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Par Stéphanie RAMOS

Selon Ernest Renan, la nation repose sur l’existence d’un peuple parlant la même langue, partageant une culture commune en plus de la langue.

Mais comme il l’expose, une nation, ce n’est pas seulement un sang ou un territoire, c’est la volonté de vivre ensemble. En se reconnaissant une histoire commune et se projetant dans un avenir commun.

La France a été confiante dans les vertus d’assimilation en accordant d’office la nationalité française à « un individu né en France d’un parent étranger qui y est lui-même né ». Il faut pour cela, en vivant sur le sol français, marquer sa volonté d’assumer les droits et les devoirs du citoyen.

Par rapport à d’autres pays, la France a eu tendance à privilégier l’homogénéité culturelle : quadrillage administratif fondé sur la centralisation et la départementalisation. C’est Louis XIV qui a fait progresser la centralisation, après avoir attaché plusieurs provinces au royaume.

Il n’a pas hésité à écrire aux Perpignanais, jusque-là sujets du roi d’Espagne, pour leur ordonner de s’habiller « à la française ».

Avant cela, Mazarin avait créé le collège des Quatre-Nations afin que les jeunes aristocrates des nouvelles provinces soient éduqués et retournent chez eux diffuser les bonnes pratiques de Paris et de la cour.

La Révolution va amplifier cette volonté d’homogénéité.

Les droits de l’homme, universels, devraient être imposés à tous.

L’expansion coloniale va donner à l’assimilation une dimension missionnaire.

Dans les discours télévisés, certains parlent « d’intégration » parce que c’est un mot qui implique un processus économique et social, le respect de la loi, mais qui ne concerne pas le mode de vie.

Le facteur religieux est un des débats principaux.

Et pourtant, nous sommes plus unis qu’au XIXème siècle.

Les premiers à connaître l’assimilation ont été les Bretons, les Alsaciens et les Provençaux… et ce ne fut pas toujours simple.

Il faudrait aujourd’hui face à des Lycéens poser la question suivante : les règles religieuses vous conduisent-elles à adopter des comportements contraires aux lois de la République ?

Les Romains par exemple étaient ouverts : ils ne voyaient aucun problème à ce qu’une personne venue d’Espagne devienne empereur. Ce fut le cas d’Hadrien, mais il fallait parler latin et respecter la culture romaine.

En revanche, les Etats-Unis ont eu beaucoup de mal sur le sujet parce que l’origine de leur multiculturalisme est racialiste. Tocqueville avait observé que les Indiens refusaient de rejoindre la société américaine car ils ne seraient jamais traités comme des Américains.

La France a été l’école des valeurs universelles.

Les petits devaient au primaire apprendre à lire, écrire et compter.

Et l’école devait donner une instruction morale et civique.

1881 établit la gratuité de l’enseignement public primaire.

Afin de fonder une unité nationale, la France va créer une mythologie héroïque qui fonde cette unité par un récit rassembleur. Vercingétorix, Jeanne d’Arc, Bayard, les héros de l’histoire sont revisités.

La France, qui jadis rêvait de gloire, a été humiliée : la chute de Napoléon Ier, la perte de l’Alsace-Lorraine au profit des Allemands sont restées une plaie béante. De même, l’affaire Dreyfus, cet Alsacien de confession juive, défendu par Zola, déchirera la France.

La révolution industrielle va créer un abîme entre les bourgeois et les ouvriers.

Aujourd’hui, on panthéonise aussi beaucoup.

Le temple des grands hommes de la patrie, c’est le Panthéon.

Simone Weil acceptera d’y reposer qu’accompagnée de son mari.

Quant au Bleu, blanc, rouge ?

Né le 17 juillet 1789, quand Louis XVI, reçu à l’hôtel de ville, trois jours après la prise de la Bastille, accepte de mettre son chapeau à côté d’une cocarde blanche, symbole du commandement militaire, les cocardes bleu et rouge, emblèmes de la ville.

Très vite, la cocarde va devenir drapeau.

Ce drapeau, bleu, blanc, rouge, il va être :

Grandiose sous Napoléon, rejeté à la Restauration par les Bourbon.

Un poète, Alphonse de Lamartine, va rendre indissociable du destin de la France ce drapeau tricolore.

A partir de 1870, de septembre 1870, sous la IIIème République, la bannière tricolore devient, comme Marianne, l’emblème de la République.

Au point que…

En 2022,

Emmanuel Macron, qui, au début de sa présidence française du Conseil de l’Union européenne, avait fait installer à sa place un drapeau européen aux douze étoiles, a dû le faire enlever très vite… parce qu’on criait au scandale !

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