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Alsace. Un orphelin de « Malgré-nous » porte plainte contre l’Allemagne pour crime contre l’humanité

Ouest-France.fr

Gérard Michel, dont le père enrôlé de force dans l’armée allemande est décédé en 1944, réclame d’être indemnisé au même titre que les orphelins de guerre allemands.

Un orphelin de « Malgré-nous » alsacien a porté plainte à Strasbourg contre l’Allemagne pour crime contre l’humanité, pour l’incorporation forcée de son père et de son oncle à l’armée allemande pendant la Seconde guerre mondiale. Gérard Michel, qui est aussi le président de l’association « Orphelins de pères Malgré-nous d’Alsace et de Moselle », a déposé cette plainte avec constitution de partie civile dans l’espoir d’obtenir une indemnisation équivalente à celles touchées par les orphelins de soldats allemands.

« L’Allemagne refuse de nous indemniser au même titre que les orphelins allemands en disant que nous ne sommes pas allemands, alors qu’ils ont entraîné nos papas en leur mettant la nationalité allemande sur le dos, qu’ils le veuillent ou non », s’est-il indigné. Gérard Michel demande « exactement les mêmes indemnisations, pas un centime de plus ou de moins, que celles que l’Allemagne accorde à ses orphelins, à ses veuves ».

Les « Malgré-nous » considérés comme anciens combattants français

Les « Malgré-nous », ces quelque 130 000 Alsaciens et Mosellans incorporés de force à partir de 1942 dans la Wehrmacht, ont été indemnisés après un accord trouvé en 1981 entre la France et l’Allemagne, mais ne bénéficient pas d’une pension allemande puisqu’ils ont été reconnus comme des anciens combattants français.

« Mon père s’est sacrifié, il est parti quinze jours avant que les Américains débarquent, pour sauver ma mère enceinte jusqu’au cou. Il est enterré dans une fosse commune en Pologne, comme tant d’autres, et l’Allemagne ne s’est même pas excusée ! », déplore Gérard Michel. Il rappelle que « 500 jeunes gens ont été tués dans la fleur de l’âge parce qu’ils ne voulaient pas rejoindre les Allemands ».

Les enrôlés de force belges indemnisés

« Un orphelin de guerre français a obtenu une allocation unique d’environ 920 euros (réévalués). Or un volontaire dans les Waffen SS a pu engranger plus ou moins 400 euros par mois sur une période moyenne de 40 années, soit 192 000 euros », c’est-à-dire 200 fois plus, a calculé Gérard Michel, qui va se pencher sur la possibilité de porter plainte au nom de l’association qu’il préside.

En février, la révélation du fait qu’une poignée de collaborateurs du régime nazi percevaient toujours une pension allemande en Belgique avait suscité l’indignation. Ces pensions sont versées chaque mois, en vertu d’une loi allemande, aux habitants de la Flandre ou de la Wallonie qui se sont engagés aux côtés de l’armée allemande, ainsi qu’aux enrôlés de force dans les territoires annexés de l’est de la Belgique. En France aussi, 54 personnes touchent également une pension de l’État allemand en tant qu’anciens combattants ou collaborateurs du régime nazi.

 

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