Néo Verriest s’engage dans la voie du professorat d’histoire après avoir brillamment réussi le baccalauréat qu’il préparait tout en multipliant en parallèle les rencontres avec celles et ceux qui ont vécu le conflit de la seconde guerre mondiale, femmes et hommes de l’ombre, héros discrets, dans les collèges et lycées de Toulon et alentours .
Cette période de vacances, il l’a mise à profit de l’Ouest à l’Est, en passant par la région parisienne pour rendre visite , parfois revoir ces acteurs , eux qui connaissent le prix de la LIBERTÉ à laquelle nous sommes tant attachés
Néo a écrit les témoignages recueillis lors de ces belle rencontres :
Que de douceur dans le regard de Marie Antoinette qui a près de cent ans captive encore son auditoire.
Des moments privilégiés pour lesquels nous disons merci NEO
C’est à Toulon, dans son lycée, Dumont d’Urville, que Néo Verriest, élève de terminal engagé pour le devoir de mémoire, a organisé le 28 janvier 2022 l’intervention de Marie-Antoinette Richard, née Goester il y a bientôt cent ans.
Un témoignage ponctué par l’intervention de Claude Agostini, professeur d’histoire retraitée, et d’Alain Vincent, représentant la Société des membres de la Légion d’Honneur.
Les élèves de terminal ont écouté pendant deux heures, très attentifs, ce témoignage exceptionnel, de l’une des dernières « Malgré-elles ». Un témoignage tout en douceur, délivré avec précision et émotion par une grande dame, qui fêtera dans huit mois son centenaire.
Marie-Antoinette et Néo
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« Mariette » voit le jour en 1923 à Strasbourg. Fille d’un poilu de la « Grande Guerre », elle n’a que 17 ans lorsque la défaite frappe la France. Depuis Lutzelbourg, elle traverse la germanisation de son collège de Phalsbourg, jusqu’à la réquisition, en novembre 1941. Mariette devient une « Malgré-elle », de même, l’un de ses frères est requis dans la Wehrmacht, devenant « Malgré-nous ».
« Un recensement a lieu auprès des jeunes filles comme auprès des jeunes hommes et, dès l’année suivant l’arrivée de l’occupant, des grands départs sont organisés pour que les Alsaciens et Alsaciennes participent à l’effort de guerre allemand. En 1941, nous sommes regroupées à la salle des fêtes de Strasbourg, il faut se déshabiller, nous sommes triées : « bon pour le service » ! L’annonce arrive : « à telle heure, tel jour, il faut être à la gare de Strasbourg ».
« Nous voyageons en train toute une nuit, plus une demi-journée, jusqu’à notre arrivée à Wurzen, près de Leipzig, en Saxe. Le camp de travail de Wurzen consiste en une maison en dur, où nous logeons à six par chambre. Le matin, nous sommes réveillées vers sept heures, réveil en « training ». Nous devons courir, nous mettre devant le drapeau allemand et chanter les hymnes nazis ».
Mariette poursuivait en relatant ses faits de Résistance.
« En cette période d’exil forcé en Allemagne, j’ai eu parfois peur, très peur, parce que la jeune femme de conviction que je suis a souvent accompli des actions « illégales », au cœur de l’Allemagne hitlérienne. Parler avec des prisonniers français, chargés d’enlever la neige sur les voies, strictement défendu pour nous ! Les personnes chez lesquelles je travaille se trouvent auditrices de… Radio Londres ! Je note les informations diffusées à la radio londonienne, écris des petits billets, envoie ces billets dans des boules-de-neige vers les prisonniers français, avec des bonbons reçus dans mes colis. Donner du courage à ces prisonniers français, au risque de sa vie, c’est une « Résistance » !
Collections privées de Madame Richard
Je reçois un jour une petite bouteille de « schnaps », j’envoie un message aux prisonniers en leur demandant que faire, puisque la bouteille ne rentrera jamais dans une boule-de-neige ! Un soldat met son manteau par-dessus son épaule, j’arrive avec ma petite bouteille de schnaps dans la poche. Nous nous approchons doucement, il fait un petit signe à la « petite Française » telle qu’ils m’appellent, je lui mets furtivement ma bouteille dans la main et je poursuis mon chemin ! »
En plein hiver 1942, Mariette échappe à l’arrestation, de peu.
« Maman m’envoie un passe-montagne, un passe-montagne jaune, que je porte constamment sur moi. Comme par « hasard », je ne le mets pas un jour, jour où arrive au domicile des personnes pour lesquels je travaille un SS, à la recherche d’une jeune fille portant « un fichu jaune ». Il ne trouvera pas cette jeune fille, qui échappa ce jour aux camps de la mort. « Cette jeune fille, c’était moi ! ».
Mariette et son frère survivent, la vie reprend son cours à la Libération. Ses parents accueillent des soldats américains qui s’intègrent à la famille. Devenue institutrice, Mariette part au Maroc, puis à Ollioules, dans le Var.
« Je tâche, auprès des plus jeunes, de transmettre la mémoire, celle de ces jeunes filles, « Malgré-elles », soumises à l’horreur de la guerre. Celle de la « Résistance » dont j’avais fait preuve au péril de ma vie. J’ai ainsi écrit et publié J’ai dit non, récit de ces années sombres, pour que jamais les plus jeunes n’oublient ».
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