’est absolument impossible de tout construire sur une base de mort, de misère et de confusion, je vois comment le monde se transforme lentement en un désert, j’entends plus fort, toujours plus fort, le grondement du tonnerre qui approche et nous tuera, nous aussi, je ressens la souffrance de millions de personnes et pourtant, quand je regarde le ciel, je pense que tout finira par s’arranger, que cette brutalité aura une fin, que le calme et la paix reviendront régner sur le monde. » »
Philippe Natalini, historien, auteur producteur Varois, passionné des faits de guerre ayant trait particulièrement à la seconde guerre mondiale et à la résistance.
Il se consacre au recueil de témoignages de ceux qui ont vécu la barbarie de cette époque, a réalisé un documentaire sur le débarquement de Provence dont on parle si peu dans les manuels scolaires et envisage d’autres réalisations !
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