Le 15 décembre 1941, 100 résistants étaient fusillés par l’occupant allemand, en représailles à des attentats. Au Mont-Valérien, mais aussi à Caen, à la caserne Claude-Decaen.
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C’est un épisode de la Seconde guerre mondiale que peu d’habitants de Caen (Calvados) connaissent. De ces histoires qui font la grande. Le 15 décembre 1941, alors que la France est occupée par les Allemands, une centaine d’hommes ont été fusillés, parce qu’ils étaient juifs, communistes ou anarchistes.
La majorité de ces victimes est connue sous le nom de « fusillés du Mont-Valérien », leur exécution ayant eu lieu dans la forteresse située sur cette colline de Suresnes, près de Paris. Mais ce jour-là, neuf autres personnes ont été fusillées au bord de l’étang de la Blisière, à Châteaubriant (Loire-Atlantique), trois à Fontevrault-l’Abbaye (Maine-et-Loire). Et treize à Caen. Une cérémonie pour leur rendre hommage est prévue le samedi 11 décembre 2021 à 10h30, devant la plaque des Fusillés du 43e Régiment d’artillerie, avenue Guynemer.
Le « code des otages »
Ces treize hommes s’appelaient Émile, Henri, Léon, Octave ou Michel. Ils avaient été désignés par les autorités allemandes, pour être exécutés en représailles aux attentats perpétrés à Paris par la Résistance, à l’automne 1941. Notamment ceux du 28 novembre à l’Hôtel du midi, rue Championnet, dans le XVIIIe arrondissement, et celui du 7 décembre, dans un restaurant. Pourtant, ils n’avaient rien à voir avec ces explosions…
Parmi les treize otages fusillés à Caen, se trouvait ainsi Lucien Sampaix, journaliste et secrétaire général de L’Humanité. Henri Darracq, lui, avait été candidat communiste aux élections municipales de mai 1935, dans le IIIe arrondissement, puis secrétaire de section dans ce même quartier. Cuisinier de profession, il avait également créé le syndicat CGT de l’hôtel Lutétia, où il travaillait, et animé de grandes grèves en 1936 et 37.
Durant la guerre, il avait relancé clandestinement la section du Parti. Henri Darracq a été arrêté le 30 août 1941, en compagnie de son ami Paul Vaguet, lui aussi fusillé à Caen le 15 décembre 1941. Comme les autres, ils étaient originaires de région parisienne, et avaient été choisis à ce titre par l’occupant.
Michel Farré, le jeune mécanicien de Colombelles
Seule exception à cette règle, le jeune Michel Farré. Ce mécanicien de 20 ans était originaire de Mondeville et vivait à Colombelles. Il avait été arrêté le 26 septembre 1941, alors qu’il distribuait des tracts du Parti communiste clandestin. « Il avait réussi à s’échapper, mais s’était réfugié chez sa mère, raconte Jean Quellien, historien spécialiste de la Seconde guerre mondiale. Les Allemands l’ont retrouvé sans difficulté… » Aujourd’hui, une rue porte son nom à Colombelles, tandis que Mondeville lui a donné le nom de son stade de football.
Tous ces jeunes gens ont été amenés, par groupes de deux, devant le peloton d’exécution, devant l’actuelle Polyclinique du parc. « À 10h18 précisément », note Jean Quellien. Tous avaient écrit des lettres à leurs familles, avant d’être passés par les armes en criant « Vive la France ! ».
« Ces textes ont été récupérés par le Parti communiste, explique Jean Darracq, puis retranscrits par Aragon sous le titre de Témoin des martyrs. » Imprimés sur des tracts, lus à Radio-Londres et Radio-Moscou, ces textes ont eu pour conséquence de galvaniser la Résistance, et de mettre fin au « code des otages ». Jean Darracq, qui avoue redouter la résurgence actuelle de l’extrême-droite, reprend :
Bien qu’anonymes et dispersées dans plusieurs cimetières de la ville, les tombes des treize fusillés de Caen avaient ainsi été fleuries dès le lendemain du 15 décembre 1941.
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