Marcel HOFFMANN,……pas Juste qu’un cheminot.
Il y a des voies qui ne mènent nulle part, il y a des voies notamment ferrées qui vous mènent à une destination précise et puis il a des voies imprévisibles, c’est une de ces dernières qu’a emprunté Marcel HOFFMANN ce 11 septembre 1942.
Nous sommes dans la région de LILLE, la Wehrmacht l’occupe et va arrêter de nombreuses familles israélites et leurs enfants, parmi lesquels Jacques1 (10 ans) et Jean STULZAFT (2 ans) fils de marchands forains lillois.
Ces derniers, Berick le père est né en 1896 à Vilno (Vilnius actuel) en Pologne et son épouse Hélène née LIBERMAN née à PONEVEZ (Lituanie) en 1914. Ils sont réfugiés depuis quelques temps déjà. Les allemands proposent à Berick d’aller travailler, avec d’autres juifs, au camp d’Avallon (Marne) en échange de la protection de leur famille.
Avant de partir, les nombreuses arrestations2 font qu’Hélène sentant le danger pour ses 2 fils les met en sécurité dans une pension de Faches-Thumesnil, proche banlieue lilloise.
Mais peu après elle est arrêtée et sous la menace révèle où sont ses fils. Ils sont eux aussi arrêtés, amenés à la Kommandantur de Lille, boulevard de la liberté (vraiment pas le mot adéquat en cette période) puis transférés par camion à la gare de FIVES-LILLE, où ils seront enfermés dans un entrepôt en attente de transfert vers les camps de la mort.
C’est ici qu’intervient Marcel HOFFMANN qui voyant un groupe d’enfants et sachant ce qui les attend se faufile à l’intérieur de cet entrepôt, normal c’est son lieu de travail ou presque il fait fi du possible danger qu’il encourt.
Il a 40 ans, une réaction de patriote. Un gendarme allemand en sentinelle lui demande ses papiers, il lui montre, parlemente, lui fait remarquer son nom HOFFMANN à consonance allemande. Le gendarme relâche son attention, ce dont profitent une quarantaine de gamins pour s’échapper par la porte arrière du bâtiment, aidée pour cela par 24 cheminots complices de l’opération et avertis auparavant par Marcel. Au total ce seront soixante personnes qui seront ainsi sauvées3
Une chaine de solidarité, une entraide spontanée vont se créer : en plus des cheminots on y verra du personnel de la mairie, des religieux, des infirmières, des policiers et même l’épouse du préfet.
Les 2 frères, Jacques et Jean sont recueillis par deux familles de……cheminots, les DEVOS pour Jacques. Ils y sont en sécurité. Mais le 8 novembre 1942 un bombardement local va provoquer des dégâts dans la maison des Devos, ils seront blessés par des décombres.
Jacques sera transporté à l’hôpital Saint-Sauveur de Lille. Marcel lui rend alors visite mais est inquiet de l’attitude de l’infirmière qui pourrait le dénoncer. Il fait donc sortir Jacques de l’hôpital pour le cacher à nouveau, mais chez des cousins des DEVOS près d’Hazebrouck. Jacques revient plus tard chez les DEVOS, le père lui fabrique des jouets dans son atelier de la gare, l’occupe au soin des lapins et poules.
Hélène et ses fils se cacheront en divers endroits, comme le logement d’une amie près de la gare de Tourcoing, ou un appartement de Mme Coquerez et ce jusqu’à la libération de septembre 1944. Jacques a même fait une année scolaire, sous une fausse identité bien sûr.
Le 25 février 2020 il est fait « Juste parmi les Nations » par Yad Vashem en Israël. Puis le 26 novembre 2021 une cérémonie officielle a lieu au Sénat, à Paris, pour cette distinction à titre posthume. C’est sa fille Monique qui le représente.
Parmi les noms de ceux qui ont été sauvés par Marcel et les cheminots4 on trouve : Jacqueline et Daniel MANDELBAUM (qui échappent au convoi du 11 septembre 1942), Roger KENIG, Maurice, Rose et Samuel BLANCK, Jacques TOPAZ, Germaine DAGAN (née BANACH), Aline KURCBART, Thérèse LEHNER, Michel RAPAPORT, Henriette LERNER.
Après guerre Marcel HOFFMANN ira en Allemagne prendre contact avec d’autres rescapés de la famille STULZAFT.
Notes :
1°) parfois appelé Oscar suivant les sources.
2°) il en va de même dans le Pas de Calais voisin où 500 personnes sont arrêtées, menées à la caserne Dossin à Malines, étape avant le départ à Auschwitz d’où seulement 15 en ont reviendront.
3°) à ce jour une quarantaine a été identifiée.
4°) Vingt cinq d’entre eux ont pour l’instant sont connus.
Sources : émission télévision 17 septembre, sites internet. L’historien local Gregory Celerse et Claude Ungar du comité français de Yad Vashem. L’association « Lille-Fives 1942 ».
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