L es femmes résistantes dont on parle peu (3 ème partie)

 

                                       Rose VALLAND

Née le 1er novembre 1898 à Saint-Etienne de Saint-Geoirs (Isère). Elle est fille unique d’un père, François, maréchal-ferrant et de Rosa-Maria Viardin, femme au foyer, couple qui a déjà perdu un enfant en bas âge.

Elle fréquente l’école de jeunes filles « Sainte Cécile » à La Côte-Saint-André distante de quelques kilomètres. Elle sera reçue 1 ère au concours des bourses de l’Isère.

En 1814, elle intègre l’Ecole Normale d’Institutrices de Grenoble, elle en sortira en 1922. Ses professeurs ayant décelé ses dons pour le dessin, l’encouragent à s’inscrire au concours d’entrée de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, après celle de Lyon. Elle en sortira professeur de dessin, reçue 6ème sur 300.

En parallèle elle suivait des cours d’histoire de l’art et d’archéologie à l’Ecole du Louvre et à celle des Hautes Etudes où elle passe une thèse en 1942.

De même elle obtiendra 3 Certificats d’Etudes Supérieures : histoire de l’art moderne, archéologie médiévale et grecque, avec une thèse du Louvre (1931 art italien) le tout clôturé par une licence spéciale d’Histoire de l’Art et d’Archéologie.

 

Février 1922 : secrétaire bénévole au musée du jeu de paume dans la discipline « sculptures et peintures étrangères ». Elle rédige, pour vivre, des articles pour journaux ou revues comme « l’Art ancien et moderne ». Elle en devient titulaire et salariée en 1941.

Les événements de 1939 se faisant menaçants, il est décidé de mettre un maximum d’œuvres d’art à l’abri (château de Chambord) en cas de conflit, opération commencée en 1936 (car guerre civile en Espagne, Hitler remilitarise la Rhénanie..méfiance ! ! ).

30 octobre 1940 : la France est occupée, l’organisation « Rosenberg » a en charge la confiscation des biens juifs et francs-maçons.  Jacques Jaugard directeur des musées nationaux demande à Rose Valland de rester au musée du Jeu de Paume, installé au N/O du jardin des Tuileries, et lui confie la mission de noter le « trafic » des nazis, qui pillent les œuvres des musées mais aussi celles des particuliers surtout des juifs déportés ayant quitté leur appartement.

Six salles leur serviront d’entrepôt, trois au Jeu de Paume et trois autres au Louvre. Parfois ils viennent trier, choisir des tableaux. Rose Valland, installée dans un étroit bureau avec pour mission de répondre au téléphone est aux aguets. Elle comprend l’allemand et connait la sténographie.

Discrète mais attentive, elle note tout : le nom du tableau, son auteur le propriétaire, la destination, le préposé au transfert enfin tout ce qui est possible, intéressant et qui peut être utile par la suite. 

Elle accueille Hermann Göring, son ministre Rosenberg lors d’expositions, ainsi que d’autres personnalités nazies, dont certaines repèrent ce qui pourrait les intéresser.

Ce travail de fourmi elle l’assume pendant 4 ans, sans se faire repérer. Elle récupère les papiers carbone1 jetés à la poubelle, les déchiffrent. Parfois elle tend l’oreille, suffisamment pour récolter quelques bribes de conversations ennemies. Chaque renseignement étant possiblement intéressant.

Juin 1944 : arrivée en France des « Monument’s Men2 », une section spéciale US initiée par Roosevelt, composée d’une soixantaine d’hommes, historiens pour la plupart, ayant pour mission de limiter les destructions des musées, des églises ou autres monuments importants. Leur effectif ira jusqu’à 350 hommes issus de 13 nationalités différentes S’ajoute à cela, la recherche des caches où pourraient se trouver les œuvres disparues. Ce n’est qu’en 1945 qu’un contact est pris avec Rose Valland.

1er août 1944 : les Allemands sortent 148 caisses des Tuileries pour les emmener gare d’Aubervilliers direction le Reich. Elle s’arrange avec l’aide de la résistance pour que le convoi soit ralenti, stoppé pour récupérer les œuvres, les soldats allemands abandonnent le convoi pour rentrer chez eux, sachant que les alliés approchent. (voirà bas de page : film)

25 août :  Paris est libéré. Elle coopère avec le SHAEF3jusqu’en mai 1945 afin de découvrir où sont entreposées toutes ces œuvres d’art, réparties en Allemagne et en Autriche.

Novembre 1944 : elle est nommée secrétaire de la commission de récupération des œuvres artistiques.

Mai 1945 : elle appartiendra, avec le grade de capitaine, à l’Etat Major du Maréchal De Lattre de Tassigny, au ministère de la guerre, et à celui des affaires étrangères ainsi qu’au commissariat des affaires allemandes et autrichiennes.

Résidera à Berlin-Frohnau, un quartier, toujours dans l’optique de repérage des œuvres volées. Elle en profitera pour espionner les soviétiques, leur armement, leurs troupes.

Mars 1952 : retour à Paris. Après 10 ans de recherches elle est nommée Conservatrice des Musées Nationaux et responsable du service de protection des œuvres d’art………..on n’est jamais assez prudent.

Les personnes, à qui elle a permis de récupérer leurs biens, la remercie de diverses façons …MAIS il en est tout autrement de la part de son administration. .c’est à dire peu ou prou de reconnaissance…….antiféminisme ou oubli ?

Bien qu’à la retraite en 1958 pour ses 70 ans, elle continue à coopérer pour la récupération des biens volés.

Elle décède en 1980, à l’âge de 81 ans, dans la maison de repos de Ris-Orangis où elle séjournait depuis peu. Elle est inhumée à Saint-Etienne de Saint-Geoirs son village natal.

 

Distinctions :   Officier de la Légion d’Honneur (1969).

                        Commandeur de l’Ordre des Arts et Lettres (1960).

                        Médaille de la résistance française (1946).

                        Médaille de la liberté (1948).

                        Croix d’Officier de l’Ordre du Mérite (1972).

                         Chevaler de l’ordre des 3 étoiles (1939).

Autres :         Un collège à son nom, 1 bis rue Pierre de Coubertin ainsi qu’une place dans son village.

                         Une plaque apposée sur le musée du Jeu de Paume (avril 2005). 

 

                         Une autre à son domicile parisien, 5 rue de Navarre Paris  V éme .

                         Puis beaucoup d’hommages divers : rue, sculpture, allée, timbre, pièce de théâtre, rose, etc.. 

                        Une association : « La mémoire de Rose Valland ».

 

 

Son livre : « Le front de l’art. Défense des collections françaises 1939/1945 ».

                                                             

                Autre : Survival 1950 de James Romirez, officier US et conservateur des musées US.

 

Un film : « Le train » 1964 de John Frankenheimer (Burt Lancaster, Jeanne Moreau, Michel Simon, Suzanne Flon etc…) tiré des exploits de Rose Valland.

Notes 

          1°) papier permettant la copie d’un ou deux documents supplémentaires avec la machine à écrire (l’ancêtre de la phocopie).

          2°) a ce jour une Britannique et quatre américains vivent encore, le plus âgé a 97 ans. (Film : « Monument’s men » de et avec G.Clooney  2014).

          3°) Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force.

 

Remarques :  a) Hitler avait pour idée de créer le plus grand centre culturel d’Europe à LINZ (Autriche).

  1.  b) 21 000 œuvres entreposées au château de Neuschwanstein (roi Louis II de Bavière) ont été récupérées en mai 1945. D’autres à Berchtesgaden (de Göring).
  2.    c) au total 60 000 œuvres furent récupérées mais 2 000 n’ont pas de propriétaires s’étant manifestés.
  3.  d)  Rose était en possession d’un catalogue des 1376 œuvres prises par Göring et trouvé par troupes US et françaises en 1945 dans un tunnel de Berchtesgaden, « le nid d’Aigle ». Elle déposera cet objet et ses archives à la direction des Musées Nationaux en mai 1979.

 

 

Sources :   diverses sur internet, podcast radio.

 

 

Aller au contenu principal