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Esther Senot ,Ginette Braem, Albert Corrieri (101 ans)
Des témoignages qui durant une semaine ont tenu en haleine un jeune auditoire

 Le jeudi 13 avril, au matin, Esther Senot, survivante d’Auschwitz-Birkenau, a témoigné devant les élèves du collège Pierre Gassendi de Rocbaron, commune du Haut-Var. Néo Verriest était assisté par Ginette Braem, elle-même pupille de la Nation, dont nous avions publié le témoignage il y a deux ans (https://pupille-orphelin.fr/2021/05/26/la-vie-dune-pupille-de-la-nation-dont-le-pere-a-ete-rescape-des-camps/). Ginette s’est d’autant plus engagée dans cette démarche que son père a été déporté à Mauthausen, où Esther a été libérée le 5 mai 1945.L’après-midi, devant cent quarante élèves des écoles primaires du Beausset, Néo a fait intervenir Albert Corrieri, survivant de la rafle du Vieux Port de Marseille, dont nous avions publié le témoignage récemment (https://pupille-orphelin.fr/2023/03/08/albert-corrieri-deporte-dans-les-camps-nazis-temoignage-de-neo-editeur-fnapog/). A la fin du mois de mai, Albert fêtera ses 101 ans. Et c’est avec beaucoup d’émotion qu’il a relaté devant les enfants le tragique passé de Marseille.

 Le vendredi 14 avril, Esther Senot est intervenue devant les élèves du collège de La Navarre, à La Crau… quelques heures avant son départ vers Paris. Ainsi, le message qu’elle a porté tout au long de la semaine, a résonné une fois de plus devant les citoyens de demain. Une fois de plus, l’émotion était palpable lorsque Esther a relaté ses retrouvailles avec sa soeur, déportée à Birkenau dix mois avant elle. « Un matin je ne l’ai pas vue à l’appel, elle n’avait pas pu se lever, envoyée aussitôt au revier, l’anti-chambre de la mort. J’ai trouvé ma soeur allongée sur une paillasse, en train de cracher du sang. Elle me souffle : « Ecoute, pour moi c’est terminé. La guerre va bientôt finir, toi tu es jeune, tu as l’air de tenir le coup. Promets-moi, si tu reviens, de raconter ce qu’il s’est passé ici, ce que des hommes ont été capables de faire à d’autres, tous les crimes auxquels on a assisté ». Elle s’est levée légèrement, elle m’a prise dans ses bras, et elle m’a dit : « tu me promets, tu me promets que tu tiendras le coup jusqu’au bout pour raconter ». Je lui ai promis et je suis partie au travail… Quelques heures après, Fanny était selectionnée pour les chambres à gaz ». Depuis près de quarante ans, Esther tient cette promesse.

 Nous nous permettons de citer, parole conclusive de cette dense semaine de transmission de la mémoire, l’appel qu’Esther Senot a lancé :

 « Les guerres actuelles ne se déclenchent pas seulement pour des raisons politiques, mais si l’on s’en réfère aux conflits qui ensanglantent notre monde actuel, pour des raisons idéologiques, ethniques ou religieuses. Nous ne sommes plous qu’une poignée de survivantes et survivants, et c’est à vous les enfants que je m’adresse maintenant. Je compte sur vous pour que, lorsque nous ne serons plus là, nous qui avons connu les camps et pouvons certifier qu’ils ont bien existé, vous fassiez preuve de tolérance et que vous reconnaissaiez le droit à la différence.Nous vous faisons confiance, vous êtes notre avenir, ne nous décevez pas. Faîtes preuve de tolérance, de compréhension si vous voulez continuer à vivre dans un monde de paix. Vous vivez en France, dans un pays démocratique, alors essayez de le protéger le plus longtemps possible ! »

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