Georges Guingouin
Résistant-Chef de réseaux-Compagnon de la Libération
Georges Guingouin, né le 2 février 1913 à Magnac-Laval en Haute-Vienne, joue un rôle de premier plan dans la Résistance.
Son père, (qu’il n’a pas connu), sous-officier de carrière, « mort pour la France » tué dans la région de Bapaume le 28 août 1914. Sa mère, fille d’un ouvrier porcelainier, est directrice d’école primaire.
Militant jusqu’en 1952 du Parti communiste français (PCF), il joue un rôle de premier plan dans la Résistance, en dirigeant le maquis de la montagne limousine sous le nom de « Raoul ». Ses camarades le surnomment « Lou Grand » ou le « Préfet du Maquis », tandis que De Gaulle l’a défini comme « l’une des plus belles figures de la Résistance » et l’a fait Compagnon de la Libération.
Il est d’abord élève à l’école primaire supérieure de Bellac (Haute-Vienne), puis il est admis à l’école normale d’instituteurs de Limoges de 1931 à 1934.
Il accomplit son service militaire en 1934 où il est secrétaire d’état-major à la 6e Compagnie du train à l’École militaire à Paris.
Après son service, il est nommé, en octobre 1935 à 22 ans, instituteur à Saint-Gilles-les-Forêts (Haute-Vienne).
Mobilisé le 23 août 1939 comme soldat de 2e classe, au groupe de transport 120/124, blessé le 17 juin 1940 à l’arcade sourcilière gauche et coupure à la langue, il est évacué le 18 juin 1940 et soigné à l’hôpital militaire Sainte-Madeleine de Moulins (Allier). La ville étant attaquée par les Allemands, il quitte volontairement ces lieux pour éviter d’être arrêté, après avoir été informé par une visite de gendarmes.
Il rejoint sous la mitraille le poste de secours d’un groupe d’infanterie tout proche en traversant les jardins de l’hôpital grâce aux tranchées-abris creusées dans ceux-ci suivi d’un autre blessé… et se fait évacuer vers Montluçon. De retour à Saint-Gilles-les-Forêts par ses propres moyens, empruntant des lignes régulières d’autocars, il retrouve son foyer et ses amis.
En février 1941, il échappe de peu aux inspecteurs de police venus l’arrêter à son domicile. En avril, apprenant qu’il était de nouveau recherché en Haute-Vienne, il quitte le département et prend le maquis en Corrèze aux « Plaines » à Soudaine-Lavinadière, en habitant un jour chez un camarade qui vit dans une maison isolée avec ses deux filles, un autre jour dans des cahutes faites de rondins de bois, dans des maisons inhabitées, ou même dans des souterrains. Les conditions de vie sont très dures.
Il organise des distributions massives de tracts qu’il rédige et imprime avec une ronéo et les fait distribuer dans les foires régionales. Il obtient une fausse identité, celle d’un neveu du camarade chez qui il habite.
De 1940 à 1942, Georges Guingouin a été le « hors-la-loi », l’incarnation de la résistance civile en Limousin. Les condamnations aux travaux forcés — une à perpétuité, puis deux autres de vingt ans — témoignent de l’obstination des tribunaux de Vichy à se débarrasser de cet adversaire.
En 1942, il organise les premiers éléments du Maquis du Limousin qui allait devenir un des premiers de France, le plus redouté de la police de Laval et de Darnand, celui sur lequel les miliciens et les Allemands allaient s’acharner vainement.
Pour la période historique 1942-1944, il est difficile de faire un choix parmi les innombrables faits d’armes du lieutenant-colonel Guingouin. Chef et soldats, il a participé, à la tête de ses troupes, à tous les coups de main, à toutes les embuscades périlleuses, non seulement dans son secteur, mais également et à maintes reprises loin de sa zone d’habitation habituelle. Pendant la bataille du Mont-Gargan, du 17 au 24 juillet 1944, il a donné, à chaque instant, le plus magnifique exemple d’héroïsme, de maîtrise de soi, au mépris le plus total de la mort.
Extraordinaire entraîneur d’hommes que son exemple galvanise, le lieutenant-colonel Guingouin constitue une des plus belles figures de la Résistance comme de Gaulle l’a défini et l’a fait « Compagnon de la Libération » l’un des rares communistes dans ce cas (douze sur 1 053 récipiendaires).
La croix de la Libération se fait généralement au cours d’une prise d’armes. → →
Les troupes présentent les armes et l’ordre d’ouvrir le ban est donné. Le général de Gaulle – ou le membre de l’Ordre désigné – interpelle le récipiendaire par son grade, son nom et lui remet l’insigne en prononçant les paroles suivantes : « Nous vous reconnaissons comme notre Compagnon pour la Libération de la France dans l’honneur et par la Victoire ».
Elu maire de Limoges en 1945, battu en 1947, il est parallèlement peu à peu impliqué dans une sombre affaire judiciaire appelée les « affaires de Domps et Chamberet » → < Deux paysans, Emmanuel Parrichoud et son fils Joseph, avaient été retrouvés morts criblés de balles le 27 novembre 1945, dans sa région par un maquis noir. Des membres de la Résistance qui auraient agi sous son autorité sont accusés > où la presse locale et quelques partis politiques durcirent peu à peu les commentaires. Le dossier est à charge et monté de toutes pièces par d’anciens collaborateurs, que la guerre froide a fait rentrer en grâce, et qui veulent se venger.
Le « Comité de défense » rallie de nombreuses personnalités, parmi lesquelles François Mauriac, Jean-Marie Domenach, et les sénateurs gaullistes Léo Hamon et Jacques Debû-Bridel.
La chambre des mises en accusation de Lyon lui accorde un non-lieu le 13 novembre 1959. Le substitut du procureur a déclaré à cette occasion « ne pas comprendre, en son âme et conscience, qu’on ait engagé des poursuites contre lui » et cette décision lui permet de retrouver son gagne-pain d’instituteur.
Lieutenant-colonel honoraire, il prend sa retraite en 1968 et publie plusieurs ouvrages sur ses activités dans la Résistance et sur l’incroyable erreur judiciaire qui lui a valu, après-guerre, d’être emprisonné dans des conditions très pénibles.
Décédé à Troyes le 27 octobre 2005 à 92 ans, Georges Guingouin est inhumé, suivant ses souhaits, dans le petit cimetière communal de Saint-Gilles-les-Forêts aux côtés de sa femme Henriette (1918-2004).
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