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Ceci est la suite l’article de la semaine dernière de Néo
Jean-Louis : Vie Extraordinaire d’un homme Ordinaire

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Nous restons stationnés huit jours à Milford Haven avant de recevoir l’ordre de descendre en Méditerranée. Notre croiseur quitte les côtes anglaises en direction d’Oran où nous retapons début juillet un peu le bateau, bien qu’il n’ait pas était touché en Normandie.

Dans les jours qui suivent nous sommes plongés dans beaucoup d’incertitude, une forme de malaise…

Début août, nous sommes regroupés à Tarente avec ce qu’il reste de l’illustre flotte française, environ les deux-tiers des bâtiments.

L’Amiral Jaujard nous explique comment va se passer le débarquement, quel sera notre rôle…

Tout-à-fait l’antithèse de la Normandie, où nous avions été prévenus la veille !
Les soldats, majoritairement originaires d’Afrique française du Nord de l’Armée B se préparent activement, sur le Georges Leygues, la situation est plutôt maîtrisée… nous sommes déjà rodés !
 Quelques jours avant la date décisive, nous appareillons beaucoup de matériels, notamment pour les commandos d’Afrique.

 Le 15 août débute le débarquement en Provence : la première troupe débarquée est, comme à l’accoutumée américaine, du fait qu’ils ont beaucoup plus d’expérience que nous, suivie des troupes du Général de Lattre de Tassigny.

Plus de cent mille personnes débarquent sur les côtes varoises, dont beaucoup de l’Armée B, « regonflée » après son séjour en Italie. Les séquences sont les mêmes qu’en Normandie : arrivée des engins faisant le nettoyage de mines, la préparation de l’artillerie puis l’arrivée des hommes… à condition qu’un passage soit créé… ce qui n’est pas vraiment le cas !

Nous faisons route avec le Montcalm vers la plage de la Nartelle, à Sainte-Maxime, avec l’ordre de servir de support au canon. Nous arrivons vers six heures, le débarquement doit commencer à huit heures (au lieu de cinq heures et demie en Normandie, puisque nous sommes dans le midi !). Le but est de démolir le grand mur longeant la plage de la Nartelle, construit plus sérieusement qu’on ne le pensait. A huit heures, quand les Américains ont fait passer les torpilles Bengalore, pour nettoyer la plage, les soldats se sont trouvés face à un entonnoir ! La paroi, bien qu’elle soit un peu ébréchée, ce n’est pas suffisant !

L’Amiral Jaujard, cet homme exceptionnel et dévoué, nous demande à neuf heures et demie du matin de trouver une autre plage, à l’aide d’une petite embarcation du Georges Leygues dont je fais partie. De notre tournée des plages dans l’est, nous repérons un endroit idéal, la plage de Boulon, appelé en réalité par ses habitants la « plage des éléphants » !

Avec un petit commando nous sommes passés deux fois et nous nous sommes « jetés » sur la plage, défendue par une équipe certainement pas très motivée ! Les sept soldats allemands, certainement des Arméniens ou autre enrôlés de force ont tiré quelques coups, sans grande conviction, avant de vite fuir !

Un débarquement admirablement préparé, notamment grâce aux parachutages de personnes qualifiées auprès des Résistants qui, par leur travail considérable ont obtenu nombre de précieux renseignements.

 Notre « plage des Éléphants » sert rapidement, pour les unités médicales, le Génie a par ailleurs fait sauter le mur de la Nartelle… Nous restons dans le secteur pour tirer quelques coups de canon pour ceux qui, à terre réclament un appui, aidés de l’aviation qui « saupoudre » les endroits gênant la progression de la Première Armée…

A la Valette, les troupes se rendent rapidement aux alentours du 20 août, par un temps superbe.

A Toulon ma ville natale, l’Arsenal est très protégé, cinq milles combattants allemands y résideraient encore malgré les bombardements ! Des « combattants », voir des Waffen-SS, purs nazis… pas des enfants de chœur !

Dans des secteurs de l’arsenal, même avec les « arrosages » de l’aviation, nous ne pouvons pas les déloger !

Une opération marine devra donc avoir lieu devant le port avec trois croiseurs le 20 août, évidemment le Georges Leygues et le Montcalm et pour la forme un croiseur américain, le Queen See.

Nous arrivons à constituer des passerelles de tirs pour les croiseurs, à un mètre près. Encadré par des tirs de la batterie Sainte-Elme, le Montcalm commence par bombarder, suivi du Georges Leygues, encadré de suite. Les tirs de Saint-Elme arrachent nos aériens, un bout de la cheminée à la deuxième salve, derrière le mât du Georges Leygues !

Dix-sept secondes d’attente avant la prochaine rafale ! Depuis le télépointeur, la salve est passée à une dizaine de mètres derrière nous, l’une des plus belles peurs de ma vie ! Le croiseur est touché très sérieusement : nous avons eu seize blessés, dont cinq graves, parmi lesquels un petit canonnier s’étant jeté dans une soute à munitions de 40 pour éteindre un départ de feu. Quelques jours après, à notre arrivée à Ajaccio, il est décédé des suites de ses blessures ».

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