Jean LAFAURIE 99 ans, résistant, déporté, il témoigne face aux scolaires.

 

 Il raconte :

 Peu de gens ont entendu le discours de Charles de Gaulle en cette journée du 18 juin 1940, par chance un ami nous a transmis l’article correspondant paru dans un journal marseillais.

En voyant les allemands à l’Arc de Triomphe j’ai pleuré, nous qui avions gagné en 14/18 nous pensions être invulnérables.

A compter de ce moment nous avons, 2 copains et moi, transcris ce discours de Charles de Gaulle sur des feuilles de cahier, afin de les distribuer ensuite où bon nous semblait…ce fut mon 1er acte de résistance, moi qui était né en 1923 à Cajarc (Lot).

En 1940 j’intègre le maquis de l’OS puis en 1942, j’entre au maquis Guy-Moquet installé en Corrèze. Mais l’année suivante, le 18 juin 1943 je suis arrêté. Car un régiment de la Wehrmacht est venu s’arrêter quelques instants à coté de notre camp, que bien sûr nous avons évacué.

Pour missionner, pour aider des jeunes à échapper au STO, je suis donc parti, mais pas très loin car après être sorti du bois où nous nous étions regroupés des GMR, venus avec 3 cars, de Vichy m’ont arrêté à Marcilhac (Lot). Puis prison de Tulles, condamné à 5 ans de travaux forcés, de Limoges et d’Eysses (Lot et Garonne), une prison pour « terroristes  du Sud-Ouest ». Dans ce lieu, boule à zéro, tenue de bagnard, galoches en bois, désœuvrement toute la journée.

Le directeur nous a réuni, étonné de notre crâne lisse il en a fait la remarque au gardien chef en lui précisant que ces gens n’ont ni tué, ni volé et qu’il fallait en tenir compte. Nous appelions cet endroit la « république d’Eysses ».

Il y avait 1 200 prisonniers d’horizon social différent, c’est dans cet environnement que je me suis construit. Malgré cela le directeur et les gardiens nous ont permis d’agrémenter notre vie : conditions de détention, plus de tenue de bagnard, des délégués pour dialoguer avec la direction, écrire un journal, obtenir des livres….c’était nettement plus agréable.

19 février 1944 : 50 militaires ont préparé leur évasion, nous voulions partir, participer aux combats sachant que l’armée ennemie reculait.

Ce même jour eût lieu la visite d’une délégation de Vichy que le nouveau directeur , un milicien affilié à la Waffen SS, avait réclamée.

Nous nous sommes rendus maîtres de la prison en ½ heure, mais impossible de faire plus, quelques 1 000 GMR nous encerclaient, nous voulions tuer leur chef mais l’arme s’enraya nous bloquant ainsi dans la prison et enfin nous nous sommes rendus dans la nuit au bout de 12 heures de réflexion.

Représailles : il faut 50 condamnés,  les communistes furent désignés et fusillés le 23 février  1944.Les gaullistes quant à eux assistèrent au massacre.

Ensuite le 30 mai, transfert à Compiègne, prélude au départ vers Dachau le 20 mars 1943. Dans ce voyage 400 copains perdus en route, 52 h de train au lieu de 8 dans des conditions atroces, 100 par wagon.

Le camp de Dachau : très dure discipline, la faim qui nous tenaille et l’obligation de travailler. Pour moi et mes 36 kg j’ai hérité ! de la réparation des voies de chemin de fer de Munich

25 avril 1945 : libération du camp par les troupes US. A partir de là il fallait se « refaire » une santé. Mais quand même, 6 mois plus tard retour dans ma bonne ville de Souillac (Lot). Puis voila qu’arrive le 18 juin 1945 où j’épouse une jeune fille rencontrée au bal des déportés, qui malgré le surnom de « charrette » que je lui avais donné 5 ans auparavant car elle dansait mal, m’a tenu compagnie 73 ans.

J’ai écrit un « recueil de poèmes » traitant des mauvaises nuits et de leurs cauchemars. Ma mère ne croyait pas ce que je lui racontais.

   commémoration du 15 février 2022 à Portoly (près de Penne d’Agenais

Maintenant je fais partie de « la communauté des passeurs de mémoire » et interviens auprès des collégiens et lycéens. (depuis sa retraite en 1983).

au collège Damira-Asperti de Penne d’Agenais (Lot et Garonne)  photo DPM 

 

Note : il est depuis le 19 février 2022 président de l’Amicale d’Eysses, au 78 éme anniversaire de l’insurrection.

Sources : divers sites internet.

 

 

 

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