« Premier des Compagnons », l’Amiral (2S) Philippe de Gaulle est mort cette nuit à l’âge de 102 ans. Un grand Français vient de nous quitter, les membres de Fidélité Gaulliste de Normandie sont en deuil et s’inclinent respectueusement devant sa mémoire. Ils rendront prochainement hommage à celui qui fut un acteur glorieux des combats de la France Libre et de la Libération ainsi qu’un témoin exceptionnel et privilégié de l’épopée gaullienne, au pied de la croix de Lorraine de Graye/Courseulles. « Parrain » de cette croix dont il avait présidé la cérémonie d’inauguration le 16 juin 1990, l’Amiral de Gaulle entretenait des liens privilégiés avec notre association et nous nous souviendrons de lui avec une émotion particulière.
Après le décès du Général de Gaulle, l’Amiral Philippe de Gaulle s’est employé à finaliser et à publier la seconde partie des « Mémoires d’Espoir » non terminées par le Général ainsi que les 13 volumes des « Lettres, notes et carnets » (entre 1980 et 1997). En 1997 et 2000, il a publié chez Plon ses « Mémoires accessoires » qui sont venues utilement compléter l’œuvre de son père. Enfin, en 2003 et 2004, il a publié les deux volumes de « De Gaulle, mon père », sous forme d’interviews réalisées par Michel Tauriac et en 2006, « Mon père en images », coécrit également avec Michel Tauriac.
Homme d’honneur et d’engagement, Philippe de Gaulle a rejoint, parmi les tout premiers, les rangs de la France Libre. Le 23 juillet 1940, il s’engage dans les Forces navales françaises libres (« Effectuer une carrière de marin était le but de ma vie », dira-t’il plus tard) et se bat comme un lion tout au long de la guerre, sans jamais faire état de sa filiation avec le chef de la France Libre, d’ailleurs, la consigne qu’il donnait à son entourage était la suivante : « Ne jamais dire mon nom, prétendre ignorer qui je suis au juste et ne rien faire qui puisse attirer l’attention sur moi ».
Il participe notamment à la Bataille d’Angleterre puis suit les cours de l’Ecole Navale. Il devient cadet en octobre 1941. En 1942, il est promu aspirant de marine et participe à la bataille de l’Atlantique sur la corvette « Roselys ». De septembre 1942 à septembre 1943, il intègre la 23e Flotille FNFL et effectue de nombreuses patrouilles dans la Manche qui débouchent sur trois affrontements avec l’ennemi. En février 1943, il est nommé enseigne de vaisseau et participe à bord de la frégate « La Découverte » à des missions d’escorte dans l’Atlantique Nord.
En 1944, il rejoint le Régiment blindé de fusiliers marins (RBFM) de la 2e Division Blindée et débarque dans les dunes de Varaville le 2 août 1944 ; il combat à Alençon, Argentan et Antony. Le 25 août 1944, lors de la libération de Paris, il est chargé de se rendre seul et sans arme à l’Assemblée Nationale où de nombreux Allemands se sont retranchés dans le but d’obtenir leur reddition. Mission particulièrement risquée mais réussie grâce à son sang-froid et son courage.
Il combat aussi durant la terrible campagne d’Alsace de l’hiver 1944-1945 et termine la guerre contre l’Allemagne avec la prise du nid d’Aigle du Führer, à Berchtesgaden.
Cité trois fois et blessé six fois au cours de la guerre, le Général Leclerc lui remettra la croix de guerre 1939-1945 à Argenton-sur-Creuse en avril 1945.
A la fin du conflit, le Général de Gaulle l’assure de « sa grande fierté paternelle ».
La paix revenue, il suit une formation de pilote dans l’aéronavale, participe à la guerre d’Indochine et effectuera une brillante carrière militaire qui l’amènera au grade d’Amiral et à la fonction d’Inspecteur général de la Marine. Le 29 décembre 1982, il est admis en deuxième section.
Dans ce métier exigeant de marin, il a su trouver sa voie, dans l’honneur et le service de la France, et s’y construira une destinée exemplaire et autonome.
Il entamera ensuite un parcours politique constitué de deux mandats en qualité de Sénateur de Paris de 1986 à 2004 (dans le groupe du Rassemblement pour la République (RPR) de 1986 à 2002 puis de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) de 2002 à 2004). Il sera également membre du comité d’honneur du Mouvement Initiative et Liberté (MIL) en 2006.
Très attaché à notre région normande où il débarqua durant l’été 1944, l’Amiral Philippe de Gaulle est revenu plusieurs fois en Normandie, notamment en 1990 à l’occasion de l’inauguration du Musée de Gaulle de Bayeux et de notre croix de Lorraine de Graye/Courseulles.
De nombreux liens d’estime et d’amitié ont ainsi été tissés avec des Compagnons de Fidélité Gaulliste de Normandie, tels que Madeleine Hardy, conservatrice du musée De Gaulle à Bayeux, Jacques Duchez, notre ancien Président, Jean Le Carpentier, Maire de Bayeux, et tant d’autres.
Rappelons également qu’en 1983, il fut élu membre de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen.
Aujourd’hui, les Compagnons de Normandie sont en deuil et saluent unanimement le courage, la droiture et la fidélité de l’Amiral Philippe de Gaulle, qui connaissait et comprenait, mieux que quiconque, le Général de Gaulle, sa pensée intime et ses sentiments : « Avec mon père, on se comprenait à demi-mot ; Cette entente tacite s’installa progressivement. Des lettres plus explicites sont venues par la suite la compléter ».
PS: » Merci à Franck Leconte pour son autorisation de republication de son article sur https://fidelite-gaulliste.fr/ »
Crédits photographiques : Jean-Francis Botel pour Fidélité Gaulliste Normandie
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