Marie Sautet était la marraine des Poilus. Bienfaitrice et marraine de guerre durant la Première Guerre mondiale, elle a utilisé, avec son mari Alfred, Messin également, la totalité de sa fortune pour envoyer des colis aux soldats dans les tranchées.
Par Delphine DEMATTE –
À Metz, la rue Marie-Sautet, marraine des Poilus, est perpendiculaire à la rue Taison. Photo archives RL /Jean Emmanuel LAGES
Marie Sautet, ce nom vous dit quelque chose ? C’est le nom d’un passage, perpendiculaire à la rue Taison à Metz… Cette Messine au destin incroyable est née le 17 mai 1859. Fille cadette d’un rentier, elle passe ses premières années au 61 rue Serpenoise où elle restera jusqu’au décès de son père, en 1864. La guerre de 1870 entre la France de Napoléon III et l’Empire Prusse provoque le blocus de la ville. Marie et sa mère participent aux soins des malades de la typhoïde, la variole et des blessés aux côtés des Dames de Metz. Elle sera décorée, en 1871, par le médecin chef pour acte de solidarité. En 1882, elle épouse Alfred Sautet. Le couple s’installe à Paris où il tient une boutique de maroquinerie qui fera leur fortune, au 36 rue Réaumur.
Marraine des Poilus
Au début de la guerre, le couple aide les soldats mobilisés en leur envoyant des colis. Avec l’aide de cinq ouvrières, ils envoient, quotidiennement, des centaines de colis et cartes de soutien. Des entreprises les fournissent en tabac, chocolat, bonbons, boîtes de conserve et les blanchisseries ramènent le linge oublié. De tous les fronts, prisonniers ou blessés dans les hôpitaux confectionnent des souvenirs en remerciement des colis reçus. Certains envoient des dessins, photographies, poèmes, chansons ou fleurs séchées.
Tombe d’Alfred et Marie Sautet au cimetière du Père-Lachaise à Paris. Photo archives RL
Tombe d’Alfred et Marie Sautet au cimetière du Père-Lachaise à Paris. Photo archives RL
- 250 000 lettres, un million de colis
- Pour garder le moral des troupes, le couple envoie plus de 250 000 lettres, plus d’un million de colis et plus de 100 tonnes de tabac ! Une formidable générosité dans laquelle Marie et Alfred Sautet engloutiront toute leur fortune, soit près de 6 millions de francs de l’époque !Après la signature de l’armistice, Marie Sautet aide les soldats démunis, veuves et orphelins de guerre. Elle sera faite chevalier de la Légion d’honneur, chevalier de l’ordre d’Élisabeth de Belgique… En décembre 1935, Alfred Sautet décède et laisse 10 000 F seulement « pour ma femme et pour mon enterrement », volés par la concierge la veille des funérailles !
· Dans un hospice pour indigents
- Ruinée, Marie vit dans un hospice à Issy-les-Moulineaux. Elle est secourue grâce à une souscription des Anciens combattants avec 4000 F de rente viagère. Elle meurt le 10 janvier 1937. La patrie lui offre des obsèques nationales, financées par le président de la République et la ville de Metz. Marie et Alfred Sautet sont enterrés au cimetière du Père-Lachaise à Paris. Une exposition, qui s’est tenue jusqu’en février 2020, au cloître des Récollets a rendu hommage à cette femme exceptionnelle. La collection Marie Sautet, composée de 10 395 courriers, décorations, diplômes, journaux, photographies… est conservée en réserve du Musée de la Cour d’Or.
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