Guerre d’Indochine : « l’ange de Diên Biên Phu », l’infirmière militaire Geneviève de Galard, est morte à 99 ans

Article de Le Parisien avec AFP

Geneviève de Galard, ancienne infirmière militaire française pendant la guerre en Indochine, était surnommée « l’Ange de Dien Bien Phu » par la presse. AFP/Pierre Andrieu© PIERRE ANDRIEU

« L’ange de Diên Biên Phu nous a quittés », écrit le chef de l’État. Geneviève de Galard, l’héroïne de la bataille de Diên Biên Phu en 1954 en Indochine, est morte ce jeudi à l’âge de 99 ans. L’annonce a été faite par Emmanuel Macron vendredi sur X, dans un message qui salue sa mémoire.

« Infirmière militaire, Geneviève de Galard fit montre, aux pires heures de la guerre d’Indochine, d’un dévouement exemplaire du courage et des souffrances de 15 000 soldats français », a-t-il écrit.

Au milieu de la boue et du sang

Cette convoyeuse de l’air était devenue héroïne en restant bloquée près de deux mois au cœur de la tourmente, au milieu de la boue et du sang de centaines de soldats français assiégés. Seule femme présente sur place, elle a survécu à ce fiasco militaire, devenu un cimetière à ciel ouvert pour environ 3 000 soldats français.

« J’allumais les cigarettes, je donnais à boire et à manger. Je faisais de la soupe épaisse pour nourrir les plus gravement atteints. », racontait-elle à une école de l’Oise au début des années 2000. À la chute du camp le 7 mai, elle demande à rester jusqu’à l’évacuation des derniers blessés mais est finalement poussée dans un avion pour quitter Diên Biên Phù.

Une popularité soudaine

Le 8 juin 1954, le pays la découvre avec la Une de Paris Match qui lui est consacrée, titrée « La France accueille l’héroïne de Diên Biên Phù » et la photo fait le tour du monde. De retour en France, elle se retrouve brusquement confrontée à une immense popularité. « Que je n’avais jamais ni voulue, ni recherchée. Je n’avais fait que mon devoir », racontait-elle.

Née à Paris le 13 avril 1925, Geneviève de Galard-Terraube a grandi dans une vieille famille aristocratique. Un aïeul aurait combattu avec Jeanne d’Arc. Elle perd à neuf ans son père, officier. Un deuil douloureux, qui la rend très sensible à la souffrance d’autrui. Devenue infirmière, elle a déjà géré des situations difficiles en Afrique quand elle signe en 1953 un contrat de convoyeuse de l’air et se porte volontaire pour l’Indochine.

« Au milieu de cette défaite collective, il y a eu Geneviève de Galard », résumait en juin 2022 sur France Inter Marie-Laure Buisson, qui a consacré un chapitre de son livre « Femmes combattantes » à l’infirmière. « C’est une très grande héroïne ». Elle a été promue au grade de commandeur de la Légion d’honneur et conviée par le Congrès américain, qui l’avait décorée à la Maison Blanche de la Médaille de la Liberté, plus haute distinction pour un étranger. L’infirmière avait publié, en 2004, son ouvrage témoignage « Une femme à Diên Biên Phu », cinquante ans après cet épisode.

 

 

Aller au contenu principal