Le Républicain Lorrain

vendredi 13 septembre 2024 

Moselle 

  MOSELLE ET PAYS-HAUT

Tourisme de mémoire : les retombées pour le territoire

 

L’inauguration du mémorial de la libération de la Moselle s’est faite dimanche 8 septembre avec la consule générale des États-Unis à Strasbourg, Yvonne Gonzales. Photo Thierry Hauuy

A’ Corny-sur-Moselle, le ballet des entreprises est actif depuis plusieurs semaines. Le temps était compté pour que tout soit prêt pour dimanche 8 septembre, quatre-vingts ans jour pour jour après le début de la bataille du Fer à Cheval où ont été tués ou blessés 945 GI’s. La traversée de la Moselle sanglante, qualifiée d’ « Omaha Beach lorrain», est la bataille la plus terrible en nombre de pertes américaines, derrière celles de Normandie. Le monument est majestueux : 8 mètres de haut, 10 m de large. Une prestance pour devenir l’un des lieux incontournables autour de toute la Libération de la Moselle. Montant des opérations : 300 000 €, dont une subvention de 150 000 du conseil départemental et un don de familles de vétérans pour plus de 100 000 dollars.

« On entend des mécontents. Ils trouvent que ça fait trop de béton, que c’est trop coûteux. Mais le prix de l’ouvrage n’atteindra jamais le prix des vies perdues et leur valeur universelle pour que la jeunesse apprenne le prix de la paix », insiste Denis Blouet, maire de Corny–sur-Moselle.

•     L’enjeu est mémoriel et la mémoire attire du monde

Le tourisme de mémoire, en Moselle, a plus d’un atout dans sa manche.

« La Moselle est riche de cette histoire. Patrick Weiten, président du conseil départemental, a immédiatement accepté de cofinancer le mémorial, pour faire de ce monument la porte d’entrée de la mémoire de la Libération, dont les batailles se sont étendues pendant sept mois en Moselle », rappelle Alain Gozzo, trésorier de l’association locale Thanks GI’s.

L’enjeu est mémoriel. Et la mémoire attire du monde. L’association Thanks GI’s reçoit régulièrement des descendants de vétérans à Corny. Des contacts ont déjà été pris avec des tours operators américains.

Déjà quatre bus sont réservés, pour venir découvrir le mémorial dans les prochaines semaines. « L’impact est impressionnant et ce n’est que le début. Grâce à internet, notamment à Facebook, on reçoit beaucoup de demandes de familles, françaises, dont les aïeux étaient à l’arrière », poursuit le bénévole. Il y a ceux qui passent par l’association et ceux aussi qui ne se font pas connaître. Les anecdotes sont nombreuses, comme cet hiver, deux jeunes Américains croisés sur le site, par hasard.

« Ils m’ont expliqué que leur grand-père avait traversé la Moselle ici. Ils voulaient voir l’endroit. Ils étaient en larmes. »

Un << tourisme d’opportunité >> aussi

Le tourisme de mémoire s’ajoute au « tourisme d’opportunité », selon Denis Blouet.

Ceux qui pédalent sur la véloroute s’arrêtent pour découvrir le parcours historique. Ils verront le mémorial depuis la voie ferrée ou bientôt depuis la signalisation sur l’autoroute. Ils choisissent le camping de Corny parce qu’ils peuvent y apprendre des choses, à proximité. Et le commerce local, le restaurant, les chambres d’hôtes, les gîtes, y gagnent forcément.

Des liens vont être tissés aussi avec les écoles mosellanes pour des visites. « Nous avons une histoire commune. Nous avons mis en exergue le fait que l’on pouvait construire des parallèles avec le cimetière américain de Saint-Avold , le plus grand d’Europe. La Bataille de la Moselle a été la plus longue, les États-Unis ont perdu 30 000 hommes. Il y a des synergies à construire, sans doute avec le Struthof également, »

Créer des parcours attractifs, pour mettre en avant l’existant et répondre à une demande.

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