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GRAND EST LE REPUBLICAIN LORRAIN
Marie Marvingt, la vie plein vent
Mickaël DEMEAUX
Avec trente-quatre décorations et dix-sept titres sportifs mondiaux, Marie Marvingt est la femme la plus décorée de l’Histoire de France. Photo d’archives DR
Pionnière du vélo féminin et de l’aviation, championne de ski, nageuse virtuose, héroïne de guerre, la << fiancée du danger >>, originaire de Nancy, reste la femme la plus décorée du monde. La cité ducale tente de faire entrer au Panthéon cette aventurière d’exception longtemps oubliée.
En 1881, Rimbaud voulait « acheter un cheval et s’en aller ».A croire qu’elle a eu plus de force que le poète des Ardennes. Elle aussi voulait s’en aller. Et elle l’a fait. Au guidon d’un simple vélo. Toute sa vie. Partout. Tout le temps, elle s’échappait sur les routes, exploit après exploit, prouvant que la femme pouvait être l’égale de l’homme. A plus de 80 ans, elle s’offrait d’ailleurs encore une petite balade entre Nancy et Paris avec sa « Zéphyrine », sa vieille bicyclette.
« J’aime le vélo par-dessus tout, parce que cela me donne une action, une activité. Et puis, cela me rend très service », expliquait-elle à la fin de sa vie.
Marie Marving! naît à Aurillac, dans le Cantal, en 1875. Son père, Félix, fonctionnaire des postes, et sa mère, Elisabeth, se sont rencontrés à Metz. Le couple se marie à Paris mais vit dans la capitale de la Moselle jusqu’à ce que la ville tombe sous le joug de l’Empire allemand. En 1880, la famille revient en Lorraine et s’installe à Nancy, place de la Carrière, à la mort d’Elisabeth en 1889. C’est avec son père qu’elle va grandir et qu’elle va apprendre à filer plein vent.
Elle monte très jeune sur un vélo et apprend à nager rapidement. Elle est douée. Pour tout.
En 1899, elle est une des premières femmes titulaires du certificat de capacité, l’ancêtre du permis automobile. Elle obtient une licence de lettres, étudie la médecine, le droit, décroche le diplôme, parle cinq langues, dont l’espéranto…En 1904, elle participe à sa première course à vélo entre Nancy et Bordeaux. En 1908, à 33 ans, elle pose sa candidature pour prendre le départ du Tour de France. On la lui refuse. Pas grave : elle se lance quelques minutes après les hommes et roule 5 000 km …
Marie Marvingt, c’est aussi de grandes performances dans les sports de montagne, le canoë, l’escalade, l’équitation, l’aviation (et notamment en ballon) … En 1910, elle est considérée comme la première « sportwoman du monde » et elle est très populaire dans la presse de l’époque. Elle reçoit alors la grande médaille d’or de l’Académie des sports. Elle s’engage aussi dans la Première Guerre mondiale déguisée en homme. Elle sera ensuite infirmière de l’air, ira au Maroc, en Mauritanie, sera journaliste et conférencière. En 1959, elle passe son brevet de Pilote d’hélicoptère …
Comme l’océanographe Anita Conti, l’aventurière Alexandra David-Néel, l’exploratrice Ella Maillart, la photographe Gerda Taro ou encore l’écrivaine Benoîte Groult, Marie Marvingt fait partie de ces êtres qui ne donnent pas de leçon, mais qui font.
A la fin de sa vie, elle était injustement considérée comme « l’emmerdeuse » de service. Auteure en 2020 d’un roman sur « La fiancée du danger » aux éditions Le Passage, Michèle Kahn s’en désole : « On ne devait pas la croire. On devait penser, à Nancy, qu’elle inventait. Elle est décédée dans un grand dénuement, dans un hospice de Laxou, et ses archives ont été détruites… C’est triste. Pour moi, Marie Marving ! mériterait d’entrer dans les livres d’Histoire tellement elle est exceptionnelle ! » assure la romancière.
A Nancy, on demande aussi qu’elle entre au Panthéon. Ce ne serait que justice.
Marie Marvingt aimait le vélo par dessus tout. Photo DR Nancy-Paris à vélo : Marie à plus de 80 ans. Photo d’archives DR
Marie Marvingt s’engage aussi dans la Première Guerre mondiale déguisée en homme.
Roman de Michèle Kahn sur /’histoire de Marie Marvingt. Photo ER/Mickael DEMEAUX
Marie-Marvingt en hélicoptère, un Djinn1221 en février 1958 Photo ER/DR
Marie Marvingt Photo ER/Lea Boschiero
Plaque d’identité du vélo de Marie-Marvingt. Photo Patrice Saucourt/L’Est Républicain Photo ER/PATRICE SAUCOURT
Un voyage en ballon au départ de la pépinière de Nancy Photo ER/Frede BRACONNOT
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