Culture – Loisirs

Le fort de Queuleu, à Metz, propose une exposition consacrée aux « Malgré-nous »

Vendredi 6 mars 2020 à 7:32 –  Par Romain DézèqueFrance Bleu Lorraine Nord

Rue du Fort Queuleu, Metz, France

  • Le fort de Queuleu a rouvert ce weekend et propose, pour cette année 2020, une exposition dédiée aux « Malgré-nous ».
  • Ces 30 000 Mosellans enrôlés de force à l’armée allemande pendant la Seconde guerre mondiale.
  •  

C’est un épisode marquant, dans le Grand-Est, de la Seconde guerre mondiale : les « Malgré-nous », ces Mosellans et Alsaciens incorporés contre leur gré dans la Wehrmacht. À Metz, à l’occasion de sa réouverture annuelle, le fort de Queuleu met en avant cette histoire tragique, parfois méconnue. Une exposition en deux temps, avec d’une part plusieurs panneaux pédagogiques installés dans une salle, et d’autre part, la visite d’une partie jusque-là inexploitée du fort.

« Ce sont des salles de prisonniers où étaient amenés les réfractaires mais surtout les familles, les mères, les pères, les oncles et les tantes, rendus responsables du fait que leurs enfants ne partaient pas à la conscription sous l’uniforme allemand » explique Jean-Claude Laidenger, membre de l’association Metz Queuleu. Les traces de ce douloureux passé sont encore visibles dans l’une de ces salles, « il y a des traces de tirs ici, décrit Jean-Claude Laidenger, c’était le « jeu » favori de Georg Hempen, le commandant du camp, qui plaçait les prisonniers contre ce mur et s’amusait à tirer à balles réelles autour d’eux pour leur faire peur… »

Une exposition qui fait écho à l’histoire personnelle d’Annick, venu visiter l’exposition. Son père, Alfonse, fut enrôlé de force en 1942. « Avec d’autres Français, ils ont été envoyés en Russie, sur le front de l’est. Un jour, les officiers supérieurs ont eu un moment d’inattention et à ce moment-là, mon papa et ses copains se sont livrés aux Russes, pour être prisonnier volontairement afin d’échapper à l’armée allemande. Ça a été un traumatisme pour mon père. Quand il est rentré en France, il ne pouvait pas en parler… c’était une histoire cachée. Aujourd’hui, ça commence à sortir. »

Certains ont eu des difficultés à réintégrer leur famille et la société »

Cette exposition sert aussi à briser le tabou, encore bien présent, explique Thierry Nicolas, vice-président de l’association. Car le malaise est encore palpable. Certains ne comprenant toujours pas l’impossible choix qui était imposé aux « Malgré-nous ».

« On a eu des discussions avec certaines personnes qui jugeaient sévèrement ces gens-là, disant qu’ils auraient pu résister, s’échapper, etc. C’est pas simple. Comment on fait pour sauver sa peau et celle de sa famille ? Ceux qui sont revenus ont eu des difficultés à réintégrer leur famille et la société. Il faut comprendre que, dans certains cas, il fallait mieux être enrôlé dans l’armée allemande en imaginant – et c’est là toute la perversité du système – que toute la famille serait protégée. Ce qui dans certains cas, n’était pas le cas ! »

L’exposition et les visites ont lieu chaque dimanche, jusqu’en octobre.

 

Aller au contenu principal