Discours de Monsieur Hubert FALCO
Ancien Secrétaire d’Etat à la Défense et aux Anciens Combattants
A la clairière de Rethondes – Compiègne le 11 novembre 2009
Il est des lieux où l’on sent passer le souffle de l’histoire, des lieux dont la simple évocation bouleverse l’esprit et le cœur, des lieux où l’on éprouve le sentiment d’appartenir à une même nation, de partager une mémoire et un destin communs. La clairière de Rethondes est de ces endroits-là.
Son nom fait partie de l’histoire de France et de l’histoire de l’Europe. Il est inscrit dans notre imaginaire national, depuis que, le matin du 11 novembre 1918, des hommes, qui s’étaient livrés une guerre totale durant quatre longues années, conclurent un armistice.
Et dans cette clairière, choisie par le maréchal Foch parce qu’elle était « calme, isolée et silencieuse », tout le tumulte de la guerre s’arrêtait. Au front, les clairons retentirent à 11 heures pour marquer la fin des hostilités. Dans le pays tout entier, les cloches sonnèrent à toute volée. Jamais la France n’avait connu pareille joie ni pareil soulagement.
La guerre s’arrêtait. Mais rien ne se dissipait. L’Europe pleurait 10 millions de morts et soignait 20 millions de blessés. Des générations entières avaient disparu dans l’enfer des tranchées.
La France, aujourd’hui, se souvient de ces soldats. Ils étaient des héros. A Verdun, à Douaumont, au Chemin des Dames, ils ont enduré tout ce qu’un homme est capable de subir, et bien au-delà encore. Ils ont tout donné : leur jeunesse, leurs plus belles années, leur courage et, souvent, leur vie. Ils ont droit à notre reconnaissance, à notre respect et à celui de la nation tout entière.
Mais le plus bel hommage que nous puissions leur rendre, c’est de leur offrir ce qu’ils ont espéré et qu’ils n’ont pas connu : la Paix en Europe.
Car ceux qui avaient traversé la Grande Guerre, ceux qui avaient connu toutes les épreuves, ceux qui avaient vu le grand espoir se lever ici dans la clairière de Rethondes, ceux-là durent se résoudre, vingt ans plus tard à une nouvelle guerre.
Et, au Rethondes de 1918, celui de l’espoir et de la paix, succéda en 1940 un autre Rethondes : celui du renoncement et du lâche abandon, qui fut balayé par la flamme de la Résistance.
La paix, ce n’est pas la simple fin des hostilités et des combats, elle réclame davantage encore : une volonté, celle d’œuvrer en commun.
Ce fut l’ambition qui anima les Pères de la réconciliation franco-allemande : Robert Schuman, le chancelier Adenauer et le Général de Gaulle.
Mesurons le chemin parcouru : il n’y a pas aujourd’hui d’autres nations que la France et l’Allemagne qui soient animées par un désir aussi intense de poursuivre la construction d’un avenir commun, d’une Europe Unie.
C’est cette volonté de célébrer la paix, l’Europe de la Paix qui a réuni ce matin, à Paris, le Président de la République et la Chancelière Allemande, pour ce geste inédit du ravivage en commun de la flamme du Souvenir, sous l’Arc de Triomphe.
C’est la plus belle façon de rendre hommage aux combattants dont nous honorons aujourd’hui la mémoire, et qui rêvaient de cette Paix.
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