Résilience, mais quelle résilience devant ces injustes destins
aggravés par la pandémie ? !!!
Comme nombre de nos camarades, Maurice s’est éteint, il est le troisième de notre délégation durant ces dernières semaines !
Bien sûr il fut entouré des siens géographiquement proches, bien sûr nous étions présents lors de la cérémonie officielle de départ, mais pour cause de confinement nous n’avions pu réunir notre conseil d’administration depuis des mois.
Cette amitié qui nous lie, le Covid l’a mise à mal, surtout parmi les plus âgés d’entre nous.
Nous aurons toujours en mémoire le sourire de Maurice qui faisait avec sa Famille des kilomètres pour nous rejoindre, depuis de longues années.
En secret, nous avions nourri l’espoir d’obtenir pour lui l’insigne spécial décerné aux victimes civiles de la guerre, insigne décerné à tout civil, sans condition d’âge ou de sexe, blessé ou mutilé du fait de la guerre selon les dispositions du décret du 1er juillet 1918.
Ces dispositions ont été reconduites pour la guerre de 1939- 1945 !
Maurice portait dans sa chair, dans son cœur les stigmates de ces blessures, il nous l’avait dit dans un des premiers témoignages recueillis parmi nos adhérents.
Le médecin l’avait confirmé dans un certificat médical récent !!!
Mais quelle naïveté de la part de la Présidente que je suis, c’était sans compter sur le poids de la bureaucratie, c’était si simple, il suffisait que notre Ami ait été titulaire d’une pension civile de la guerre !!!!
Relisez son récit, suivez le parcours de Germaine veuve avec ses deux enfants, mais pourquoi à l’époque ne lui a-t-on pas dit que son fils pouvait bénéficier de cette pension ? Nous pupilles qui avons été aidés dit-on jusqu’à l’âge de 21 ans ?
Il est parti sans cette reconnaissance, cette réparation que nous exigeons, pour lui pour nous, il n’y a pas de résilience possible, pour lui pour nous, nous poursuivrons le combat contre l’inégalité et l’injustice
Le récit de Maurice
Le 18 JUIN 1944, les Allemands ont fait des essais de tir de 150 aux environs de Saint-Lô. Nous étions partis nous réfugier à la campagne car Saint-Lô était en ruine.
Mon père travaillait aux pompes funèbres de Saint-Lô. Nous étions un groupe de 21 personnes. Un obus est tombé,12 personnes sont tuées et 8 gravement blessées.
Mon père, blessé ne reçoit pas les soins nécessaires et meurt de la gangrène. Il est mort pour la France, mais a été enterré à l’orée d’un bois car les villageois n’ont pas voulu de lui dans leur cimetière !
Moi-même (11 ans) gravement blessé par des éclats d’obus à différents endroits du corps, je suis hospitalisé 3 mois. Ma mère, alors veuve de guerre était seule pour s’occuper de moi et de ma jeune sœur (2 ans). !
Nous ne pouvions pas retourner dans notre logement et étions hébergés par des familles. Ce fut une période très difficile pour ma famille.
A l’époque, il n’y avait pas de cellule psychologique. Ma mère veuve très jeune ne s’est jamais remariée. Je porte à jamais les cicatrices sur mon corps et dans mon cœur de ce jour-là.
Maurice Durand
Le journal de Germaine !!!!!!
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