La FNAPOG est adhérente de l’UFAC-VG, qui elle défend les Pupilles de la Nation et Orphelins de Guerre de tous les conflits, c’est avec plaisir que nous relayons sa Lettre mensuelle d’Informations (newsletter).
Voici la première Newsletter de l’UFAC !
VG
Cet envoi constitue le premier numéro d’une lettre électronique qui vous sera diffusée chaque mois depuis le Siège de l’UFAC.
Rédigée par Gilbert ROBINET, Conseiller technique du Secrétaire Général Michel HOULET et après validation par le Président Dominique LEPINE.
Cette newsletter a vocation à traiter de sujets à portée générale s’inscrivant dans le champ de compétence de l’UFAC. Diffusée auprès des Présidents des UDAC et des Administrateurs, liberté est donnée à ceux-ci pour la rediriger vers qui de droit.
Bonne lecture !
————————————————-
Pourquoi les Français doivent ils aimer la France ?
On ne sait pas fixer la date de naissance de la France. Tant mieux, car cela fournit un prétexte pour la qualifier d’éternelle. Son ancêtre, la Gaule romaine, s’est émancipée dans la brume glacée de la chute de l’Empire Romain. Les temps étaient obscurs, les chemins incertains. Puis, ont suivi des heures terribles où l’Europe, qui d’ailleurs se confondait alors avec la Chrétienté, a vu naître un petit royaume qui, après des siècles de patiente édification, de sacrifices royaux, de tumultes guerriers, de tractations de palais est devenu la France
Au cours du Moyen-âge, les territoires qui devaient la constituer ne se formèrent que lentement. Ce n’est qu’au début du 14e siècle que l’on parle, pour la première fois, de nation de France, même si Philippe Auguste, fort de sa victoire de Bouvines, a pu légitimement revendiquer le titre de roi des Francs, c’est-à-dire des Français, et c’est surtout au cours de la Guerre de Cent Ans que se forge le sentiment national français que Jeanne d’Arc a su si bien exprimer. Ce territoire de France, à la forme hexagonale, mais que longtemps après Vauban, son génial défenseur et l’inventeur de la formule, on qualifiera paradoxalement encore de pré carré, est « aimable » par sa géographie. La France a le tempérament tempétueux de la Méditerranée, la robustesse de ses massifs montagneux, le calme de ses volcans endormis, la langueur de l’Atlantique. Elle a acquis aussi, dans un passé plus récent, des départements et collectivités d’Outre-Mer qui lui ont offert la calme beauté du Pacifique, celle colorée des Antilles et de l’Océan Indien ou encore les panoramas sauvages des territoires glacés de l’Atlantique Nord.
Oui, la France est magnifique par l’équilibre de ses paysages, la variété de ses régions, les douceurs et les rigueurs de ses climats, la splendeur de ses montagnes et de ses rivages. Mais plus beaux encore sont les mots qui la décrivent et la célèbrent et les regards qui la contemplent.
La France a conquis sa place aux yeux du Monde par les armes, par ses discours, par sa science, par sa culture et même par sa gastronomie. Pour servir ces différents domaines, elle a vu jaillir de son peuple des hommes d’exception – souverains, chefs d’Etat, grands soldats, savants, penseurs, philosophes, poètes, écrivains, artistes – qui tous ont exprimé, à travers le regard qu’ils portaient sur elle, l’idée qu’ils s’en faisaient. Ce furent Clovis, Saint-Louis, Napoléon ou de Gaulle ou encore Turenne, Foch et Leclerc, mais aussi Lavoisier, Buffon et Pasteur sans oublier Diderot, Condorcet, Baudelaire, Verlaine, Zola, Hugo, Delacroix et les frères Lumière. Ce furent aussi des femmes de même facture comme Jeanne d’Arc, Olympe de Gouges, Louise Michel, George Sand, Sophie Germain, Marie Curie, Irène Joliot Curie, Charlotte Delbo, Simone Weil, Germaine Tillon ou Geneviève de Gaulle Anthonioz.
Cette profusion d’intelligence, de talents et de courage aussi ne constitue pas une diversité, mais, au contraire, une unité. Chacun de ces éminents personnages était particulier, mais la France ne bâillonne pas les particularismes ; en France, au contraire, chaque particularisme a sa place, mais, en revanche, la France ne saurait céder sa place à aucun d’entre eux. En France, les Français veulent pouvoir reconnaître partout la France !
Nombre de ces intelligences et de ces talents ont su décrire aussi les blessures de la France. Ils savaient que les taire aurait été pire que de les dire. La véritable grandeur de la France, c’est de dire aussi ses plaies et ses erreurs pour les inscrire dans l’universel humain. D’aucuns, aujourd’hui, se complaisent dans la repentance au prétexte que la France a colonisé, a pratiqué l’esclavage, a collaboré avec le régime nazi. On parle alors des heures sombres de notre Histoire. En vérité, ce furent là les conséquences d’humaines décisions, de chemins tortueux empruntés ou de directions prises jugées mauvaises aujourd’hui dans un contexte radicalement différent. Et c’est parce que son Histoire est pleinement humaine que la France ne doit pas en rougir. Elle est riche de conquêtes, de fêtes, de douleurs, de famines, de festins et de chansons. Elle est l’une des plus belles, des plus riches histoires qui soient.
Il y a donc mille façons de dessiner les contours de la France puisque l’on peut se référer aux hommes, à la langue, à la religion, aux fleuves et aux rivières, aux montagnes et aux collines, aux pâturages et aux vignobles, aux châteaux, aux églises, à toutes les vieilles pierres qui témoignent de l’œuvre et, souvent, du génie de nos pères, bref, à tout ce qui constitue l’Histoire de notre pays. Une Histoire qui, soit dit en passant, est une. On ne peut la découper en rondelles ; il faut la prendre tout entière ou la laisser. C’est Marc Bloch qui disait[1] : Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération.
Il faut aimer la France parce que, précisément, son histoire collective en fait un lieu de cœur, un lieu de partage d’un présent et d’un projet d’un futur, symbole d’une identité ancienne, transmise par la langue, le folklore, la gastronomie. On aime la maison qu’on a bâtie et qu’on transmet dit Ernest Renan[2]. C’est notre Patrie.
Mais cet amour n’est pas réservé qu’à ceux qui, par le fruit du hasard, sont nés sur le sol français. Il peut et doit être partagé aussi par ceux qui sont devenus Français, soit par désir, soit par nécessité, parce qu’ils ont subi, dans leur pays d’origine, des événements qui les ont contraints à le quitter. Qu’importe la façon dont doit apparaître et se développer cet amour : ce peut être le coup de foudre ou un amour qui se construit jour après jour, voire un amour « de raison ». Qu’importe aussi sa forme : amour passion au nom duquel on est prêt à tout donner, y compris sa vie, ou immense tendresse alimentée par les voix de tous ceux qui se sont tus après avoir apporté une pierre à l’édification de notre patrimoine commun. Ce peut être encore un amour acquis non par le sang reçu, mais par le sang versé[3].
C’est l’agrégation, dans le creuset commun de la Nation, de tous ces amours aux formes diverses qui constitue notre destin collectif. On pourrait aussi la nommer « solidarité nationale ». Cette solidarité a un ciment : c’est, comme disait encore Renan le sentiment des sacrifices que l’on a fait et de ceux que l’on est disposé à faire[4], affirmation que ma perception personnelle traduit par : c’est, simultanément, la commémoration du 11 novembre et l’engagement volontaire, dans l’armée de Terre, de jeunes Français d’origines diverses, y compris étrangères, qui savent qu’ils partiront en opération extérieure où ils risqueront leur vie.
La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances… affirme l’article premier de la Constitution du 4 octobre 1958. Certains peuvent donc légitimement être tentés de définir la France autour de la République et de la laïcité, mais d’autres autour des valeurs chrétiennes, d’autres encore en se référant à l’héritage de Pascal ou de Montesquieu, de Hugo ou de Zola, de Sartre ou d’Aron. Qu’importe si ce sont là, pour les uns comme pour les autres, leurs façons particulières d’exprimer leur amour de leur pays ! Ce qui compte, c’est la finalité, c’est à dire la constitution, autour de ces valeurs variées, d’une conscience morale partagée.
Aimer la France c’est avant tout un acte de foi. Foi en l’humanité, foi en la civilisation. Foi en un destin commun et en une vocation particulière. C’est aussi un acte de tolérance : tolérance envers ses différentes communautés humaines, philosophiques, religieuses ou culturelles.
Aimer la France c’est également comprendre et assumer ses faiblesses, ses peurs, ses douleurs. L’aimer c’est la protéger, la défendre, panser ses blessures, l’écouter.
Qui aime la France ne peut la trahir. Aujourd’hui les citoyens français amoureux de ce si beau pays doivent prendre garde à se doter d’élites qui ne trahiront jamais la France.
Gilbert ROBINET
Conseiller technique du
Secrétaire Général de l’UFAC
[1] En 1940, dans son livre « L’Etrange Défaite »
[2] Lors d’une conférence prononcée à la Sorbonne le 11 mars 1882 et intitulée : « Qu’est-ce qu’une Nation ? ».
[3] “Qui sait si l’inconnu qui dort sous l’arche immense,
Mêlant sa gloire épique aux orgueils du passé
N’est pas cet étranger devenu fils de France
Non par le sang reçu mais par le sang versé ?” Capitaine de Borelli – A mes hommes qui sont morts.- 1920. Référence à la Légion étrangère.
[4] Lors de sa conférence à la Sorbonne le 11 mars 1882 déjà citée.
Commentaires récents