Journal « LE MONDE »
Macron célèbre « la leçon de courage » donnée par les résistants du plateau des Glières en 1944
Le président de la République a pris part, dimanche, au côté de Nicolas Sarkozy, à une cérémonie en souvenir des combats au cours desquels une centaine de maquisards furent tués en 1944.
Publié hier à 10h10, mis à jour à 03h25
Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy lors d’un hommage aux résistants tués sur le plateau des Glières, en Haute-Savoie, le 31 mars. LUDOVIC MARIN / REUTERS
Emmanuel Macron, accompagné de son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, a rendu hommage dimanche 31 mars aux résistants tués en 1944 sur le plateau des Glières, en Haute-Savoie, à l’occasion du 75e anniversaire des combats. Le président de la République a prononcé un discours au ton grave retraçant l’historique de ce haut lieu de la Résistance, en mettant en avant les « leçons » que ces combattants ont transmises à la France. « Si nous sommes là, au pied de ce plateau (…), c’est parce que soixante-quinze ans après, le peuple de France n’oublie rien de votre sacrifice. Si nous sommes là, c’est pour dire avec force que la leçon d’honneur et de courage que vous nous avez donnée est intacte », a déclaré M. Macron.
Peu avant, le chef de l’Etat et l’ancien président avaient été accueillis par les élus locaux, dont Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes et patron des Républicains, à la nécropole nationale de Morette, à Thônes (Haute-Savoie), où sont inhumés 105 résistants morts au combat. « C’est un accueil républicain, une fierté pour tout le monde », a expliqué Laurent Wauquiez. Car le plateau des Glières « est une histoire qui inspire, une belle leçon » qui « pose la question : est-ce que nous sommes à la hauteur de ces gens [les résistants] qui, face à l’histoire, ont senti ce qu’il fallait faire ? Ne pas se cacher, ne pas se dérober. »
Quelque 2 000 personnes, dont une centaine de chasseurs alpins dans leur uniforme blanc, des anciens combattants et de nombreux enfants, ont assisté, sous un beau soleil printanier, à la cérémonie rythmée notamment par Le Chant des partisans.
Après une allocution, Emmanuel Macron, accompagné des ministres Jean-Michel Blanquer (éducation), Geneviève Darrieussecq (secrétaire d’Etat auprès de la ministre des armées) et Sébastien Lecornu (ministre chargé des Collectivités territoriales), devait se rendre avec MM. Sarkozy et Wauquiez sur le plateau où a été érigé en 1973 un monument national à la Résistance, avant de déjeuner avec des élus. Nicolas Sarkozy a été invité par l’Elysée car il s’était rendu tous les ans sur les lieux durant son quinquennat, mais jamais pour la cérémonie annuelle de commémoration, après y avoir fait une halte en 2007 à l’avant-veille de l’élection présidentielle.
Un symbole de la Résistance, malgré une controverse historique
Le plateau des Glières, situé dans le massif des Bornes à 1 450 mètres d’altitude, est devenu un haut lieu de la Résistance, malgré une récente remise en cause de l’ampleur de la bataille qui s’y est jouée. Lieu difficile d’accès, les Glières étaient pour la Résistance locale l’endroit idéal pour recevoir des parachutages d’armes des alliés. Mais le 31 janvier 1944, le gouvernement de Vichy, sur l’injonction des autorités allemandes, décida d’en finir avec la Résistance et met le département en état de siège.
Le 26 mars 1944, une attaque mobilise soldats allemands et miliciens français avec des moyens disproportionnés face aux 465 maquisards présents sur le plateau. Ces derniers reçoivent l’ordre de « décrocher » du plateau dans la soirée. Mais 129 maquisards et 20 résistants des vallées ne peuvent échapper à l’encerclement : 124 sont tués lors du combat ou fusillés, 9 disparaissent et 16 mourront en déportation.
A partir de ce moment, la bataille des Glières devient, grâce à la radio de Londres, le symbole de la Résistance française. Cette version est cependant contestée par certains historiens. Selon Claude Barbier, qui a eu accès à des archives inexploitées et écrit une thèse en 2011 sur le sujet, « il n’y a pas eu de bataille à Glières » mais une répression féroce de la part des soldats allemands et des forces de Vichy sur des maquisards en repli, affamés et exténués.
Le Monument national à la Résistance, œuvre en béton du sculpteur Emile Gilioli, représentant un V de la victoire dont l’une des flèches est cassée, symbolisant le prix payé par les combattants, a été inauguré le 2 septembre 1973 par André Malraux, ancien ministre du général de Gaulle et ancien résistant. François Mitterrand s’était rendu sur le plateau en avril 1994 pour le 50eanniversaire des combats.
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