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Hommage : Il y a 80 ans, 48 tirailleurs Sénégalais étaient exécutés par les Allemands à Chasselay, dans le Rhône

Il y a 80 ans, 48 soldats du 25ème régiment de tirailleurs sénégalais étaient exécutés par les allemands, à Chasselay, à 15 km de Lyon, dans le Rhône.  Ce massacre témoigne d’une haine raciale propagée par les nazis. Ces soldats sont enterrés avec d’autres, au « Tata de Chasselay » où chaque année, un hommage leur est rendu

Le « tata », enceinte sacrée en wolof, est couleur ocre, il est comme un bout de terre africaine à Chasselay, au nord-ouest de Lyon. C’est une nécropole nationale, unique en France. Un symbole !  Ici reposent 188 tirailleurs sénégalais. Soldats de l’Afrique occidentale colonisée….ils s’appelaient, Sidi, diarra, moustapha, diop etc… Sans compter la cinquantaine de tombes sans nom.

196 tombes ont été dressées dans le Tata sénégalais

C’est Magali Molina, de l’Office National des anciens Combattants et Victimes de Guerre du Rhône,  qui gère le cimetière pour le ministère des armées. Elle arpente, fièrement, plusieurs fois par an ce lieu de mémoire. Ce sont des soldats qui ont été, malheureusement, oubliés pendant très longtemps. Et si je suis là aujourd’hui, si j’ai des enfants et si on vit libre, c’est grâce à eux.

Magali Molina


« Ils retrouvent un visage »

Ils sont là pour protéger la ville de Lyon de l’avancée de l’armée allemande. Le 20 juin 1940, 48 hommes sont exécutés dans ce champ, parce qu’ils étaient noirs. Il existe huit photos inédites, prises par un soldat allemand, et qui témoignent des étapes du massacre. Ils ont résisté vaillamment, mais l’ennemi est aguerri, et le bataillon doit se rendre. Les africains sont séparés des blancs, et reçoivent l’ordre de fuir, les mitrailleuses ouvrent le feu, les abattent dans le dos.

Depuis 25 ans Julien Farjettas, historien et auteur de « Juin 1940, combats et massacres en Lyonnais », étudie ces faits, et la découverte récente de ces photos par un collectionneur, donne une nouvelle dimension. « C’était pour moi une grande émotion, parce que ces photos montraient enfin les visages de ces tirailleurs qui ont été exécutés et dont nous n’avions aucune photo. »

Et surtout ces photos  apportent un nouvel éclairage sur l’histoire : c’est la 10ème division blindée de la wehrmacht, imprégnée de propagande raciste qui a commis la tuerie et non les SS.

« C’est une habitante qui va venir à vélo jusqu’au lieu-dit », raconte Julien Farjettas, « elle va découvrir l’étendu du massacre. Et dès le lendemain, l’ensemble de la population du village va se mobiliser. On regroupe alors tous les hommes valides pour enterrer les corps de ces tirailleurs dans une fosse commune creusée à la pelle et à la pioche. » L’historien poursuit, toujours aussi passionné « ce qui est important de souligner, c’est que rapidement les habitants du village vont honorer ces tombes. Ils vont les fleurir, mettre des drapeaux français. Ils auront été en quelque sorte, les pionniers de l’hommage qui leur a été rendu par la suite. »

La commune de Chasselay, gardienne d’un héritage

Le maire de Chasselay, Jacques Pariost, est le gardien d’un héritage bouleversant et unique en France : les effets personnels récupérés par les habitants, dans le barda des tirailleurs sénégalais il y a 80 ans. On y trouve notamment, les livrets militaires ou encore des méthodes de français. « Pour chaque soldat, avec le numéro de la tombe, il y a la plaque militaire, des courriers tâchés de sang qui ont été retrouvés sur eux. La plupart des lettres sont écrites en français. »

Seconde Guerre mondiale : quand l’armée allemande massacrait des tirailleurs sénégalais

En juin 1940, lors de la bataille de France, une série de massacres est perpétrée par l’armée allemande contre des soldats africains dans la région lyonnaise. Le plus emblématique s’est déroulé à Chasselay. Grâce à la découverte de clichés inédits, l’historien Julien Fargettas a mis en lumière cet épisode méconnu dans un nouvel ouvrage.

La peur se lit sur leurs visages. Terrifiés, les mains en l’air, ils sont conduits dans un champ. Un soldat allemand semble même esquisser un sourire. Ces prisonniers sentent que la situation est inhabituelle. Ces tirailleurs sénégalais de l’armée française n’ont plus que quelques minutes à vivre. Des Panzers s’apprêtent à leur tirer dessus. Ces chars ont été positionnés sur la route, juste à côté. Ils font feu à la mitrailleuse. Une quarantaine d’hommes s’écroulent au sol. Le 20 juin 1940, dans le Rhône, vient de se dérouler le massacre de Chasselay.

Dans son dernier ouvrage « Juin 1940, combats et massacres en Lyonnais » (Éd. du Poutan)l’historien Julien Fargettas a mis en lumière huit photographies inédites de cette exécution, les seules connues jusqu’à présent. Elles ont été découvertes récemment dans un vieil album acheté par un jeune collectionneur privé, Baptiste Garin. « Ce que révèlent ces clichés, c’est que c’était une action assez pensée. C’est assez troublant. Quand on regarde l’attitude des soldats allemands, il n’y a quasiment rien qui transparaît, presque comme s’ils étaient insensibles », relate l’historien.

Une abjecte propagande

Ce massacre de soldats africains n’est pas le premier à avoir eu lieu. L’avancée des troupes allemandes a été jalonnée de nombreuses exactions contre les troupes africaines. « Cela commence dès la fin du mois de mai 1940 dans la Somme », explique Julien Fargettas. « Elles n’ont pas été programmées. Il n’y a pas eu d’ordre général disant qu’il fallait éliminer ou maltraiter les prisonniers coloniaux. C’est plutôt quelque chose d’impulsif, mais que la hiérarchie militaire allemande n’a en même temps pas cherché à juguler ».

 

Le 7 juin 1940, le capitaine Charles N’Tchoréré est fusillé par les Allemands à Airaines dans la Somme. Le lendemain, à Remiencourt, à une 30 aine de km, son fils, Jean-Baptiste, caporal au 2e régiment d’infanterie coloniale, succombe à ses blessures reçues la veille.

Cette haine à l’encontre des soldats noirs remonte à la Première Guerre mondiale. « À l’époque, l’armée française avait fait des soldats africains des instruments de propagande à son service pour combattre, tandis que les Allemands les ont utilisés pour accuser les Alliés de sauvagerie sur le champ de bataille », résume l’historien. « Les soldats allemands avaient eux-mêmes été accusés d’atrocités sur les civils, notamment en Belgique. Ils se sont donc servis de l’image du soldat africain pour répliquer. Ils ont diffusé massivement cette légende du tirailleur coupeur d’oreille« .

Dans les années 1920, l’occupation de la Ruhr et de la Rhénanie par l’armée française, composée de nombreux soldats originaires des colonies, renforce ce racisme. « En Allemagne se met en place une campagne de propagande extrêmement intensive et assez abjecte qui accuse les soldats africains de viols massifs et d’enlèvement. C’est ce que les Allemands vont appeler l’épisode de la ‘Honte noire’ et qui va être réutilisé par les Nazis ».

Une résistance très vive

C’est avec ces images à l’esprit que les soldats de la Wehrmacht pénètrent en France en mai 1940. Monthermé, Airaines, Dromesnil, Erquinvillers, Cressonsacq, Sillé-le-Guillaume, bois d’Eraine… Les exactions sont nombreuses contre les soldats des colonies : « Quand ils font face à des soldats africains, ce sont souvent des troupes qui résistent et qui combattent bien. Les Allemands ont des pertes et il y a une espèce de colère qui vient s’ajouter à tous les ressentiments emmagasinés », analyse Julien Fargettas.

Le 19 juin 1940, les violences culminent à Chasselay. Alors que le maréchal Pétain a annoncé deux jours plus tôt vouloir demander l’armistice, le 25e régiment de tirailleurs sénégalais est posté au nord-ouest de Lyon pour retarder l’entrée de l’ennemi dans l’ancienne capitale des Gaules.

« Le 19 juin au matin, quand les Allemands abordent le secteur de Chasselay, ils se heurtent à une résistance très vive avec des combats qui vont durer plusieurs heures, alors qu’ils s’attendaient à entrer beaucoup plus facilement dans Lyon », décrit Julien Fargettas « Dès l’issue des premiers combats dans l’après-midi, ils vont exécuter des tirailleurs mais aussi des soldats d’origine française. Et puis le lendemain, à l’issue d’une dernière résistance, ils vont diviser les prisonniers en deux : d’un côté les Français et de l’autre, les Africains. Ils dirigent ces derniers sur une route isolée. Ils sont mis dans un champ et mitraillés ». Lors de certains de ces massacres, des soldats français ont aussi été exécutés ou blessés pour avoir essayé de s’interposer. À Chasselay, le capitaine Gouzy reçoit notamment une balle dans la jambe pour avoir protesté.

Le « tata sénégalais »

Les corps des tirailleurs sont laissés à même le sol. Malgré l’interdiction qui en est faite par les Allemands, les habitants du village enterrent les dépouilles dans une fosse commune. Un homme va alors tout particulièrement s’intéresser à leur sort : Jean-Baptiste Marchiani, secrétaire général de l’Office départemental des mutilés, combattants, victimes de la guerre et pupilles de la Nation. Alors que la France est tombée aux mains des Allemands, il s’émeut du destin de ces soldats africains et propose dès l’été 1940 de leur donner une vraie sépulture. Il imagine l’érection d’une nécropole nationale sur le modèle d’un cimetière africain en ocre rouge.

« Au début, il a fait face à une indifférence polie des autorités de Vichy. On peut comprendre qu’elles n’avaient pas envie d’un hommage rendus à des tirailleurs massacrés par des Allemands. Mais Jean-Baptiste Marchiani va leur proposer une opération de propagande pour montrer l’attachement de Vichy à l’Empire [colonial, NDLR] », explique l’historien. Le 8 novembre 1942, son projet voit finalement le jour. Le « tata » sénégalais de Chasselay est inauguré. Dans cette « enceinte de terre sacrée » en wolof, 188 corps de tirailleurs sénégalais retrouvés dans la région sont inhumés : « Les officiels de Vichy diront qu’ils sont tombés au champ d’honneur et éviteront soigneusement d’évoquer les massacres ».

Des tirailleurs sénégalais aux pieds des tombes du cimetière de Chasselay, le 24 septembre 1944 © Archives du département du Rhône et de la métropole de Lyon, Wikimedia

Faire du tata de Chasselay un haut lieu historique

Pour les tirailleurs qui y ont échappé, une longue période de captivité commence. Alors que les soldats français sont dirigés vers des camps en Allemagne, eux restent sur le territoire français : « Les Allemands refusent de les transférer. Ils ne veulent pas de ‘contamination raciale’, selon leurs termes. Ils sont donc maintenus en zone occupée dans des camps spécifiques appelés ‘Frontstalags' ». Là encore, les brimades et les maltraitances se multiplient. « Ils vont y végéter avant d’être répartis dans des commandos de travail, des fermes, des exploitations forestières ou encore des usines ».

À Chasselay, leurs camarades tombent peu à peu dans l’oubli. Contrairement au souhait de Jean-Baptiste Marchiani, le « tata » ne devient pas un lieu de pèlerinage, même si après la guerre une cérémonie annuelle y est organisée. Leurs familles vivant à des milliers de kilomètres ne peuvent faire le déplacement et certaines ne connaissent même pas le sort de leur proche. Pour Julien Fargettas, ces soldats africains souffrent ainsi d’une double peine : « Aujourd’hui encore, il y a des dizaines de tombes classées comme inconnues alors que nous avons en notre possession des dossiers de soldats qui sont considérés comme disparus. Ce sont probablement ceux qui sont enterrés à Chasselay ». Au-delà de son travail d’historien, ce spécialiste des tirailleurs essaye de redonner une identité à ces soldats de 1940. Il espère qu’une plaque avec leurs noms sera bientôt apposée au sein du « tata ».

L’identification des #Tirailleurs a parfois été difficile, voire impossible.
On notera que les stèles ne portent aucun signe religieux

Juin 1940 : les tirailleurs sénégalais sont massacrés à Chasselay

  • PAR FLORENT DELIGIA
  • Du 19 au 20 juin 1940, les soldats du 25e régiment de tirailleurs sénégalais reçoivent l’ordre de “résister sans esprit de recul”. Face à eux, l’armée nazie en surnombre et mieux équipée. Alors que la France a déjà capitulé, les soldats vont se battre jusqu’à la mort, et être les victimes du racisme des Allemands.

Lyon, 19 juin 1940. Les Allemands prennent la préfecture; l’occupation de Lyon est officielle. La veille, des réservoirs d’essence situés quai Rambaud ont été incendiés. La fumée masque le soleil dans certains quartiers adjacents. Il faudra attendre le 7 juillet pour que les soldats se retirent ; Lyon fera alors partie de la zone libre. L’armée française ne parvient pas à tenir tête à l’invasion allemande. En son sein, des tirailleurs sénégalais recrutés dans les colonies. Contrairement à ce que leur nom indique, ceux-ci ne sont pas issus d’un seul pays, mais de toute l’Afrique noire, et dépendent des troupes coloniales.

Les victimes oubliées de la Seconde Guerre mondiale

À la fin de la Première Guerre mondiale, des troupes françaises issues des colonies d’Afrique sont stationnées en Allemagne, notamment en Sarre. À propos de leurs enfants nés d’unions avec des femmes de la région, Hitler écrira dans Mein Kampf qu’il s’agit d’“un complot juif visant à bâtardiser l’Europe”. Rapidement, ils vont être mis au ban de la société et devenir des boucs émissaires. À partir de 1935, suite aux lois de Nuremberg, les mariages mixtes entre Noirs et Blancs sont interdits. En 1937, la Gestapo effectue des rafles et fait stériliser de force les Noirs. Considérés comme des animaux, traités de “honte noire”, ils sont capturés et envoyés en camp de concentration.

Les soldats des colonies, cibles prioritaires ?

En France, les troupes des colonies vont être les premières victimes de la répression nazie. Pour certains historiens, telle Catherine Coquery-Vidrovitch, 65 000 tirailleurs s’engagèrent au combat entre mai et juin 1940 ; 29 000 seront massacrés. Les consignes de Goebbels ont été claires : il faut “dénoncer les Français comme des sadiques négrifiés […] cette racaille de couleur”. L’infanterie SS a pour ordre de “ne prendre vivant aucun prisonnier nègre”. Dès lors, les soldats capturés sont automatiquement fusillés. Entre le 12 et le 16 juin 1940, 105 hommes du 26e régiment résistent contre les nazis près de Chartres et donnent une leçon de bravoure aux Allemands. Lorsque ces derniers réussissent à renverser la situation, ils massacrent les hommes en prétextant qu’il s’agirait de violeurs de femmes et d’enfants.

Au début de la guerre, des mises en scène sont régulièrement organisées après les captures de “Sénégalais”. Les troupes coloniales sont montrées comme des “sauvages”, usant du “coupe-coupe”, mutilant et violant sans aucune pitié. Lorsqu’un officier nazi a besoin de montrer l’exemple dans les rangs de prisonniers, les Noirs sont abattus en priorité. Chaque acte de rébellion de leur part engendre inévitablement l’exécution de plusieurs d’entre eux. La convention de Genève sur le statut des prisonniers de guerre ne sera jamais respectée, et la population française ne protégera que rarement les survivants et autres évadés. Résolus à attiser la haine envers le soldat noir, les Allemands se plaisent à détruire les plaques d’identification des tirailleurs et abandonnent leurs corps à l’air libre.

L’héroïque résistance du 25e régiment de tirailleurs sénégalais

Le 19 juin 1940, à Chasselay-Montluzin, près de Lyon, alors que l’armée française recule, la 3e compagnie du 25e régiment de tirailleurs sénégalais ne reçoit pas l’ordre de retraite. Le régiment d’infanterie Gross Deutschland avance vers eux en compagnie de la division SS Totenkopf (connue pour avoir massacré une centaine de prisonniers britanniques au lieu-dit le Paradis). Ils vont rencontrer une résistance inattendue. Alors qu’ils n’ont presque aucune expérience du combat, les soldats africains vont résister avec une rage inédite. Pourtant, Pétain a demandé le cessez-le-feu, Lyon est abandonnée aux Allemands et déclarée ville ouverte. La Panzerdivision est déjà aux portes de la ville.

L’une des dernières batailles se déroulera au couvent de Montluzin à Chasselay. À l’intérieur, les religieuses soignent les blessés. Un officier allemand arborant un drapeau blanc s’approche d’un barrage français et proclame que l’armistice a été signé – ce qui est faux (elle ne le sera que le 22 juin). Le nazi hurle de ne pas tirer. Pourtant l’adjudant français Requier fait feu. L’homme s’écroule, les mitraillettes allemandes s’abattent sur le régiment. Les tirailleurs se battent, utilisant le couvent comme place forte, et surprennent les nazis, qui tentent plusieurs contre-attaques en vain. Ils doivent se résoudre à envoyer les blindés. Le 19 juin, les Allemands réussissent à prendre les lieux, abattent les tirailleurs et deux des trois officiers blancs accusés d’avoir dirigé des “nègres”.

Un dernier groupe, commandé par le capitaine Gouzy, s’est retranché à proximité, dans le château du Plantin. Le caporal mitrailleur Scandariato apporte un précieux témoignage sur la suite : “Nous étions environ une vingtaine de Blancs d’encadrement et un grand nombre de tirailleurs sénégalais. Le capitaine nous demanda quels étaient les volontaires pour le dernier baroud d’honneur, la coloniale ne se rendant pas sans un dernier combat. Tous répondirent présents et nous prîmes nos dispositions de combat tout autour du parc.” Les nazis perdront une centaine d’hommes et auront cinquante blessés. Les tirailleurs se battent jusqu’à ne plus avoir de munitions.

Contraints de se rendre, ils sont immédiatement capturés. Huit officiers français ainsi que soixante-dix soldats africains sont amenés dans un champ. Les officiers sont sommés de se plaquer au sol tandis que les nazis obligent les tirailleurs à fuir en courant. Les mitraillettes des chars ouvrent alors le feu, abattant les hommes dans le dos. Les blindés avancent et achèvent les blessés sous leurs chenilles. Le capitaine Gouzy se rebelle et reçoit une balle de pistolet dans le genou pour seule réponse. Le 20 juin, c’est au tour de 27 tirailleurs d’être fusillés montée de Balmont à Vaise.

Après les massacres de Chasselay, Françoise Meifredy, membre de l’Amitié africaine cherchera les survivants et les aidera à se cacher. Aujourd’hui, il est encore difficile de savoir combien ont survécu. Plus d’une centaine de prisonniers trouvèrent la mort près de Lyon, dans l’indifférence générale. Ils furent les derniers à tomber pour la France avant l’armistice.

Le tata sénégalais

En 1942, apprenant le massacre, le secrétaire général de l’office départemental des mutilés de guerre, des anciens combattants et des victimes de guerre, Jean Marchiani, ancien combattant de 14-18, décide de réunir des fonds pour acheter un terrain à Chasselay. Au lieu-dit le Vide-Sac, où ont été mitraillés les soldats, il fait construire un tata. En Afrique, ce terme qualifie un lieu dédié aux guerriers morts au combat. Ici, il s’agira avant tout d’une nécropole en hommage aux disparus. À l’intérieur, sont inhumés les corps de 196 tirailleurs, de plusieurs nationalités, et de la terre venue d’Afrique est répandue sur les tombes. Symbole d’une période sombre, le lieu sera pourtant officiellement inauguré le 8 novembre 1942 par les autorités de Vichy. Ces dernières auraient souhaité lever une armée coloniale pour ralentir les alliés en Afrique du Nord, mais les nazis ne virent pas l’idée d’un bon œil. Trois jours plus tard, les nazis envahissent la zone libre.

À la Libération, les tirailleurs survivants sont placés dans des camps, attendant d’être rapatriés. En novembre 1944, 1 200 d’entre eux sont rassemblés à Thiaroye à proximité de Dakar au Sénégal. Le 1er décembre 1944. Ils demandent le paiement de leurs indemnités et soldes lors d’une manifestation. Ils ne recevront que les balles tirées par les gendarmes français. Le bilan officiel fait état de 35 morts. Quant au tata, il faudra attendre 1966 pour qu’il soit déclaré nécropole nationale.

 

 

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