Lettre à mon père.
PAPA,
Un certain 16 décembre 1969, tu es parti rejoindre les anges sans avoir pu me dire adieu.
Et surtout, sans jamais avoir pu me parler de tes souffrances endurées pendant la guerre 39-45 car tu évitais de ressasser les horribles souvenirs de cette guerre à l’origine de ton passage de vie à trépas.
Alors âgée d’à peine 13 ans, je n’ai pas trop bien compris, ni le sens, ni le pourquoi de ta disparition.
Toujours est-il qu’en voyant ton cercueil déposé sur un corbillard, recouvert du drapeau national, puis l’immense cortège te suivre jusqu’à ta dernière demeure, et, après avoir entendu, au pied de ta tombe, l’ultime hommage que t’ont rendu d’autres patriotes résistants tout en entonnant le célèbre et émouvant chant « ce n’est qu’un au revoir mes frères », j’ai compris que nous étions en train d’enterrer une importante personnalité !
Cette personnalité PAPA, c’était TOI !
Ce n’est que plus tard, ayant gardé le contact avec René, ton meilleur ami, que j ‘ai pu comprendre les tenants et les aboutissants de la chose car nous aimions relater des souvenirs vécus avec toi et, parler de toi, te faisait, en quelque sorte, revenir à la vie, le temps d’un instant !
Là, René a pu m’apporter les lumières afin que je comprenne que tu as été un héros et que tu as courageusement combattu pour libérer la France des griffes de l’ennemi ! Et de m’expliquer, en termes clairs, que tu es mort pour la France !Ce que je veux te dire ici, PAPA, c’est que pour cette raison, je suis fière de toi mais pas seulement !
Tu as été un PAPA aimant ! Pour toi, l’amour occupait une place primordiale dans ton cœur ! Rien n’était trop difficile pour toi, quand il s’agissait du bonheur de maman et de tes 3 enfants !
J’ai gardé intact, le souvenir de nos rires aux éclats quand tu me racontais tes histoires drôles, quand tu posais, sur ma joue, de tendres bisous, le soir avant de m’endormir, quand tu m’aidais à faire mes devoirs scolaires, quand tu me soutenais face aux agressions extérieures, quand tu m’apprenais le sens du respect, la droiture ; quand tu me donnais des leçons de civisme. En clair, quand tu me dirigeais pour devenir une personne responsable !
J’ai également le souvenir des stigmates sur ton corps traduisant ainsi, la souffrance et les blessures causées par cette ignoble guerre ! Cela n’a jamais été supportable à voir !
PAPA, avec toi et jusqu’à mes 13 ans, j’ai connu une enfance heureuse et comblée dans tous les sens du terme et, ce jour et pour tout cela, je tiens à te remercier du fond de mon cœur !
Heureuse, oui, très heureuse jusqu’au lendemain des 42 ans de maman, un peu avant Noël, ce fameux 16 décembre 1969, à 23 heures précises, où ma vie a basculé dans l’horreur car tu venais, sans crier gare, de fermer les yeux à tout jamais !
Ta brutale et inattendue disparition a été pour moi, d’une extrême violence avec des conséquences désastreuses !
Plus de PAPA pour me soutenir, ni pour m’aider à me développer dans mon quotidien, ni pour m’orienter dans les choix difficiles de la vie, ni pour m’aider dans mes devoirs scolaires, ni pour m’encourager quand le besoin se faisait sentir, ni de bisous et ni d’affection ! Tout simplement, plus d’amour, ce qui pourtant, est nécessaire au bon développement d’un enfant ! Je l’entends encore résonner dans ma tête tant tu le répétais !
Ta soudaine disparition a, bien évidemment, également causé la chute des moyens financiers et de ce fait, j’ai très souvent, avec maman, mon frère de 14 ans à l’époque, ainsi que ma jeune sœur de 10 ans, mangé du pain destiné aux lapins ! Le soir, à la sortie de l’école, je n’hésitais pas à rendre service aux personnes âgées du quartier dans l’espoir de récolter, bien sûr sans quémander savoir-vivre oblige, quelques francs que je remettais à maman afin qu’elle puisse nous acheter du pain frais et le minimum de nourriture qu’il nous fallait pour survivre car comme tu le sais, maman qui était handicapée, n’a jamais pu travailler pour subvenir à nos besoins !
Ce qui a également été très difficile à supporter PAPA, c’est le regard des autres, plus précisément celui de mes camarades de classe qui, pour certains, n’hésitaient pas à se moquer de nous car nous n’avions plus le même niveau de vie qu’avant ton irréversible départ pour l’éternité !
PAPA, j’ai, aujourd’hui, 65 ans et tu me manques de plus en plus ! Plus le temps passe, plus ton absence me fait souffrir ! Il ne se passe pas un seul jour sans que je ne pense à toi ! J’aurais tellement souhaité que tu puisses voir ce que nous sommes devenus et pouvoir, avec toi, partager petits et grands bonheurs de la vie comme, par exemple, ceux de connaître tes petits-enfants, de les chouchouter, de les dorloter comme tu le faisais avec moi mais ceci n’est plus qu’un rêve et ne pourra donc jamais se concrétiser ! Quel gâchis !
PAPA, toi qui es au Ciel, toi qui, pour LA LIBERTE de la France, tu as combattu l’ennemi, toi qui as souffert l’enfer pendant cette guerre, toi qui as résisté pour, finalement, t’éteindre quand-même, je te demande, dans cette présente, d’accorder TON PARDON à tous ceux qui, à l’heure actuelle, ne se souviennent plus de ton sacrifice, celui du don de ta vie pour qu’enfin, toutes et tous puissent profiter du bien-être qu’est de pouvoir vivre et évoluer dans un pays LIBRE !
Je pense plus particulièrement à notre président de la République qui, par son jeune âge, n’a certainement pas connu toute la misère provoquée par cette guerre mais qui, comme tous les citoyens français, profite de la situation d’une France libérée avec tout ce que cela signifie, salaire de 14000 euros, vie de luxe, sorties mondaines etc., et, qui plus est, a clairement démontré à la nation entière, lors de ses vœux 2022, son désamour pour la France puisque, fièrement, il s’est affiché devant l’Arc de triomphe SANS l’emblème national qu’est le drapeau tricolore et en omettant qu’à l’origine, nous sommes, en premier lieu, des citoyens FRANCAIS !
PAPA, j’ai été TRES choquée par le comportement de notre président au point d’en perdre le verbe car je considère cet acte comme une INSULTE faite au monde combattant ! Les bras m’en sont tombés ! La douleur demeure incommensurable !
PAPA, j’ai honte de ce personnage car en plus de la belle vie qu’il s’octroie grâce à la LIBERTE si chèrement acquise, il ne se souvient que de ses droits, mais oublie, sans vergogne, ses devoirs ! Et comme il le dit si souvent « Il n’existe pas de droits sans devoirs », cette phrase reprise à tout bout de champ, il ne l’adresse qu’au peuple ! Il occulte le fait qu’étant victimes de guerre, il est tout-à-fait légitime qu’il nous accorde la reconnaissance tant attendue ainsi que la réparation en nous indemnisant, à juste titre, pour les souffrances endurées par la guerre. Que nenni !
C’est pourquoi, PAPA, je réitère ma demande et sollicite encore une fois, au nom du peuple français, TON PARDON ainsi que le PARDON DE TOUS LES PATRIOTES, pour ces insultes qui vous sont faites car je considère, en fin de compte, que vous êtes TOUS MORTS POUR RIEN !
Ce président qui, le 11 novembre de chaque année, se rend au monument aux morts nous trompe et VOUS trompe en nous laissant croire qu’il compatit, alors qu’une fois de plus, il a ravivé la douleur en supprimant le drapeau français lors de ses vœux. Quelle hypocrisie ! J’ajoute qu’avec certains de ses acolytes, ils ne méritent pas les sièges sur lesquels ils sont confortablement installés quoique éjectables !
PAPA, ce président te doit TOUT ! IL TE DOIT LE PRIX DU SANG VERSE POUR SON CONFORT, POUR SA LIBERTE !
PAPA, je tiens à te dire que le fait que notre président VOUS renie de la sorte, me bouleverse et m’attriste profondément ! Il a, une fois de plus, remué le couteau dans la plaie qui ne se refermera jamais !
Maintenant, PAPA, je termine ma missive en te disant que quoiqu’il arrive, toujours, j’honorerai ta mémoire et jamais, je ne t’oublierai !
,Je t’aime PAPA, tu me manques !
Josiane Ott
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