Nous reproduisons ici l’excellent article de :
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Par Anne Jocteur Monrozier, France Bleu, France Bleu Provence, France Bleu Azur
Il y a 75 ans, les troupes alliées déferlaient sur les côtes varoises et azuréennes. Deux mois après le Débarquement sur les plages de Normandie, l’opération Dragoon était lancée le 15 août 1944 en Provence. En une quinzaine de jours à peine, la majeure partie de la région serait libérée…
14 août 1944. Dans la soirée, Radio Londres a diffusé plusieurs messages codés, parmi lesquels « Le chasseur est affamé » ou « Nancy a le torticolis ». Dans la nuit, plus de 8.000 tonnes de bombes sont larguées par les alliés entre Cannes et Toulon sur le « Südwall », le Mur de la Méditerranée allemand. L’opération Anvil, rebaptisée Dragoon, va débuter.
Au petit matin du 15 août, après un nouveau bombardement des positions allemandes par l’aviation, plus de 5.000 parachutistes alliés sont largués autour du Muy et de La Motte pour préparer l’arrivée des troupes par la mer. À partir de 8h, les divisions américaines du général Patch débarquent sur la plage Alpha à Cavalaire-sur-Mer et sur 17 autres points du littoral, entre le Cap Nègre et la pointe de l’Esquillon. Elles sont suivies par l’armée B du général français De Lattre de Tassigny.
Une progression extrêmement rapide
Au large, le Premier ministre britannique Winston Churchill suit à bord d’un croiseur le déroulement de l’opération Dragoon : 600 bateaux de transport et 1.270 péniches sont engagés avec 250 navires de guerre. En 24 heures, près de 100.000 soldats et 11.000 véhicules sont débarqués. Au total, près de 450.000 hommes participeront à la libération de la Provence.
Dès le 16 août, les premières villes sont libérées dans le Var, à Ramatuelle, Fréjus et Draguignan. Les alliés progressent vers les massifs des Maures et de l’Esterel, mais le général De Lattre de Tassigny se rabat le 17 août sur Toulon avec deux divisions et en lance une sur Aix-en-Provence. Les Américains, aidés par les maquisards, remontent vers les Alpes par la route Napoléon. En moins d’une semaine, ils libèreront Digne, Sisteron, Gap ou encore Grenoble.
Entre le 15 et le 18 août, la tête de pont des alliés s’étale du cap de Léoube à La Napoule et mesure 70 km de large sur 30 km de profondeur. La progression des libérateurs est si rapide que les Allemands commencent à évacuer le Sud-Est, à l’exception des garnisons de Toulon et Marseille. On compte déjà plus de 2.800 prisonniers allemands.
Brignoles et ses mines de bauxite représentent un enjeu stratégique majeur pour les deux camps. Le 19 août, après deux jours de combats intenses, les forces américaines l’emportent et libèrent la commune avec l’aide des résistants des FFI (forces françaises de l’intérieur). Les divisions américaines et françaises se dirigent ensuite vers Avignon et Aix-en-Provence, où les FTP (francs-tireurs et partisans) communistes ont déjà pris l’hôtel de ville. Aix est libérée le 21 août par les alliés et les maquisards, Avignon le 25.
Des combats épiques à Marseille et Toulon
Hitler a été très clair : Marseille doit être défendue « jusqu’à la dernière cartouche ». Face à l’avancée rapide des troupes alliées, le général allemand Schaeffer reçoit l’ordre de détruire le port marseillais : les vieux quartiers de la rive nord du Vieux-Port, les quais et le pont transbordeur sont dynamités et 200 navires sont coulés les 22 et 23 août. La ville sera libérée le 29 août, principalement par des combattants africains, spahis algériens et tabors marocains, après une bataille sanglante sur les contreforts de Notre-Dame-de-la-Garde les 25 et 26 août.
Autre point hautement stratégique, le port militaire de Toulon. Entre le 20 et le 26 août, une âpre bataille y est menée par les unités coloniales du général De Lattre. La libération de Toulon est rapide, mais violente : les pertes de l’armée française sont estimées à 2.700 tués ou blessés.
Les alliés progressent dans les Alpes-Maritimes : le 24 août en début d’après-midi, Cannes est libérée par les Américains et les FFI. Dans les rues, on acclame les « héros » venus du Var, où ils ont débarqué moins de 10 jours plus tôt. Très vite, Grasse et Antibes tombent aussi aux mains des alliés, alors qu’à Nice, un climat insurrectionnel s’est installé depuis quelques jours. Le 28 août, le soulèvement populaire initié par la Résistance est tel que l’occupant allemand décide de quitter la ville. Nice se libère seule, sans l’aide des troupes alliées, qui n’arrivent sur place que deux jours plus tard.
Avec la reconquête des ports de Toulon et Marseille, la libération de la Provence s’achève en à peine deux semaines. Les alliés remontent la vallée du Rhône vers Saint-Etienne et Lyon en cette fin août 1944. Le 12 septembre, les troupes débarquées en Normandie et celles venues de Provence se rejoindront en Bourgogne.
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