Suzanne DEUTSCHMANN, une fin de guerre mouvementée

( photo France télé )

Dimanche 25 janvier 1945. Il fait bon ce midi dans la maison des DEUTSCHMANN. Cela fait plus d’un mois que les troupes US ont repris HAGUENAU (Alsace nord) le 11 décembre pour être précis.

                                                      Enfants d’Haguenau en route vers l’école

Tout est relatif, la situation locale étant instable. Cependant dans la maison où le repas se prépare l’ambiance est sereine, mais dehors ce n’est pas vraiment l’idéal il fait quelques degrés en dessous de zéro. Et une vingtaine de cm de neige tapisse les rues d’un voile blanc et rende l’atmosphère reposante et magique.
Qu’à cela ne tienne, on attend avec impatience l’heure du repas, surtout la petite Suzanne, 7 ans.
Le moment tant attendu arrive, déjà les papilles sont mobilisées, on salive. A table tout le monde ! C’est fait, le repas commence, très vite interrompu par un bruit de clochette. Qu’est-ce ? Pas la fée ! mais le tocsin : une alarme ambulante agitée par un élu et qui, en la circonstance avertit les habitants du retour des troupes allemandes.
Urgence : départ pour la sous-préfecture afin d’obtenir un laisser-passer permettant d’aller dans le sud, en franchissant les lignes alliées. Pendant ce temps, la Wehrmacht passe le nord du Bas-Rhin, arrive à Haguenau ce 21 janvier, la ville est coupée en deux.


La famille ne veut pas revivre dans la cave, elle décide de partir avec leur laisser-passer. Ce sera dans une charrette inconfortable, il fait froid les vêtements portés ne sont pas adaptés. Ils arrivent donc frigorifiés chez la tante de Suzanne à Batzendorf (Bas-Rhin, 25 km au nord de Strasbourg) proche de Hagueneau.
Le lendemain, direction la gare afin de prendre le train pour Goncourt (Haute-Marne) mais déception ce sera dans un wagon à bestiaux, le seul disponible. Toujours le froid, le voyage est pénible, difficilement supportable.


Enfin à Goncourt, la famille est accueillie par une personnalité locale qui les emmènent dans une grande maison où ils sont reçus avec chaleur par les voisins et amis.
Ils seront ensuite logés dans une ferme, participeront même aux travaux. Suzanne est bien dans ce lieu tranquille, pendant que la ville d’Hagueneau est le siège de terribles combats à la mi-mars 1945. Suzanne comme tous les enfants de son âge, joue dans les rues du village.


Puis un jour, les troupes US arrivent, traversent le village distribuant chocolat, bonbons, chewing-gum bien-sûr, fruits. Suzanne en récupère un bien rond de couleur orange, une espèce de balle. Sa mère lui dit que ça se mange, elle mord dedans…Pouah !…c’est amer, il lui manquait une précision : ça se pèle.. !
19 mars 1945 la guerre prend fin en Alsace. La famille rentre, retrouve sa maison mais dans quel état ? plus de toit, plus de vitres, l’intérieur délabré. Son père recouvre le toit avec du papier goudronné. Les travaux de reconstruction peuvent commencer, mais ce sera long avant de retrouver une maison où il fera bon vivre. Les voisins s’entraident rendant la tâche plus agréable.
Suzanne vit toujours dans cette maison où elle est née en 1937. Sa journée du 21 janvier 1945 lui revient parfois à l’esprit. Elle a donc connu 2 fois la libération de Hagueneau, ville à laquelle elle est très attachée.

commémoration du 8 mai 2024 (photo T.Dollinger)

 

Suzanne avec son fils Étienne explorant un album photo

Sources : divers sites internet.

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