Joséphine et Martino CERUTI, couple sans histoires, mais avec son histoire.

                                                                               

Ils sont réfugiés italiens, probablement en 1925, et se sont installés dans une ferme de LEYRITZ -MONTCASSIN  du Lot et Garonne avec leurs 8 enfants.

Leur quotidien sera quelque peu bouleversé en 1942.

Faisons quelques pas en arrière.

C’est la guerre et Simone SERFF, Janine et Josette ses 2 filles quittent Gondrecourt-le-Château, leur village de Moselle, fuyant l’arrivée des troupes allemandes, pour Tonneins dans le Lot et Garonne.

Le père les rejoint peu de temps après. Ils achètent une épicerie pour pouvoir vivre.

Janine l’aînée des filles fréquente l’école du village. Hélas, par la suite elle subit des menaces  racistes d’une autre élève, qui n’est autre que la fille du chef de la milice !, sans compter  les propos identiques du maire et médecin de la commune qui en 1943 en place du village espère la victoire de l’armée allemande et souhaite la mort des juifs, des communistes et des francs-maçons.

Face à ce déplorable comportement local la famille décide d’aller loger dans une ferme de LEYRITZ-MONTCASSIN proche de Tonneins où  le métayer leur  louera une partie de sa demeure. Ils y sont bien tranquilles mais un soir le métayer, ivre, brutalise la petite Janine et la chasse de chez lui.

Sa mère Simone décide, en ce mois d’avril 1944,  de demander à la ferme voisine « la Bastisse », celle de Joséphine et Martino CERUTI, s’ils peuvent accueillir, voire cacher Janine. La famille accepte, elle a déjà 8 enfants et en a perdu un, une fille. Joséphine spontanément déclare que Janine la remplacera. Quel soulagement, quel espoir pour la famille SERFF.

                  Janine SERFF

Bien sûr, sans papier Janine ne peut sortir et en cas de danger une cache est prévue dans le grenier. Elle apprendra même l’italien, et pour cause, participera aux travaux de la ferme du ménage, fera de la polenta. Les filles Jeannette et Agnès lui racontent  des histoires de Lourdes. Jamais on ne lui a suggéré d’oublier sa religion juive, même si Martino le père est un fervent catholique. Avec les autres enfants, Louis, Charles, Marie et Pierrette c’est la bonne entente.

De temps à autre Charles1 va prudemment à travers champs avec Janine voir ses parents restés dans l’autre ferme.

 Janine y restera d’avril 1944 jusqu’à la libération. Puis la famille repartira dans sa région  Est d’origine.

Les relations ne seront jamais rompues avec les CERUTI.

Janine se mariera à Roger, ils auront 3 enfants. Ce n’est qu’en 1978 qu’ils feront une visite surprise à Villefranche-de-Queyran (près de Tonneins), visite qui leur donnera l’occasion de faire une grande fête.

L’histoire n’est pas finie car le 22 juin 1998, les CERUTI seront faits « justes parmi les nations », noms gravés sur le monument de la Shoah à Jérusalem.

Le mardi 5 septembre 2000 une cérémonie officielle de remise de la médaille s’est tenue à Villefranche de Queyran en présence du Président de Yad vashem et du consul d’Israël de Marseille. Il a fallu 5 ans de démarches faites par Janine pour obtenir cette médaille, délai dû aux diverses enquêtes.

Le Dimanche 28 août 2022 à Leyritz-Montcassin,  Agnès BERNET-CERUTI  (91 ans) fille et dernière descendante CERUTI, inaugure sur la place du village une plaque en l’honneur de ses parents qui ont sauvé Janine.

La plaque souvenir a été dévoilée par Agnès Bernet-Ceruti, 91 ans, en mémoire de ses parents «Justes parmi les Nations » Photo Patrick Parage

 Environ 50 personnes y assistaient, dont 20 de la famille. Les enfants de Janine sont présents, ses filles Sylvie, Rosine et Jean-René, venus de Paris, Strasbourg et Nancy.

Sa fille, Sylvie Pasquier-Levy, 71 ans, les larmes aux yeux évoquera quelques souvenirs de sa mère Janine, décédée le 18 octobre 2015. Elle partage son temps entre la Lorraine  (Nancy)  et le Gers (Eauze).

Etaient aussi présents, Michel CERUTI2, conseiller régional, l’un des petits-fils, diverses personnalités locales, ainsi que des représentants et des élèves3 du Lycée Jean-Baptiste De Baudre4 d’Agen.

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 Notes :

   1°) au  courant depuis peu de l’action de ses grands-parents5 restés discrets sur le sujet. Il a appris aussi qu’ils cachaient  des armes pour la résistance, et que sa grand-mère était sage-femme occasionnelle.

 2°) le père de 1.

 3°) la classe de seconde 11, aidée par leurs enseignants,  a réalisé un film sur ce sujet. Participation aussi d’historiens : Sandrine LABEAU et Alexandre  DOULU.  Ce film « Joséphine CERUTI une immigrée italienne face aux tourments de l’histoire » sera projeté ce même jour. Ces élèves ont aussi recueilli le témoignage d’un autre enfant caché : Jean Rodgold.

4°) Ingénieur (1773-1850) en charge de divers  canaux et ports français. Il sera nommé à Agen en 1825.

5°)  Joséphine est née COLOMBO le 11 août 1875.  Décès : 23 janvier 1963.

      Martino est né le 11 novembre 1882. Décès : 14 septembre 1976.

 

NDA :  a) pas de trace de Josette la sœur de Janine.

  1. b)  De Casseneuil, village voisin 369 juifs ont été déportés.

Sources : reportage TV. Sites internet.

 

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