« Il y avait une fois la France » (2 décembre 1958)
Dictionnaire De Gaulle – sous la direction de Claire Andrieu, Philippe Braud et Gullaume Piketty

Pour contradictoire ou choquante qu’ait pu être parfois la stratégie verbale, le président de Gaulle reste l’homme d’Etat français par excellence à s’être adressé oralement de la hauteur la plus élevée de langage et de pensée à la France et au monde, mettant la langue virtuose et toujours créative d’un « écrivain-né » au service d’une philosophie politique à visée universelle, et n’hésitant pas à le faire, loin des conseils des « communicants » en phrase de plus de cent cinquante mots et pourtant sans emphase, d’une souplesse naturelle et comme improvisée, sans une note sous les yeux :

« En notre temps la seule querelle qui vaille c’est celle de l‘homme. C’est l’homme qu’il s’agit de sauver, de faire vivre et de développer. Nous autres, qui vivons entre l’Atlantique et l’Oural ; nous autres qui sommes l’Europe, disposant avec l’Amérique, sa fille, des sources et des ressources principales de la civilisation ; nous autres, qui avons de quoi manger, nous vêtir, nous chauffer ; nous autres, qui possédons des mines et des usines en pleine activité,  des campagnes bien cultivées, des chemins de fer où passent des trains nombreux, des routes encombrées de voitures, des ports remplis de bateaux, des aéroports couverts d’avions ; nous autres, dont tous les enfants apprennent à lire, qui construisons force universités et laboratoires, qui formons des armées d’ingénieurs et de techniciens, qui pouvons voir, entendre, lire, ce qui est de nature à satisfaire la pensée ; nous autres qui avons assez de médecins, d’hôpitaux, de médicaments, pour adoucir la souffrance, soigner les malades, assurer la vie de la plupart des nouveau-nés, que ne dressons-nous, tous ensemble, la fraternelle organisation qui prêtera son concours aux autres ? » (25 mars 1959)

Pierre Encrevé

 

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