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                                        Le billet vert   ( suite du  Jeudi 20 Mai)

            3 témoignages : de la narration à l’émotion poignante, prenante, édifiante

                    Récits succincts de leur destinée, une vidéo finale les complétera

 

                                                     Samuel CHYMISZ

Né en 1920, 3 frères et une sœur. Arrive de VARSOVIE en 1927 à PARIS, rue Vaucouleurs quartier Belleville.

Son père est tailleur, il travaille avec lui confectionnant même des uniformes pour l’armée d’occupation.

Le 14 Mai 1941 le commissariat le convoque, ainsi que son frère Henri 19 ans, au gymnase Japy pour régularisation administrative. C’est avec confiance qu’ils s’y rendent, avec leur mère, un ami inspecteur de police les ayant rassurés sur ce sujet : simple vérification.  Ils y sont retenus avant d’être acheminés à Beaune la Rolande pour Henri et Pithiviers pour Samuel.

Henri se retrouve à AUSCHWITZ le 25 Juin 1942 où son frère Samuel l’y rejoint le 17 Juillet. Il est nommé « Stubendienst » c’est-à-dire kapo chef de baraque. Etant atteint du typhus il est évacué vers GLEIWITZ1 en Janvier 1945 puis MÜHLDORF2 annexe de DACHAU.

Son frère Henri est « assassiné » par les SS.

L’armée russe avançant les camps sont évacués, ce sont les « marches de la mort » et Samuel y survit. Il s’évadera juste avant la fin de la guerre.

Il sera le seul survivant sur les 38 membres de sa famille.

Décédé le 26 Avril 2009.

 

                                                                     Serge RODGOLD

Famille originaire de LUBLIN (S/E de Varsovie), le père Mordechaï est cordier. Serge a 2 sœurs Eva et Hélène (1931) et un frère Jean né en 1938.

En 1930 venant de LASKARZEN3 la famille s’installe à Paris, à la Butte aux cailles. Le père ouvre une boutique de brocanteur au quartier Kremlin Bicêtre. En 1940 il est recensé en tant que juif.

Lors de la rafle du billet vert, le 14 mai 1941, il est arrêté et envoyé à Beaune la Rolande, baraque 13. Affecté, par un gendarme de sa connaissance, au service postal du camp, lui permet de correspondre en cachette avec la famille, puis d’obtenir quelques provisions auprès des paysans du coin.

Déporté à AUSCHWITZ le 28 Juin 1942 d’où il ne reviendra pas.

Ayant échappé à la rafle de Juillet 1942, Serge part ensuite vers la zone SUD avec sa mère Etafaïge et les autres enfants à ISSOUDUN (Indre). Séparé de sa mère il sera caché dans différentes familles à Millau (Aveyron), sous le nom de RAUGIER.

Auteur d’un livre : Chère Edzia, chers enfants (2002)

 

              Berthe FALCMAN (BORKO)

Née le 5 février à Paris, d’une famille juive bundiste4, originaire de Pologne. Le père ARON est tailleur.

Il est arrêté ce même 14 Mai, envoyé à Pithiviers puis ensuite à AUSCHWITZ par le convoi  n° 4  du 25 juin 1942.

Depuis Juin 1942 Berthe est en vacances dans une ferme en Normandie chez Mme MENARD une nourrice dédiée, son père Aron demande à son épouse de ne pas la reprendre en juillet, comme prévu, mais de l’y laisser jusqu’à plus de sécurité.

Sa mère Rayzla est arrêtée le 16 Juillet 1942, la police lui demande de préparer une valise avec quelques affaires mais un des policiers, embarrassé par la crise qu’elle « pique », lui dit qu’ils reviendront la chercher plus tard.

Une amie juive, polonaise, justement de passage, consciente du danger l’emmène avec elle chez des amis juifs Hongrois, (qu’on ne peut déporter à cette époque), qui la cachent quelques jours.

Elle tente le passage en zone libre, mais arrêtée elle est dirigée vers un camp de regroupement à PAU en Août 1942. Mais depuis un certain temps Berthe, toujours en Normandie, est sous la bienveillance d’Henri AENDEKERK, employé de la SNCF, un ami Belge mais non Juif. Ce dernier la place chez des résistants Augustin et Jeanne DEVAUX5 à Condé sur Huisne (Orne).

Berthe sera reprise, car Augustin veut la baptiser, et rejoindra sa mère le 15 Février 1943, elle a 8 ans, à LACAUNE (Tarn) où sa mère est assignée à résidence, après la 1 ére rafle en zone libre, suite à l’assassinat de 2 officiers SS au Pont des Arts à Paris (6 éme Arrdt).

Berthe fréquentera l’école catholique de Lacaune, et ne découvrira que tardivement son « passé ». Deviendra des années plus tard Institutrice de maternelle, puis Professeur de lettres dans le secondaire. En 1973 elle réalise une thèse sur Albert COHEN6 et est l’auteur de plusieurs ouvrages (dont « L’enfant caché », « Chronique de la source rouge »).

 

Notes :

1°) camp annexe d’Auschwitz, ouvert en Mars 1944.

2°) en Bavière, avec un bunker destiné à la construction d’avions ou d’armes.

3°) à 60 km au S/E de Varsovie, lieu d’un massacre en 1939 et de déportation massive en 1942.

4°) de « Bund » : alliance de Dieu et des hommes ou association, ligue, société.

5°) fait « Juste parmi les Nations » le 26 octobre 1989 par Yad Vashem.

6°) écrivain et poète Suisse Romand, licencié en droit, d’origine juive, né en Grèce, puis résidant à Marseille (il y devint ami de Marcel PAGNOL), puis part en SUISSE où il se fait naturaliser.

 

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