Nous vivons une drôle d’époque, on parle dans le langage courant de « cyber » , disparition des propositions, suppression des articles, formes elliptiques touchant au sens et à la structure.
Voilà aussi que l’Anglais va souiller notre syntaxe comme une épine dorsale.
Où sont passés les mots de la Renaissance, de Rabelais et de Montaigne?
Les Québécois rient et se moquent de notre volonté d’une syntaxe pure et immuable.
L’Anglais est bien là, insidieux et souterrain : Jean-Pierre Raffarin avait osé employer le terme de positive attitude pour définir sa politique, un dérivé de l’Anglais…
Je crois qu’il faudrait revenir au XVIIe siècle, une période de normalisation de la syntaxe. Le Romantisme exprime des sentiments et de révolte par le biais du lyrisme et du Parnasse.
Je crois qu’il faudrait revenir à une poésie érudite qui maîtrise le style avec des poètes dissidents qui jettent un pavé dans la mare.
Quant à moi, j’espère que vous me pardonnerez , mais ma préférence va vers le théâtre de l’absurde de la fin du XIXème siècle.
L’Ubu Roi d’Alfred Jarry est un modèle du genre, une parodie du théâtre classique de Shakespeare, un festival d’humour gras.
« Merde » est une épenthèse! J’essaie comme je peux d’avoir une langue policée, réjouissant, pour les esprits audacieux…
Le monde actuel est rempli d’onomatopées, de cris bruts.
Je reconnais que pour les politiques, surtout en période d’élections, la grammaire est difficile. Il faut suivre sa propre musique, l’inattendu, l’improvisation.
Les Français gardent en mémoire le « Casse-toi, pauv’ con » de Sarko. Il a , il est vrai, cassé tous les codes, en un « parler vrai », un atavisme politique.
Je reconnais que c’est très difficile en période électorale, pour un politique, de mentir avec aplomb, et consensualité!
Zemmour déconstruit la langue pour la reconstruire, il suscite par les mots des paniques identitaires, et une vision binaire du monde.
La paronomase , deux mots dont la sonorité est proche, est quelque chose dont raffole Marine Le Pen, dénonçant la « République des copains et des coquins ».
Emmanuel Macron, quant à lui, est un logocrate, il s’exprime beaucoup, il utilise beaucoup de suffixe en « -tion », révolution, innovation, surtout dans sa campagne de 2017. Il aime aussi beaucoup la lettre « R », Renaissance, réinvente, recrée … et puis des mots compliqués « ipséité, idiosyncrasie, coruscant … »
Pour être littéraire, je sais au fond de moi, pour avoir lu Aristote et Quintilien, que le discours politique est aussi un argument markéting…
Et puis , je garde en mémoire… le « Je » de tous les Présidents,
le « je pense » narcissique et intellectuel de Mitterrand, le « je Nietzschéen » de Sarko, le « Je » Jupitérien de Macron.
STEPHANIE
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