Renée Badie et Maxime
Un couple dont on parle peu, mais qui faisait partie du maquis de Torgue, implanté à Tonneins.
Cette révélation est due à Jean-Max Laborde1 leur petit-fils qui a récemment découvert, dans les archives familiales, une lettre que sa grand-mère Renée avait adressée à la mairie de Tonneins (Lot et Garonne).
Ceci afin d’obtenir la carte des Anciens Combattants et Résistants en fournissant les preuves requises.
Le couple résidait, 11 cours de Verdun à Tonneins. Il accueillait des résistants, des réfractaires du STO ainsi que des réfugiés espagnols.
Renée, née Marthe Dubos, le 21 mai 1906 à Clairac. Elle est la fille de Guillaume, cantonnier, et de Marie Fraiche. Elle épouse le 17 janvier 1925 Maxime Badie. Tous les deux sont militants socialistes. Deux filles jumelles naîtront Yvette Lucie et Sylvette Berthe le 15 avril 1926, à Tonneins.
De juin 1941 au début de l’an 1942 participe à la création d’un mouvement clandestin de résistance « Libération ».
Employée à l’usine de chaussures Hublot de Tonneins. En juin 1943, elle organise avec d’autres amis du réseau Armée secrète de Clairac l’évasion de 6 résistants du camp de Boussés (Lot et Garonne). Elle participe en juillet 1943, à la création du maquis de la Torgue avec Gérard Duvergé et Fernand Ducasse, petit maquis de 8 hommes, mais rejoints plus tard par d’autres volontaires. Puis à 2 autres groupes de maquisards de la Moncaubette et de Saint Gayraud. Appartient au groupe MUR2 créé en 1943 dont elle sera membre directeur.
Elle est dorénavant « Tante Jeanne ». S’occupe du ravitaillement de ces groupes, repère les terrains pour les possibles parachutages et élabore des plans de sabotage.
Les 2 jumelles, à 17 ans, participent aussi aux activités, en effectuant des liaisons vers les maquis, livrant des documents cachés dans le guidon de leur vélo.
Le 3 novembre 1943 elle fait évader, à l’aide de faux papiers, le résistant Paul Jacaud du camp de Mérignac (Gironde).
Elle est aussi en relation avec De Lattre de Tassigny, dont elle connaît quelques secrets : noms d’officiers, caches d’armes ou d’alcool.
Hélas, Maxime son mari est arrêté le 1er février 1944 alors qu’il assistait aux obsèques de Gérard Duvergé, cité plus haut. Après 4 mois de détention il sera déporté au camp de Neuengamme (au SE de Hambourg) et y sera gazé le 9 octobre 1944 à 7 h 50, il avait 42 ans.
Renée sera arrêtée plusieurs fois mais relâchée, notamment le 6 juin jour du débarquement, faute de preuves
Puis le 4 mars 1944, elle sera de nouveau arrêtée mais cette fois-ci par la milice dont le QG est au château de Ferron à Tonneins. Cette milice, environ 200 à 250 hommes dont certains venus de Toulouse, est arrivée sur en ce lieu, suite à la révocation du maire Mr Villatte, remplacé par un maire pro-Vichy.
Elle est emmenée dans ce château où 5 miliciens vont s’occuper d’elle ! ! !. Le 4 juin, elle est menottée et déshabillée. Sur son corps nu et jusqu’aux parties intimes, on lui applique des pointes rougies électriquement. Ce seront 3 h ½ d’atroces souffrances qu’elle va endurer jusqu’à évanouissement. Mais rien ne sortira de sa bouche « plutôt la mort que la trahison » est sa devise.
Elle profitera de la panique de ses geôliers lors d’un bombardement anglais pour s’échapper le 9 août 1944.
Après-guerre, elle ouvrira une maison d’accueil pour les orphelins de la Résistance à Laparade (47). Aurait trouvé un emploi à la SEITA de Bordeaux ou/et se lancera dans la fabrication et le commerce de corsets.
Elle tombe malade en 1948, vivait avec sa mère 74 ans et sa belle-mère 78 ans et ses 2 filles. D’ailleurs après son décès c’est Sylvette qui reprendra la maison familiale.
Elle décèdera à Tonneins le 22 juillet 1973 à l’âge de 67 ans.
Notes :
1°) avec l’aide d’Alain Glayroux, ami historien et de Michel Ortiz un cousin.
2°) Mouvement Uni de la Résistance.
Sources : divers sites., notamment « archives départementales du Lot et Garonne », musée d’histoire de Tonneins. Photos collection familiale
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