François Susky, né le 21 décembre 1927 à Velké Pavlovice en Tchécoslovaquie. Homme incroyable qui a appris le pilotage après avoir été enrôlé dans l’Armée rouge. Il est ensuite passé à l’Ouest après la guerre, aux commandes de son avion. Puis il s’est retrouvé à travailler en France, puis au Brésil. Et c’est alors qu’il entamait un voyage vers le Canada, qu’il a découvert la Guyane, en 1951. Il ne l’a jamais quittée où il devient Français.
D’abord comme technicien aux services vétérinaires, puis pilote privé, il n’a eu de cesse, les décennies suivantes, de survoler la canopée pour ravitailler les villages isolés, les chantiers et les sites d’orpaillage, faisant des atterrissages acrobatiques presque tous les jours, passant là où les autres ne passaient pas.
Quand j’y suis arrivé dit-il, il fallait prouver sa valeur avec la pelle et la pioche, avec mon avion j’ai pratiqué le rase-motte au-dessus de la canopée, laver ses roues dans le fleuve Maroni, réaliser d’effrayants piqués, voilà le genre d’expérience que vivaient mes passagers. A l’époque, pas de GPS, je me repérais aux reliefs et aux inselbergs, de tous ceux que j’ai survolé, c’est ← ← le plus beau, affirmait-t-il en évoquant la montagne granitique, située dans l’extrême sud-ouest guyanais, non loin de la zone de tri jonction (la borne ↓) entre la Guyane, le Suriname et le Brésil, elle a la forme singulière, comme un maïpouri couché (pour tapir en Guyane).
Comme aimanté par la montagne, il décida alors en 1995 d’organiser une expédition vers l’inselberg depuis Maripasoula, le bourg situé à 150 km au nord à vol d’oiseau. Susky emmènera dans ce voyage sa fille, et plusieurs habitants wayana d’Antecume-Pata, Mimisiku, Aliapalu et Mansini. Il est alors âgé de près de 70 ans et il procéda avec un style particulier en larguant depuis son coucou les vivres nécessaires, pour ne pas les transporter à dos d’homme.
Avec une pirogue ← ←, ils remontèrent le Maroni puis la crique Mamilihpan Eoukou aussi loin que possible, et marchèrent sans répit pour retrouver la montagne. Grâce à une corde installée après l’ascension du sommet par deux d’entre eux, ils seront les premiers à (re) découvrir la peinture de la Mamilihpan. Le vieux pilote la rebaptisera de son nom, la Roche Susky. Il confiera « n’avoir jamais ressenti un sentiment de paix aussi fort que la nuit passée au sommet de l’inselberg »
La vision qu’il portait sur sa terre d’adoption avait évolué, elle aussi, avec le temps qui passe : <J’ai vu des villages disparaître mais aussi des créations comme le site Ariane à Kourou> !
En Guyane, dans la commune de Maripasoula, un relief, la Roche Susky, porte son nom, de même qu’un abri orné de peintures rupestres, classé monument historique depuis 2002.
Il est membre d’honneur de l’aéroclub de France depuis 2018 ↓ ↓
Une des pistes en forêt où il se posait ↑ ↑
Interviewé par un journaliste pour télé Guyane ↑ ↑
Ci-dessus 2 photos avec son avion en vol avant de se poser.
On apprend sa disparition dans le journal France Guyane du 8 mars 2019 : « La légende de l’aviation guyanaise, François Susky, nous a quitté à l’âge de 91 ans ».
Je l’ai souvent rencontré au cours de surveillance des villages éloignés lorsque j’étais en service à la gendarmerie de Saint Laurent du Maroni puis à ma retraite mais n’ai pu à bord de son avion assister au lavage de ses roues, on était en saison sèche ?
Sources : mes souvenirs, ma mémoire et internet.
Serge Clay
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