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Roger Vandenberghe naît le 26 octobre 1927 dans le 14ème arrondissement de Paris.

C’est le sous-officier le plus décoré de l’Armée de terre française du 20ème siècle, avec dix-huit citations et huit blessures, principalement gagnées à la guerre d’Indochine. Il mena un grand nombre d’opérations « coup de poing » de nuit derrière les lignes vietminh, à la tête de son commando de partisans vietnamiens surnommé « les tigres noirs ». Il faisait peur aux Viet-minhs à tel point que sa tête avait été mise à prix.

Son père Emile Raoul Vandenberghe, invalide de la 1ère guerre (gazé) d’origine belge, puis gravement atteint par la tuberculose, au chômage, doit partir peu de temps après dans un sanatorium pour se faire soigner.

Sa mère Toba Adler, née à Galatz, Roumanie, tente alors de subvenir aux besoins de sa famille en faisant des ménages, mais, malade à son tour, elle se résout finalement à placer Roger et son frère Albert, de trois ans son aîné, à l’Assistance publique en 1932. Ils passent là des années difficiles en internat. En 1935, ils sont confiés à deux familles de paysans béarnais du village d’Arthez-de-Béarn pour aider aux champs tout en continuant à aller à l’école.

Le père décède en 1939, la mère de confession juive (ce qui lui vaudra par la suite la déportation par le convoi 66 du camp de Drancy au camp d’Auschwitz le 20/01/1944. Elle n’est pas revenue de déportation).

Il veut s’engager dans la Résistance, mais malgré, sa forte carrure, il est refusé car trop jeune. Enfin, le 14 juillet 1944, à l’âge de 16 ans, avec son frère, il rejoint le Corps franc Pommiès, lequel d’un point de vue opérationnel, dépend directement du B.C.R.A de Londres. Il s’illustre rapidement au sein de cette troupe qui est la première à rentrer en Alsace. Le 10 janvier 1945, à 17 ans, il est blessé par l’explosion d’une mine alors qu’il menait une reconnaissance pour laquelle il s’était porté volontaire.

Cette action lui vaut d’être cité à l’ordre du régiment. À la fin de la guerre, Vanden, comme on le surnomme dès lors, décide de rester dans l’armée. Il est alors affecté le 12 février à la 2e compagnie du 49e régiment d’infanterie, formé des anciens du Corps franc Pommiès, qui est stationné en Allemagne.

Nommé caporal en 1946, il se porte volontaire avec son frère pour l’Indochine et rejoint le 2e bataillon de marche du Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient.

Le 11 janvier 1947, il embarque à Marseille.

Un mois plus tard, il arrive à Tourane en Annam et tombe sous le charme de ce pays qu’il lui semble connaitre depuis toujours.

Roger et Albert sont mutés à la 10e compagnie du 6e Régiment d’Infanterie Coloniale (RIC) et commandent chacun une section de supplétifs indochinois. L’un et l’autre se font remarquer par les succès qu’ils obtiennent sur le terrain.

Le 6 janvier 1948, Roger subit un coup dur : Albert, 22 ans et demi, titulaire de la Médaille Militaire et de 6 citations, est tué au cours d’une opération à Ha Dong. Dès lors, sa détermination n’en sera que davantage renforcée.

Après la mort de son frère, son destin se cristallise. Ce deuil terrible qui le prive de toute famille de sang sera probablement la principale source de sa motivation dans ses futurs combats.

Muté à la 5e compagnie du 6e RIC, avec le grade de sergent il multiplie les opérations audacieuses avec sa section de supplétifs. Chargé le plus souvent d’effectuer des missions de reconnaissance, avec une certaine liberté d’action, il s’infiltre dans les lignes de l’ennemi, assimile les modes opératoires de ce dernier et développe ses propres tactiques d’une manière empirique. Sa réputation, excellente, est vite établie, ce qui ne va pas sans susciter quelques jalousies !

Mais, en février 1949, il s’en faut de peu pour que le jeune sergent soit tué au combat, touché à la poitrine, une balle a manqué d’atteindre le cœur, il est rapatrié en France. Il est fait chevalier de la Légion d’Honneur à l’âge de 21 ans.

Après plusieurs mois de convalescence, il retrouve l’Indochine et accompli de nouveaux faits d’armes.

C’est ainsi qu’en 1951, à la tête de sa section, il ira récupérer le corps du lieutenant Bernard de Lattre de Tassigny, tué à l’ennemi lors de l’attaque de Ninh Binh.

Plus tard, le père de Bernard, ←←le général de Lattre de Tassigny, alors commandant le Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient, décide la création des commandos Nord-Vietnam. Il s’agit de mettre sur pied des unités légères avec des supplétifs, encadrés par des sous-officiers et des officiers français. L’objectif est de porter des coups au Vietminh en employant les mêmes méthodes que lui.

Ainsi, 8 commandos sont d’abord créés. Leur nombre montera jusqu’à 45 au total, dont le commando n°24, confié à Roger Vandenberghe avec le grade l’adjudant-chef.

Le général dira par la suite :« Que la France me donne cent Vandenberghe, et nous vaincrons le Viet-minh… » 

Ce commando n°24 dit commando « Vandenberghe », tout de noir vêtu, comprenait des partisans ainsi que des ralliés, peu nombreux au départ (environ 50) ; par la suite, il en augmenta le nombre, ce qui ne lui permit plus de suivre tout son monde et de s’assurer de la fiabilité de chacun.

Il multiplie les raids en territoire ennemi, ce qui lui vaut rapidement une solide réputation. Pour ce type de missions, menées dans les environs de Nam Dinh, Ninh Binh et Phu Ly, les hommes portent une tenue noire comme celle des paysans indochinois, également adoptée par le Vietminh. Et cela afin de créer de la confusion chez ce dernier… D’où le surnom donné à l’unité commandée par le jeune sous-officier : les « Tigres noirs ».

Ci-dessous ↓ ↓, quelques photos de ses actions qui se passent de commentaires.

Parmi les coups de mains audacieux de l’adjudant-chef Vandenberghe, l’on peut citer celui où, s’étant fait passer pour prisonnier de ses propres hommes déguisés en soldats du Vietminh, il a attaqué un PC ennemi après avoir parcouru plusieurs kilomètres en territoire hostile. Les documents récupérés à cette occasion renseigneront les forces françaises sur les préparatifs d’une grande offensive planifiée par l’état-major du général Giap.

Il aura avec lui des hommes qui égaleront son courage et reconnaîtront sa valeur de chef et d’éminent stratège qui a su assimiler les tactiques de ses adversaires. Il avait parfaitement compris et imité la méthode de la guérilla indépendantiste d’infiltration sur les arrières de l’adversaire, et avec une grande méticulosité, il décuplait l’efficacité de ses coups de main. L’adjudant-chef Vanden était un homme grand, athlétique, mais taciturne. Il ne fumait pas et ne buvait pas ; sa vie se résume à cette époque exclusivement à son commando et à l’Indochine qu’il adore. Redoutable combattant, ses hommes le suivaient partout.

Il fut trahi et assassiné par un de ses hommes, le 5 janvier 1952, le sous-lieutenant Nguien Tinh Khoï (ancien commandant de l’unité d’assaut du régiment 36 de la brigade 308 du Viêt-minh, capturé lors de la bataille du Day en 1951) le trahit et l’assassine pendant son sommeil à Nam Định. Vanden aura traversé la guerre d’Indochine comme un éclair et est mort à 24 ans.

Il est à noter que Vanden était sur le tableau d’avancement pour le grade de sous-lieutenant juste avant sa mort.

Sa tombe portait le numéro 263 au cimetière de Nam Định. Avec l’appui de plusieurs associations d’anciens combattants d’Indochine, son cercueil, ainsi que celui de son frère Albert, sont rapatriés en France dans leurs régions d’adoption en 1987, Albert au cimetière d’Arthez-de-Béarn et Roger au cimetière de Castillon, un village voisin. Une stèle en son nom domine la vallée du Béarn.

Honneurs et distinctions :

La 27e promotion (1968) de l’École nationale des sous-officiers d’active de Saint-Maixent-l’École porte le nom de Adjudant-Chef Vandenberghe.

Le Chœur Montjoie Saint Denis lui rend hommage par un chant homonyme sur leur album Chants d’Europe IV.

 

Décorations :

Chevalier de la Légion d’honneur (6 juillet 1949)

 Médaille militaire (27 juin 1948)

Croix de guerre 1939-1945 (1 citation)

 Croix de guerre des Théâtres d’opérations extérieurs (17 citations dont 9 palmes)

 Médaille des blessés de guerre (8 étoiles)

Citations :

  • Citation à l’ordre du régiment et attribution de la Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de bronze (9 février 1945)
  • Citation à l’ordre de la brigade et attribution de la Croix de guerre des TOE avec étoile de bronze (8 juin 1947)
  • Citation à l’ordre de la brigade et attribution de la Croix de guerre des TOE avec étoile de bronze (10 janvier 1948)
  • Citation à l’ordre de la division et attribution de la Croix de guerre des TOE avec étoile de d’argent (28 avril 1948)
  • Médaille militaire, citation à l’ordre de l’armée et attribution de la Croix de guerre des TOE avec palme (27 octobre 1948)
  • Citation à l’ordre du corps d’armée et attribution de la Croix de guerre des TOE avec étoile de vermeil (30 novembre 1948)
  • Citation à l’ordre de l’armée et attribution de la Croix de guerre des TOE avec palme (31 janvier 1949)
  • Citation à l’ordre de la brigade et attribution de la Croix de guerre des TOE avec étoile de bronze (14 mars 1949)
  • Citation à l’ordre de l’armée et attribution de la Croix de guerre des TOE avec palme (25 mars 1949)
  • Citation à l’ordre de l’armée et attribution de la Croix de guerre des TOE avec palme (21 avril 1949)
  • Chevalier de la Légion d’honneur, citation à l’ordre de l’armée et attribution de la Croix de guerre des TOE avec palme (6 juillet 1949)
  • Citation à l’ordre du corps d’armée et attribution de la Croix de guerre des TOE avec étoile de vermeil (25 août 1950)
  • Citation à l’ordre du corps d’armée et attribution de la Croix de guerre des TOE avec étoile de vermeil (16 décembre 1950)
  • Citation à l’ordre du corps d’armée et attribution de la Croix de guerre des TOE avec étoile de vermeil (19 septembre 1951)
  • Citation à l’ordre de l’armée et attribution de la Croix de guerre des TOE avec palme (19 septembre 1951)
  • Citation à l’ordre de l’armée et attribution de la Croix de guerre des TOE avec palme (13 décembre 1951)
  • Citation à l’ordre de l’armée et attribution de la Croix de guerre des TOE avec palme (22 février 1952)

Blessures :

  • [Blessé par mine (4 février 1945)
  • Blessé à la cuisse droite par éclats de grenade (23 octobre 1947)
  • Blessé à la cuisse droite par balle (21 février 1948)
  • Blessé à la cuisse gauche et au bras droit par explosion de mine (12 janvier 1949)
  • Blessé au thorax par balle (18 février 1949)
  • Blessé à la cuisse droite par balle (12 février 1951)
  • Blessé aux deux jambes par balles (30 mai 1951)
  • Blessé à la cuisse gauche par balle (16 septembre 1951)

Sources : mes documents et internet.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                        Serge Clay

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