Gers 1944 : La résistance Mirandaise
L’occupant allemand ne s’installa dans le Gers que vers juin 1943, après la suppression de la ligne de démarcation entre les zones nord et sud.
Les villages et villes de ce département étaient relativement sereins.
Mais à Mirande, dans la région d’Astarac1 les uniformes de la Wehrmacht commencèrent à être visibles. Ils furent de plus en plus nombreux avec évidemment des opérations punitives, comme celles faites en zone nord.
Ce sont environ 280 personnes du Gers qui furent concernées. Parmi ces dernières, des résistants locaux : 196 tués et 82 déportés qui ne revinrent pas.
A Mirande ce sont 4 villageois qui en furent victimes.
En premier lieu Roger Lacaze 22 ans, gendarme à la brigade mirandaise, mais aussi résistant, avec 4 ou 5 autres collègues, dans le Corps Franc Pommiès2.
Le 8 juin 1944 le colonel Pommiès organise une réunion des chefs au château Lapalu de Moncassin (Gers).
Afin de renseigner les visiteurs et d’assurer leur sécurité un groupe de 4 hommes prend position à un endroit stratégique, les 4 routes de Moncassin, au carrefour des D 2 et D 237.
Le début de matinée est calme, on patiente. Mais au milieu de celle-ci deux voitures Citroën « traction avant », se présentent par la D2, immatriculées de la région et venant de Saint-Médard. Elles sont occupées par des civils, certainement les personnes attendues à la réunion.
Le groupe des quatre, avec Roger Lacaze à sa tête, s’avance pour les accueillir. Effroi ! ! il est reçu avec des tirs de mitraillettes. Roger Lacaze est tué sur le coup. Les 3 autres ripostent mais, à court de munitions, ils sont arrêtés. Deux d’entre eux Georges Bixel3 et Markus Gèze4 sont conduits à la « Kommandantur » d’Auch où ils seront interrogés à la manière allemande ! ! vous devinez ? Le triste destin a voulu que les occupants des voitures soient des « feldgendarmes » en civil.
Mais qu’est devenu le quatrième homme, Louis Desangles5 ? il s’est, profitant d’un moment de confusion, tout simplement échappé malgré ses blessures. Il se cachera avant de retrouver de meilleures conditions pour refaire surface.
Un monument est érigé à Moncassin (Gers) depuis 1947 : c’est le « In Mémoriam » au carrefour, lieu de ce tragique incident.
Mais aussi, ce 8 juin 1944, plusieurs groupes de maquisards sont positionnés en divers endroits afin de harceler les convois ennemis.
L’un d’eux sur la RN 21, à la côte de Saint-Maur attaque un convoi allemand et se disperse aussitôt dans la nature, les Allemands n’ayant pas réussi à les intercepter.
Un peu plus loin Eugène Hoffalt6 un lieutenant et son fils René7 du Corps Franc de la Libération (affilié FFI) accueillent, dans leur repère boisé d’Espitouy à 6 km de Mirande, nombre de réfugiés espagnols dont 2 responsables locaux. Ces derniers partent le lendemain 9 juin, à Saint-Maur, lieu de leur cantonnement. Un autre repère à Belloc-Saint-Clamens , lieu de parachutages et de repli.
Mais ils sont interceptés par une patrouille ennemie, l’un d’eux Plazuello s’enfuit mais est aussitôt abattu, le deuxième Masip est arrêté, puis déporté à Buchenwald. De fait, la Wehrmacht contrôle toute la RN 21.
Quant au lieutenant Hoffalt, il a dispersé son groupe. Restent avec lui son fils René et ses 2 adjoints Edouard Lepers et Martin Mortès. Hélas repérés, ils sont arrêtés le 28 juin 1944 et transférés à Mirande.
Puis le 26 juin, ils sont emmenés près du viaduc de Castelnau-Magnoac (Hautes-Pyrénées) à 30 km de Mirande. Ce lieu est délibérément choisi, car ces hommes avaient saboté la ligne de chemin de fer quelques temps auparavant. Donc les Allemands en faisait un symbole en marquant les esprits des témoins visuels ou non.
Arrivés sur place, ces hommes sont « invités » ! ! à creuser leur tombe, avant l’ultime sanction. Martin Mortès (né le 30 mai 1916 à Chipiona près de Cadix) tente de s’enfuir mais est aussitôt abattu. Son corps ne sera découvert que beaucoup plus tard, en 1947.
Hoffalt, père et fils seront fusillés, leurs corps découverts 3 mois après. Quant à Edouard Lepers, il sera épargné mais déporté à Buchenwald, dont il reviendra vivant.
La famille Mortés était bien impliquée dans la résistance : le père Narcisse, la fille Joséphine et son mari Jean Bret, Gabriel Huguet le mari de Rose la deuxième fille.
Distinctions :
– une place et une rue Hoffalt-Mortez à Mirande.
– un monument à la côte de Saint-Maur sur la RN 21.
– Roger Lacaze : né le 14 octobre 1921 à Ossun (Hautes-Pyrénées). Mort pour la France. Son nom, inscrit au monument aux morts de Mirande et à celui d’Ossun. Une stèle 39/45 à Moncassin. Et aussi inscrit au mémorial « Corps-Franc Pommiès » à Castelnau-Magnoac (Gers).
Sources : sites internet et principalement « récit de Robert Dutrey dans la publication trimestrielle de Mirande » : les 3 miroirs de 2009.
Notes :
1°) région à cheval sur le Gers et les Hautes-Pyrénées.
2°) créé par André Pommiès le 17 novembre 1942, comprend environ 9 000 hommes, c’est une partie de l’ORA (Organisation Résistance Armée). Actif dans tout le Sud-Ouest.
3°) déporté à Dachau le 2 juillet, il en reviendra.
4°) déporté à Dachau, il décédera le 12 janvier 45 à Baden-Wurtemberg (Sud-Ouest de l’Allemagne)
5°) Louis Desangles, né le 2 mars 1921 à Ponsan-Soubiran (Gers). Blessé, est décédé le 3 juin 1948 chez lui à Chélan (Gers).
Il est surtout le père de Michèle Boué, notre secrétaire FNAPOG 31, maintenant Occitanie.
6°) Eugène, né le 14 mai 1901 à Rehon (Meurthe et Moselle).
7°) René son fils, né le 6 août 1923 à Montigny-les-Metz (Moselle).
Le 8 juin dernier eut lieu une cérémonie commémorative à Moncassin.
Une autre le 14 juillet, place Jean Moulin, à Belloc-Saint-Clamens (Gers) présidée par Mme Ladois maire de la commune en présence de : Aurore Mortès, une des filles de Martin et de Chrystel, petite fille d’Eugéne Hoffalt. Une plaque sera dévoilée pour l’occasion.
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