Le Républicain Lorrain

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MOSELLE

Le << bon Dr Jacquat >> met fin à 44 ans de vie politique

Philippe MARQUE

Denis Jacquat, lors de son retrait de la vie politique, au second tour des élections départementales et régionales, à Metz. Photo RL

Depuis  jeudi,  il n’est plus  élu nulle part.  A 77 ans, et après quarante-quatre années de mandats en tout genre, Denis Jacquat se retire de la vie politique. L’ex-député, adjoint au maire et conseiller départemental, revient sur ses années.

 Depuis jeudi 1er juillet, il n’a plus de mandat. Autant dire que cela fait un grand vide dans la vie de Denis Jacquot. A 77 ans, dont 44 passés dans la vie politique, le Messin a raccroché. Lors de ses adieux, au Club de la presse, il a distribué son impressionnant CV, long de… 5 pages : « Je l’ai trouvé pas mal. Je le donnerai à mes petits-enfants. Adolescent, je voulais être médecin. Je n’avais pas prévu de faire de la politique. Je n’en avais pas une bonne image. » L’ORL a finalement trouvé dans les deux ce qu’il aime par-dessus tout : le contact avec les gens.

En 1977, c’est Jean-Marie Rausch qui lui met le pied à l’étrier : « Je le connaissais de vue. Il m’a tutoyé d’emblée, m’a fait confiance et m’a pris sur sa liste, à condition que je ne dise rien ! » Le voilà adjoint aux affaires sanitaires et sociales du maire de Metz.

S’ensuivent sept mandats et 33 ans au conseil municipal, autant au conseil départemental et sept mandats et 31 ans sur les bancs de l’Assemblée nationale. Vertigineux f Comme son press-book et ses 15 000 coupures : « J’ai fait quatre tas et je les ai offerts à mes petits-enfants en fonction de leurs centres d’intérêt. »

  • Sa rencontre avec Jean Paul II

Son empathie légendaire lui vaut le surnom de « Bon Docteur Jacquot». Le qualificatif le suit jusqu’au Palais Bourbon : « Jean-Louis Borloo adorait m’appeler comme ça ! » Le  journal L’Equipe l’a aussi appelé« Dr Miracle» lorsqu’il était le médecin du FC Metz, de 1970 à 1986.

Denis Jacquat aura tout vécu de la politique, y compris un combat judiciaire de quatorze ans dont il sortira blanchi en 2019 en cassation, alors qu’il était accusé d’avoir utilisé l’Association mosellane d’aide aux personnes âgées et handicapées à des fins de propagande.

Adjoint au maire est le mandat qu’il a préféré : « J’ai eu beaucoup de délégations. Rausch nous laissait travailler. On n’avait juste pas le droit de dépenser un centime de plus.» Au niveau national, il est fier d’avoir réussi à faire supprimer le certificat de réintégration que devaient montrer les Alsaciens­ Mosellans après 1918. Il a aussi beaucoup œuvré sur la problématique des retraites.

Le privilège de la politique lui a permis de rencontrer les grands de ce monde, comme Jean-Paul II:

« C’était à l’occasion de la béatification du frère Arnould en 1987. C’est la seule fois où j’ai vu Jean­ Marie Rausch bégayer tellement iI était impressionné. A cette occasion, on a réussi ensuite à le faire venir à Metz. Un beau coup ! »

Le discours de l’ex-Premier ministre anglais Tony Blair à l’Assemblée nationale l’a aussi particulièrement marqué : « Mais j’ai également vu des mecs infects, comme Poutine au pied de la centrale de Tchernobyl.» Membre de l’UDF, de l’UMP puis de LR, cet élu de droite a aussi été un homme d’appareil hors pair, excellant dans les stratégies politiciennes.

  • Et maintenant la famille

Au moment de prendre du recul, le natif de Thiaucourt, près de Pont-à-Mousson, scolarisé chez les frères maristes, repense à ses parents : « Ils m’ont appris l’heure exacte. »  A son épouse Catherine, professeure de français qui a tant de fois revu ses discours. A ses deux enfants : Morgan, qui vit aux Etats-Unis, Gaël et son épouse, tous les deux décédés récemment : « C’est ce que j’ai eu de plus terrible à vivre dans ma vie. »

Aujourd’hui, c’est surtout vers ses quatre petits­ enfants que se tourne celui que les associations continuent à inviter à leurs assemblées générales comme ami et qui conserve un rôle auprès du maire de Metz, en charge du suivi des conseils de quartiers. Histoire de décrocher en douceur.

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