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Elle avait été marraine des Poilus jusqu’au bout de tout, de ses revenus comme de ses nuits. Sans compter, la Messine Marie Sautet s’était lancée à corps perdu dans le soutien des troupes en envoyant plus de 250 000 colis à ses « filleuls » du front. Voici son histoire.


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Marraines de guerre, marraines de Poilus
Des lettres, des colis, des pensées… Par leur correspondance épistolaire salutaire, les marraines de guerre comme Marie Sautet ont soutenu le moral des soldats du front. Une chanson patriotique d’Alexandre Bruyant leur est dédiée, sur un air de « La Sérénade du pavé ».
La petite Dame de Metz
Républicain Lorrain du 11 novembre 1988

Voici l’histoire quelque peu oubliée d’une attachante figure messine étroitement liée à la Première Guerre mondiale. Destin singulier en vérité que celui de Marie Sautet, la « Marraine des Poilus ». On dirait un roman, et pourtant …
Le récit débute à Metz, le 15 mai 1859. Il est Il heures du soir, lorsque naît dans la famille Etienne, une petite Marie… Son père est un rentier de Murville, âgé de 43 ans. Sa mère, Marie-Jeanne, née Lecuir est originaire de Mercy­le-Bas. Elle a 38 ans et deux grands enfants déjà : Joséphine 15 ans et Antoine 10 ans. Marie passe les premières années de sa vie au cœur de la cité messine dans un logement situé 61, rue Serpenoise. Une artère, un cadre, une époque si bien décrits dans « Le Magicien Muzot » de Mungenast (Editions Serpenoise). 1864 est une année de joie pour l’enfant du haut de ses cinq ans : sa sœur Joséphine se marie ! Mais c’est une année de tristesse aussi, avec la mort prématurée d’un père qu’elle aura si peu connu. Il faut qu’elle abandonne le logement de la rue Serpenoise pour s’installer avec Antoine et sa maman au 18, place d’Austerlitz, l’actuelle place Saint-Jacques. Lorsqu’à son tour son frère quitte en 1869 le domicile familial pour aller vivre et gagner sa vie, de biens difficiles heures se profilent pour Metz.
La France déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870. En moins d’un mois l’armée impériale de Napoléon III est anéantie. Elle subit défaite sur défaite dans une improvisation totale d’abord à Reichshoffen en Alsace, puis à Forbach et se replie précipitamment aux alentours de Metz. Le 18 août, l’armée du maréchal Bazaine et celle du prince Frédéric-Charles de Prusse se heurtent à Gravelotte en une sanglante mêlée demeurée historique. C’est alors que le sort bascule.
Le blocus
Les troupes françaises se replient sur les forts et la ceinture de Metz, encerclée par l’armée prussienne. Le début du blocus de la ville commence. Aux 50 000 habitants de la cité sont venus se joindre intra-muros près de 20.000 réfugiés des campagnes environnantes tandis qu’aux alentours des remparts stationnent dans la boue et le doute plus de 150 000 soldats contraints à un immobilisme forcé ou à de rares et sanglantes tentatives de percée. Le maréchal Bazaine est hésitant sur la conduite à suivre car l’empereur Napoléon III est aux mains de l’ennemi et dans Paris assiégée la République vient d’être proclamée le 4 septembre.

C’est dans ce contexte de désarroi total que Metz connaît ses heures les plus noires. La ville, exemplairement dirigée par son maire Félix Maréchal, entend résister coûte que coûte, prête à verser son sang. Les réserves en vivres, sévèrement ponctionnées par l’armée, s’amenuisent de jour en jour. Les conditions sanitaires sont précaires et les épidémies menacent. Les soldats blessés affluent par milliers dans la ville vers les ambulances, les wagons installés sur l’Esplanade, les hôpitaux de toile, du jardin Boufflers, du Saulcy ou dans les baraquements en bois construits au Pontiffroy. Toute la population est mobilisée dans ces heures difficiles.
La petite Mère Courage
La veuve Etienne et sa petite Marie, à l’exemple des « Dames de Metz » vont participer avec générosité et courage à l’élan collectif de solidarité. Elles puisent sur leurs maigres réserves en provisions de bouche, sacrifient leur linge de maison pour confectionner des pansements qui font tant défaut. Elles ne ménagent ni leur temps, ni leurs économies, ni leur énergie pour tenter de soigner, de soulager les blessés. La relation du blocus de Metz, publiée en 1871 par le conseil municipal de la ville avec les minutes du siège, nous rappelle cette belle leçon d’humanité : « Les femmes montrèrent en ces douloureux moments un dévouement à la hauteur de nos épreuves. Leur charité patriotique se révélait chaque jour par mille traits nouveaux de bonté et de prévenante attention pour les blessés. Un même sentiment amenait et retenait près d’eux des dames élégantes, de modestes bourgeoises, des ouvrières : confondues, unies par une égale ardeur, toutes se prêtaient aux besognes les plus diverses et souvent les plus pénibles ».
Marie est âgée de onze ans seulement, mais c’est déjà un solide petit bout de bonne femme. On apprend vite au milieu de la souffrance ! Tous ces soldats atrocement mutilés dans leur chair pour défendre Metz et la France, elle ne les oubliera jamais. Tout comme resteront gravés dans sa mémoire les récits des terribles combats qui se sont déroulés à Borny, Noisseville, Saint-Privat, Mars-la-Tour.
Comment effacer d’ailleurs le souvenir de la Mutte qui sonne le glas en ce 28 octobre 1870 de tragique mémoire pour les Messins : « Signe ordinaire de réjouissance dans la cité, ses volées retentissant à cette heure d’angoisse, font l’effet du rire insensé que provoque parfois la frénésie de la douleur». Le lendemain les troupes françaises rendent les armes. La ville est livrée à l’occupant. Pour Metz, la Moselle et l’Alsace, l’heure de l’annexion commence. Elle ne s’achèvera que le 11 novembre 1918.
Article signé Francis Kochert [Républicain Lorrain du 11 novembre 1988][/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_video link= »https://www.dailymotion.com/video/x6wt3ro » el_width= »70″ title= »La marraine des Poilus »][/vc_column][/vc_row]

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