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Normandie : le dernier soldat caennais de la France libre, Claude André, est décédé

Engagé à 15 ans dans la Résistance caennaise au début de la Seconde Guerre mondiale, le soldat de la France libre est décédé chez lui à Caen à l’âge de 95 ans.

Claude André s’est engagé dans la Résistance dès ses 15 ans. Association Fidélité gaulliste

Par Esteban Pinel Le 9 mars 2020 à 14h36, modifié le 9 mars 2020 à 20h02

L’anecdote prête à sourire. Le 8 mai 1945, jour de l’Armistice, Claude André « avait pris une bonne cuite », comme il l’avait confié au journaliste de France Bleu Jean-Baptiste Marie, le 8 mai 2019, 75 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce « sacré monsieur », engagé dans la Résistance dès ses 15 ans, soldat de la France libre, est décédé le 3 mars à l’âge de 95 ans.

Né en 1924, il avait rejoint un réseau de résistants à Caen (Normandie) dès le début de la guerre. « En 1942, il a vu une affiche qui appelait à s’engager dans la Marine nationale. Et il s’est retrouvé mobilisé en Afrique du Nord », raconte Jacqueline Baruffolo, vice-présidente de l’association Fidélité gaulliste de Basse-Normandie, à laquelle adhérait le combattant.

Mais le jeune Caennais avait quelque chose de bien précis en tête : « Rejoindre le général de Gaulle en Angleterre. » Il s’embarque alors clandestinement dans un navire des forces françaises libres stationné à Alger et rallie la Grande-Bretagne. Le Normand devient déserteur aux yeux du régime de Vichy, qui le condamne à mort.

Sa famille décimée en 1944

Formé à la marine à Portsmouth, Claude André est missionné sur des corvettes pour escorter des convois marchands entre l’Angleterre et Terre-Neuve. « Il a appris à avoir l’oreille pour repérer les sous-marins », glisse Jacqueline Baruffolo. Ses talents seront déterminants début 1943 : « Il a détecté un bâtiment ennemi, que la corvette a pu torpiller avant qu’il ne fasse des dégâts. »

De retour à Caen en novembre 1944, Claude André retrouve sa mère, qui lui apprend la mort de son père et de son frère dans les bombardements du 6 juin 1944. « Ma famille a payé cher, mais bon, la France a été libérée », déclarait-il à France Bleu en mai 2019. Après le conflit, le soldat se fait discret sur ses faits d’armes. Il s’investit dans le sport, devenant dirigeant d’un club de tennis caennais pendant 30 ans, ou encore directeur sportif adjoint du Caen Basket Calvados.

Un déclic va bousculer ses dernières années, explique la vice-présidente de Fidélité gaulliste de Basse-Normandie : « Il a rencontré un autre ancien de la France libre il y a six ou sept ans. C’est à partir de ce moment qu’il a décidé de témoigner de son expérience. »

Un témoignage pour les jeunes générations

Dès lors, Claude André « se montre beaucoup plus dans les cérémonies » et « partage son histoire avec les enfants, qui lui posaient beaucoup de questions ». Il rejoint l’association gaulliste en 2016. Jacqueline Baruffolo découvre « un homme attachant, très gentil et respectueux ». Elle loue son humilité et son sens de l’humour : « Il était charmant et charmeur. A nos assemblées générales, il demandait en souriant qu’on place une femme à ses côtés. »

Pendant les commémorations des 75 ans du D-Day en juin, il avait longuement discuté avec Emmanuel Macron lors de la cérémonie à la prison de Caen. L’homme tenait à ce que « [son] témoignage serve aux jeunes générations ».

 

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