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 Aveyron des soeurs sauveteuses en 1942/44

La mère supérieure du couvent Notre Dame de Massip à CAPDENAC a recueilli plusieurs dizaines d’enfants juifs, en cachant leur identité.

Monseigneur SALIEGES, archevêque de Toulouse a encouragé tout son clergé à sauver le maximum d’enfants juifs. Le régime de Vichy interdit la lecture aux offices religieux de la lettre de Mgr SALIEGES invitant à l’accueil des enfants juifs et demande aussi sa révocation.

Est impliquée la colonie de vacances Sainte Germaine dirigée et organisée par Louise THEBE1 au profit des enfants pauvres de confession catholique.

Cette entité se tenait dans les locaux du couvent, en 1942 il y avait une école et 4 dortoirs dans des modestes locaux sans eau courante ni électricité, ni chauffage ni téléphone.

La cour du couvent. Au fond le préau où se tenaient les enfants pendant la fouille du couvent

Une douzaine d’élèves seulement pour une capacité de 60.

Noël 1942 : les 5 premiers réfugiés sont accueillis par les 15 religieuses du couvent, dont 3 seulement étaient dans le secret : Denise BERGON mère supérieure et responsable de l’internat et Marguerite  ROQUES à la fois administrative et professeur de mathématiques. Fut aussi mis au courant, l’aumônier.

Mgr SALEGES donnait l’absolution par avance pour effacer les mensonges utiles pour ces sauvetages, paroles prononcées dans son bureau en 1942 devant Denise BERGON.

Les enfants juifs, pour ne pas éveiller l’attention et provoquer quelques soupçons allaient à a messe le dimanche. Pour masquer leur accent on les faisait passer pour des enfants venus de Lorraine ou d’Alsace Moselle.

Les religieuses concernées connaissaient l’identité et le triste parcours de ces enfants.

Pâques 1943 : d’autres enfants arrivèrent, ils furent ainsi une trentaine, venant des camps d’internement du Sud-Ouest ou du Lyonnais, placés là après la déportation de leurs parents.

En juin 1944 les soldats allemands vinrent, sans succès, fouiller le couvent à la recherche de maquisards alors que les enfants étaient dans la cour, adoptant un comportement normal de scout.

A l’été 1944 on comptait 65 enfants ainsi accueillis. Ils dormaient dans les dortoirs ou la cave de l’église pour les filles. Pas vraiment une cave mais un réduit, caché par 3 planches et accessible en ôtant ces dernières et en se faufilant par l’étroite ouverture. Impossible de se tenir debout, pas de lumière fut elle naturelle ou artificielle. Parfois 7 enfants occupaient cet espace réduit. Pour Annie BECK cette trappe était un véritable cauchemar comme elle l’a révélé en avril 2022.

 l’accès très exigu de la cache (photo Simon Louvet/ Julie Fau)

  l’espace de ce refuge….vraiment limité

Les sœurs avaient pour mission de veiller à la sécurité de leurs protégés, à leur éducation et à leur entretien.

Parmi ces enfants ; Michel FRESER, Hélène OBERMAN, Denise HERVICHON, Anne BECK 15 ans, Albert SEIFER 8 ans (devenu médecin à Toulouse, décédé en 2022 à 86 ans ) et sa sœur Berthe 12 ans.

Tous ces enfants, soustraits à l’occupant et au régime de Vichy pendant l’occupation, furent ainsi sauvés et partirent rejoindre Toulouse après la libération.

Le 8 juillet 1980 Yad Vashem décerna le titre de « Juste parmi les nations » à Marguerite ROQUES, née le 2 juillet 1914 et décédée le 5 mai 2001.

Entre 1942 et 1944, 83 juifs seront cachés dont 71 enfants parmi lesquels les filles d’Isidore2 et Simone, Monique et ma grand-mère Marylène. Le 2 mars 2023 elles sont venues en pèlerinage au couvent, guidée par Julie FAU, adjointe à Capdenac gare et en charge de la mémoire et du patrimoine.

Denise BERGON et Marguerite ROQUES ont risqué leur vie dans une région où les mouvements de résistance étaient traqués par la Wehrmacht. Des enfants du pays ont dû être refusés ce qui amoindrissait les ressources financières du couvent. Fermé aujourd’hui, il est remplacé par un ITEPC3 pour ados et jeunes adultes fragiles.

Marylène ,la grand mère de Simon Loubet entre Marguerite ROQUES et Denise BERGON

Dans le jardin, un cèdre a été planté le 15 avril 1992 à l’endroit où les affaires (documents, argent et bijoux mis dans les boites servant aux masques à gaz) avaient été enterrées par Denise BERGON. Une stèle y fut aussi érigée.

Une statue de la vierge, vœu de Denise BERGON un soir de juin 1944 « si nous restions en vie », fut inaugurée le 18 juin 1954.

Isidore et Simone étaient au maquis de Vabre pendant que leurs filles étaient en sécurité au couvent. Dans ce maquis étaient 87 juifs, scouts en particulier.,

Le 1er mai 2020, vingt de ces enfants sauvés revinrent à Capdenac dévoiler une plaque commémorative. Ils venaient de l’Est de la France, de la région parisienne ou des USA.

 

Notes :

1°) Louise THEBE, figeacoise, mais née à Martres-Tolosane en 1902, dont une rue lui est attribuée en 2021 est directrice de l’œuvre de Sainte Germaine et secrétaire des œuvres sociales du diocèse de Toulouse.  Organise les camps d’été pour enfants de familles catholiques modestes. Elle sera faite « Juste parmi les Nations » le 8 juillet 1980.

2°) Isidore : né à Marseille en 1910 de parents juifs ottomans. Devenu français il effectue son service militaire. Démobilisé il rejoint sa sœur à Toulouse où elle est réfugiée avec ses 2 filles Monique et Marylène. A vécu ensuite à Metz et Rouen jusqu’à son décès en 2000.

Isidore en 1990 ( photo Coralie Adato)

3°) Institut Thérapeutique Educatif et Pédagogique.

 

NB : un livre à paraître en octobre 2023

 

Sources : divers sites internet. Simon Massbaum délégué régional Massif Central pour Yad Vashem. Simon LOUVET petit fils de Marylène fille d’Isidore et Simone.

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