Vous avez pu lire le témoignage de Daniel Laffon pupille de la Nation, recueilli par Néo, relatant la vie de son père et de son grand-père…
Voici maintenant un extrait d’un livre édité par Jean-Pierre Lorenzon Buzéquais, relatant l’horreur de ce 22 juin 1944.
Jean-Pierre Lorenzon est le président d’une association qui regroupe « Les LORENZON » dont nous faisons partie. J’ai eu son autorisation de publier cet extrait ainsi que les photos.
C’est une coïncidence que Jean-Pierre habite à Buzet et lorsque j’ai pris connaissance du récit de Néo, j’ai envoyé le document à Jean-Pierre qui n’a pas manqué de me raconter aussitôt avec force détails les évènements de cet évènement tragique.
Malou Lorenzon
Le 22 juin 1944, de très bonne heure, Buzet se réveille alors que le village est encerclé par les S.S. venant d’Aiguillon via Damazan. Rapidement ils se répandent dans tout le village, fouillant les maisons, les jardins, les soues à cochons, tuant un grand nombre de porcs à coups de fusils ; le moindre recoin est visité.
Vers 10 heures, ordre est donné et transmis par l’appariteur, à tous les hommes de se regrouper dans les meilleurs délais sur la place du village.
Le colonel commandant le détachement arrive quelque temps plus tard et s’installe avec le maire, monsieur Adam, chef de la Délégation Spéciale, derrière une table ; les habitants défilent devant la table et présentent leurs papiers. Leur nom vérifié est confronté avec une liste posée sur la table.
Le premier interpellé est l’abbé Laborie, curé de Buzet depuis 10 ans. Rapidement et sommairement questionné, il est contraint de monter dans le car, celui là même qui a amené les soldats. Le premier à le rejoindre est Pierre Ruchaud, facteur, qualifié de « chef communiste »
Puis c’est au tour de monsieur Jean Neuville et de Armand Sainte Lagüe de se retrouver dans le car.
Justin Laffon, cueilli aux Gavachs, alors qu’il ramenait chez Bouglon un outil emprunté quelques jours plus tôt et qualifié, lui aussi, par les allemands de « chef communiste » subira le même sort malgré l’intervention du maire.
Giovanni Costalunga, déserteur de l’organisation « Todt » rejoindra lui aussi le groupe.
Monsieur Lassarade étant introuvable, les choses allaient en rester là, lorsque monsieur Boudey, originaire de Damazan, surpris dans sa vigne et sans papier vient rejoindre le groupe embarqué.
Le convoi de véhicules (les otages toujours dans le car) se dirige vers Damazan pour s’arrêter peu après la sortie de Buzet. Les malheureux sont débarqués sans ménagements. Ordre est donné à l’abbé Laborie de remonter.
Les 6 autres otages sont conduits derrière une cabane en ruines et sauvagement fusillés. Des témoins, dissimulés sur les hauteurs, ont assisté à toute la scène et en ont fait une description insoutenable.
Le curé, retenu et interrogé un ou deux jours à Aiguillon rejoindra Buzet.
Le lendemain, les allemands abattront, sans aucun interrogatoire, monsieur Cruzel dans son champ à Saint Pierre de Buzet.
Autorisation de reproduction aimablement accordée par la Rédaction du Petit Bleu le 30 septembre 2003
Cet épisode tragique avait débuté le 4 avril 1944 à Terrasse, propriété de la Famille Bagau. Avec l’accord du père, des armes parachutées et récupérées par le maquis d’Ambrus, un nombre important d’armes de toutes sortes et de munitions, sont cachées dans une de leur grange.
Découverte par des enfants, la cache fut rapidement dénoncée, mais lorsque les soldats allemands et les miliciens arrivèrent, tout avait déjà disparu, déménagé dans la nuit. La grange fut incendiée. Le grand-père Roumat, le père, le fils Bagau et Jamin leur domestique furent emmenés à Agen et emprisonnés.
C’est au cours de son transfert de prison que le fils, André Bagau, âgé de 26 ans, menottes aux poignets s’enfuit et sauta du Pont de Pierre dans la Garonne. Mitraillé par les allemands et tué, son corps fut retrouvé quelques jours plus tard à Tonneins.
A ces victimes, il convient d’ajouter d’autres buzéquais :
Monsieur Péberay, abattu dans les rues du village dans la nuit du 13 au 14 juillet 1944 alors qu’il bravait le couvre-feu ;
Albert Dailledouze et Etienne Anduran morts en mai 1940 dans les combats des Ardennes et Angélo Cantaruti qui décéda de ses blessures à Paris ;
– Paul Cluzol tué à Mers El-Kébir ;
– René Lesparre, blessé en 1942 à Bir Hakeim, fut porté disparu ;
Basile Bagau, Julien Jamin, Armand Roumat, décédés en déportation ;
Laffon Roger pris au maquis en 43 et fusillé à Buzet ;
Les réfugiés, qui arrêtés par la police de Vichy, furent déportés en 1942 et moururent dans les camps de concentration.
Buzet a payé un lourd tribut !
Bien que ne résidant pas à Buzet, Hueco, Petronio et Satta réfractaires du STO, furent exécutés dans la chapelle du château
La dernière victime fut, à Buzet, un jeune agenais, Joseph Broto qui s’étant enfui des camps de jeunesse fut pris pour un allemand et abattu sur les bords du canal à hauteur de la glacière le 20 août 1944.
Sources : – « Mon village à l’heure Nazie » de Michel Bouglon (conseiller municipal de 1971 à 1995), imp. J. Owen, Nérac.
– « crimes de guerre en agenais » de Jacques Brissaud (2e éd), imp. Moderne, Agen.
– « C’était il y a cinquante ans ; les victimes buzéquaises de la seconde guerre mondiale » de JL Molinié, bulletin municipal de 1994.
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