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Camille MATHIEU gendarme rebelle pour la bonne cause

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C’est le nom donné ce 23 Août 2021 à la caserne de la Gendarmerie mobile de DRANCY en remplacement de celui de « Quartier PICHARD » (nom d’un lieutenant tué en Juin 1940), nom donné après la guerre.

Vendredi 20 Août 2021 c’était le 80 ème anniversaire de l’ouverture du camp de DRANCY, devenu un mémorial.

Ce gendarme né le 17 Janvier 1915 à Lignières, après son certificat d’étude, reste à la ferme familiale jusqu’à son service militaire le 15 Octobre 1936 au 18 éme régiment du génie de Nancy dans lequel il  s’engage le 15 octobre 1938.

Son père, ancien combattant de 14/18, est mort des suites des gaz de combat en 1937, sa mère est veuve à 49 ans et s’occupera de la ferme jusqu’en 1970.

Le 5 janvier 1939 Camille MATHIEU entre à l’école de la Garde Républicaine Mobile au Fort de Montrouge puis dans leur 1ére légion. Par la suite, affecté en juin 1940 à la gendarmerie de Paris-Est Drancy.

Camille MATHIEU décède en 24 Juin 2017 à l’âge de 102 ans, il est juste parmi les nations car il sauva 8 Juifs. Après guerre il fera carrière dans l’armée en Allemagne (1945-1952) puis en Algérie, jusqu’en 1956. Transite par l’école du Génie à Versailles pour terminer à la direction du Génie à Paris, prend sa retraite militaire le 1er Septembre 1962. Travaillera civilement jusqu’au 30 juin 1976.

Comment se fait-il ?

Gendarme il est affecté à la garde extérieure du camp de Drancy le 1er Novembre 1940 et ce jusqu’en 1943, véritable antichambre de la mort avant la déportation.

Le 20 Août des milliers de juifs sont arrêtés dans le 11 éme arrondissement de Paris, cela continue jusqu’au 25 Aôut, ce seront plus de 4230 juifs que de sexe masculin, qui seront envoyés à DRANCY.

Trois  épouses Yunka FUKS, Adèla HERZBERG et Léontine ADJENBAUM  vont restées dans un hôtel de Drancy pour être au plus prés de leurs maris détenus. Elles et d’autres assiègent le camp mais sont refoulées par les gendarmes  de faction (ils sont 750 dans ce camp).

Nous sommes le 21 Août 1941 à Drancy, il fait beau Camille MATHIEU est en poste en haut de son mirador et son regard balaie  les alentours afin d’assurer sa mission de surveillance. A un moment il aperçoit des femmes à l’extérieur du camp, ces dernières veulent des nouvelles de leur mari et insistent longuement. Camille MATHIEU leur dit « mettez les noms et adresses sur un bout de papier que vous laisserez par terre puis partez. Je vous donnerai des nouvelles ».

Une dizaine de jours après Camille MATHIEU, sa femme Denise1, avec qui il s’est marié en Décembre 1939, rendent visite à Madame FUKS pour lui proposer leur aide, ainsi qu’à Adéla Hersberg et Léontine Ajdenbaum

A partir de ce moment  il aidera vraiment ces femmes en passant courrier et colis de nourriture à leur mari, les fera passer en zone libre, pour 2 des familles.

Novembre 1941, Théo DANNECKER2 antisémite notoire  part se marier en Allemagne. La Croix rouge en profite pour demander au médecin de la préfecture de Paris  la libération des détenus malade, ce qui est accepté.

Camille  au courant va introduire des médicaments dans le camp de Drancy, médicaments destinés à  rendre malade, cette astuce fonctionne et permettra la libération le 12 Novembre 1941, avec motif « d’œdème grave » , de Simon FUKS, Simon HERZBERG et d’ Albert ADJENBAUM, les 2 derniers vont passer la ligne de démarcation aidés par Camille tandis que les époux FUKS, par peur d’être de nouveau arrêtés en passant cette ligne, se cacheront dans la ferme de sa mère  Blanche à LIGNIERES dans l’Aube jusqu’à la fin de la guerre.

Plus tard, reprenant son poste il est dénoncé et pris en flagrant délit, ce qui lui vaudra d’être mis aux arrêts puis radié en Mars 1943. Il rejoint son Aube natale, s’engagera dans la résistance, réseau Jean-Marie Buckmaster.

Chaque 2 Novembre la famille MATHIEU est invitée chez les HERZBERG pour partager un repas souvenir.

Son fils Gérard, alors jeune enfant allait avec ses parents chez des amis juifs, au fur et à mesure  des visites il se posait la question de savoir pourquoi ? Son père lui répondait  que c’était parce que il les avait aidés. Ce n’est qu’en 2005 qu’il a compris car même la remise de « Juste » ne l’avait effleurée.

Les époux MATHIEU3resteront  ainsi très liés aux familles juives qu’ils ont secourues.

Juin 1978 : Camille et son épouse sont conviés à Jérusalem.  Ils ont été fait « Juste parmi les nations « ainsi que la mère de Camille en 19764. Au mémorial  Yad Vashem, dans l’allée des justes ils vont planter 1 arbre, (le caroubier, arbre de paix) : pour lui,  pour sa femme Denise et  pour sa mère.

En 2012, son neveu LORIS est invité en Israël, par une délégation de descendants de Juste. Il verra dans le jardin de Yad Vashem l’arbre planté en souvenir de son grand-père.

Au total ce seront bien 8 vies juives qui auront été sauvées.

Il est fait  officier de la Légion d’Honneur  le 11 novembre 2010, par le Préfet du Val d’Oise.

Croix de guerre 39-45 avec étoile de bronze. Médailles de la Résistance et Militaire.

Nb : 18 gendarmes ont été désignés comme « Juste parmi les Nations » et Camille est le dernier de ces  18 et le seul de DRANCY.

TO GO WITH AFP STORY BY EVE SZEFTEL
Former French gendarme Camille Mathieu, 100, poses in Taverny, a Paris suburb, on May 4, 2015. Camille Mathieu was honored in 1978 with his wife Denise as « Righteous among the Nations » (« Justes parmi les nations » in French) for his efforts to help Jewish internees escape from the Nazis during World War II when he was a gendarme at the French Drancy deportation camp, near Paris. AFP PHOTO / BERTRAND GUAY (Photo credit should read BERTRAND GUAY/AFP via Getty Images)

Notes :

   1°) en Mars 1942 a aidé Liliane HERZBERG, 15 ans, fille aînée de la famille à retrouver son père,  réfugié à Grenoble en zone Sud. Ensuite ce sera Malou la cadette, 7 ans, qui le fera dans un convoi de la Croix Rouge d’enfants …non- Juifs et enfin Adéla la mère rejoint tout son monde mais en passant  à gué le CHER à Villefranche  sur Cher le 28 Août. Denise viendra un peu plus tard leur amener à Grenoble, cartes d’alimentations et faux-papiers ceux de Paris étant obsolètes.    

  2°) sera rappelé à Berlin en Août 1942 avec pour motif : usage abusif de son poste (affaires juives).

  3°) ils auront 3 enfants : Jean-Marie (1940), Gérard (23/12/1942), Françoise (1947) et Philippe (1950).

   4°) suite aux témoignages des 2 familles FUKS et HERZBERG

NDLA : les chiffres, les lieux indiqués varient suivant les sources (mémoires ou écrits plus ou moins récents)

      Sources : sites internet, journaux locaux, infos radios.

 

 

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