Rafle de Chambon sur Lignon, le 30 juin 1943
Ce 29 juin 1944, la police allemande investit le foyer universitaire du Lignon, foyer qui est un centre d’accueil pour étudiants. Elle fouille chaque pièce, contrôle l’identité des résidents et les interrogent.
Dix-huit personnes de toutes origines, de toutes confessions sont arrêtées dont le directeur Daniel TROCMÉ. Cinq d’entre elles seront identifiées comme « juives » et seront dirigées vers AUSCHWITZ destination fatale, comme chacun sait.
Leur professeur Daniel TROCMÉ, cousin du pasteur André TROCMÉ est envoyé au camp de Lublin/Majdanek1 puis fusillé par les SS. Le médecin du Chambon fournisseur de faux papiers aux juifs est arrêté le 20 avril 1944. Il sera conduit à la prison Montluc de Lyon et fusillé lui aussi. Ont contribué à l’établissement de faux papiers Pierre PITON et Aimé MALECOT.
Ce village huguenot de Chambon, en Haute-Loire, est en zone libre jusqu’en novembre 1942, jusqu’à ce que la Wehrmacht envahisse le sud de la France.
Le pasteur André TROCMÉ, résidant depuis 1934 et fondateur du collège cévenol en 1938, est à l’origine de la désobéissance civile pacifique avec son compère Édouard THEIS. Ce dernier est en contact avec des quakers américains dont un des responsables est Burns CHALMERS.
Celui-ci affirme pouvoir obtenir la libération de juifs adultes, enfants des camps de Gurs (Pyrénées-Atlantiques), les Milles (Aix-en Provence) et Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) mais son problème est où les loger.
André TROCMÉ promet à Burns que son village du Chambon accueillerait ces réfugiés, soit chez des particuliers ou maisons (7) bâties spécialement pour eux. Cela avec l’aide matérielle et financière des quakers et de la Croix Rouge suisse. En cas de danger ces réfugiés partent se cacher dans la montagne proche.
A ces refugiés juifs s’ajouteront Espagnols, Allemands antinazis et réfractaires au STO.
Avec la police de Vichy tout se passait relativement bien celle-ci allant même quelquefois jusqu’à avertir les villageois de leur arrivée pour fouiller leur maison. Mais l’arrivée des forces allemandes les obligèrent à renoncer à cette pratique.
Les pasteurs TROCMÉ et THEIS furent arrêtés par la police française le 12 février 1943, de même que le directeur de l’école Roger DARROSAC. Ils furent libérés le mois suivant et reprirent leurs activités dans la résistance jusqu’à fin 1943 où ils se cachèrent pour éviter une nouvelle arrestation. C’est Magda TROCMÉ qui s’occupa de gérer les différentes activités.
Ce jeudi dernier, 27 juin donc, eut lieu une commémoration à l’Espace d’Art Contemporain (qui est implanté à la place du foyer) par les élèves SEGPA2 du collège du Lignon. Un travail préparé par les professeurs et leurs élèves qui s’exprimeront ce jour là en énumérant les noms des 18 personnes raflées.
Puis lecture par Arlette et Marc SIMON, céramistes, les propriétaires ce cet espace d’un texte rédigé par la fille de Jean-Claude SCHOEN, raflé ce 29 juin 1943.
Ensuite Mme Floriane BARBIER responsable de ce lieu de mémoire, sis 23 route du Mazet au Chambon (43400) évoque cette rafle en dévoilant une fresque, représentant ces martyrs, travail réalisé par ces mêmes élèves.
Un érable du japon sera offert3, arbre symbole de résistance, de beauté et de force. Les racines sont le passé, les branches et feuilles sont elles tournées vers l’avenir.
Notes :
1°) Au sud-est de la Pologne. Camp d’extermination nazi depuis 1941 et de prisonniers de guerre polonais et soviétiques. Fermera en 1944.
2°) Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté : classe d’une quinzaine d’élèves, présentant certaines difficultés scolaires.
3°) dans cet érable, dix huit étoiles seront déposées par les élèves.
Remarques :
En 1990 tous les habitants du Chambon et des alentours furent reconnus comme « justes parmi les nations ».
En 2007 ce sont 40 habitants qui se verront décernés le titre de « juste parmi les nations »
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<>Cette même année une cérémonie eut lieu au Panthéon à Paris..
Puis fait exceptionnel : il y a 2 ans, un don de 2 millions d’€ a été fait à cette commune de 2 500 habitants par un juif autrichien, sauvé par ces villageois, Eric SCHWAM. Ce dernier ayant fait carrière comme pharmacien à Lyon, et sans descendance.
Ont été sauvées, quelques personnalités : Alexandre GROTHENDIEK mathématicien, André CHOURAQUI et Jacob GORDIN philosophes, Jules ISAAC et Léon POLIAKOV historiens. Albert CAMUS y vint en 1942/43 soigner sa tuberculose.
Un ouvrage : « Aurais-je été résistant ou bourreau » de Pierre BAYARD 2022.
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