Jean-Claude PASSERAT né au camp de Ravensbrück en 1944
Ravensbrück, ex-Lichtenburg, est le seul camp de déportation réservé aux femmes depuis 1939.
Hélène PASSERAT est l’une de celles-ci. Jeune résistante de 24 ans, vivant à Aubin (Aveyron), agent de liaison entre Decazeville et le Lot. Le 14 mars 1944 elle accompagne un nouveau membre au maquis de La Tronquière (25 km au N de Figeac dans le Lot), mais elle se fait arrêter sur dénonciation.
Elle est déportée à Ravensbrück alors qu’elle est enceinte d’un garçon, Jean-Claude. Sachant le sort réservé aux nouveaux nés elle ne révèle pas son état. Elle fait bien car, jusqu’à fin 1942, l’avortement jusqu’au 8 ème mois était de rigueur pour les déportées enceintes. En 1943 léger assouplissement, si l’on peut dire, car on laissait naître les enfants pour éventuellement les « liquider » par la suite par étranglement ou noyade.
Septembre 1944 : création d’une « kinderzimmer » une pouponnière dans l’enceinte du Revier (infirmerie du camp). Le 13 Décembre1 1944 Hélène va donner naissance à son fils mais elle n’a pas ou plus de lait maternel. Ce sont une jeune Tsigane et une Russe qui ayant perdu leur bébé vont lui venir en aide en se relayant pour nourrir le petit Jean-Claude, ce qui le sauve d’une part et d’autre part adoucit la peine des 2 mères de secours en leur donnant l’impression d’être toujours.. mère active. Une autre détenue Marie-Jo CHOMBART2 s’occupant du « kinderzimmer » se verra parfois confier la garde du petit Jean-Claude en Novembre 1944.
Jean-Claude sera l’un des trois survivants3 français sur 21. Dans le même bloc d’autres femmes sont présentes dont Genéviève De Gaulle et Martha Desrumeaux, ainsi que Lili LEIGNEL. Cette dernière va après guerre et avec Jean-Claude, retrouvé, parcourir différents collèges et lycées pour entretenir la mémoire de la déportation.
Janvier 1945 : Hélène sa mère, est désignée, avec 6 autres détenues pour aller s’installer et travailler à la scierie de Fürstenberg, en face de Ravensbrück. D’emblée elles refusent car on ne veut pas qu’elles y aillent avec leur enfant, mais tout s’arrange et elles obtiennent satisfaction. Dans cette scierie sont aussi une soixantaine de prisonniers et des STO. Elles ont droit à 300 g de lait par jour et par enfant ce qui est insuffisant bien sûr, plus quelques pommes de terre ou carottes qui deviendront de la purée pour les nourrissons.
Mais les hommes sous l’impulsion d’un certain René VAYSSETTES (de Salles-Curan dans l’Aveyron) vont organiser une collecte, d’autant plus facilement, que les prisonniers de guerre avaient droit aux colis de la Croix Rouge. Solidarité encore en fournissant caleçons, chemises pour vêtir les enfants, certains faisant preuve d’ingéniosité en fabriquant des aiguilles à tricoter avec …….des rayons de roue de bicyclette, ce qui a permis à GODELINE une jeune belge de réaliser un petit ensemble à Jean-Claude
Le 30 Avril 1945 elles sont libérées, ainsi……… qu’Adolf HITLER qui s’est suicidé !
Hélène et son fils Jean-Claude rentrent en France le 6 Juin 1945. Le fils est scolarisé à Rodez, Castres..etc. ensuite il trouve un travail en région parisienne jusqu’en 1987 et s’installa à Chamaillères (63) puis dans un village de l’Allier pour finir.
Sa mère Hélène, d’origine polonaise, décède le 5 septembre 1996. Elle se verra attribuer la médaille de la Résistance, la Croix de Guerre, la Médaille Militaire, la Croix du Combattant et enfin la Légion d’Honneur.
Jean- Claude sera fait Chevalier de la Légion d’Honneur et décoré par Lili LEIGNEL en Octobre 2016.
Notes : 1°) l’état civil de CRANSAC en Aveyron indique, après son retour en France, une naissance le 13 Novembre 1944 à 3 h 30.
2°) résistante de 17 ans en Bretagne, arrêtée avec sa mère le 22 Mai 1942,elles finiront par aller au camp de Ravensbrück.
3°) les 2 autres sont Sylvie AYMLER et Guy POIROT nés 21 et 11 Mars 1945. En tout ce sera une quarantaine d’enfants qui sera rescapée. Avec Jean-Claude PASSERAT ils sont allés en 1974, sur invitation de Giscard d’Estaing, visiter le camp du STRUTHOF en Alsace.
Sources : revue spécialisée Histoire, sites internet texte et photos (dont association « quatrea » et « amis gendarmerie Puy de Dôme »).
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