ATTENTAT DE NICE :
LES ENFANTS ENCORE LARGEMENT TRAUMATISES
Trois ans après l’attaque meurtrière du 14 juillet 2016, de nombreux enfants souffrent toujours de troubles de stress post-traumatique.
Le Figaro – samedi 13 juillet 2019
Les enfants encore largement traumatisés
VINCENT-XAVIER MORVAN
« ON POUVAIT s’attendre à ce que les gens soient encore en difficulté, parce que c’est un phénomène connu, mais pas avec une telle fréquence ni une telle intensité… » Pour la professeure de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent Florence Askenazy, du CHU Lenval à Nice, le constat des premiers résultats de l’étude, menée par les services de cet hôpital pédiatrique sur les enfants impliqués dans l’attentat de Nice, constitue une surprise.
Selon les chiffres communiqués sur une cohorte forte de 365 participants, dont 208 enfants, plus de la moitié de ces derniers souffrent aujourd’hui, trois ans après l’attentat meurtrier du 14 juillet 2016, de troubles de stress post-traumatique. Ce chiffre grimpe même à 60 % chez les enfants de moins de 7 ans. Surtout, dans cette même catégorie d’âge, la moitié souffre de plus de trois pathologies associées qui, outre le stress post-traumatique, peuvent être des phobies spécifiques, des troubles du sommeil ou de l’endormissement, une angoisse de la séparation ou un trouble oppositionnel avec provocation, s’agissant des affections les plus fréquentes. Tous ces sujets nécessitent encore aujourd’hui des soins en continu. Chez les plus de 7 ans, on retrouve ainsi des phobies, des tics, un trouble panique, de l’anxiété généralisée ou de l’agoraphobie, et ce dans des proportions sans commune mesure avec la moyenne de la population. La surprise vient de ce que les études concernant ce type d’événements laissaient supposer des chiffres inférieurs. Le professeur Askenazy cite notamment des constats établis à la suite de « traumatismes collectifs par intentionnalité » qui montrent, chez les adultes, la persistance d’un stress post-traumatique chez 40 % des sujets.
Parcours de soins
« Nous avons commencé ce travail en novembre 2017, mais nous continuons aujourd’hui, au fur et à mesure, à inclure de nouvelles personnes dans la cohorte », explique Morgane Gindt, docteur en psychologie chargée de la coordination de cette étude baptisée « Programme 14-7 ». Sont inclus à la fois des enfants touchés directement par l’attentat, qui étaient présents le soir du feu d’artifice sur la promenade des Anglais, et des enfants concernés de manière indirecte, absents ce soir-là, mais, par exemple, proches de victimes.
Des enfants nés après l’attentat ont même été inclus, pour étudier les répercussions de l’événement sur leur santé. Les premiers résultats à ce sujet devraient bientôt être publiés. « Notre objectif, c’est de suivre cette cohorte jusqu’à ses 25 ans en essayant d’arriver à un échantillon de 1 000 personnes, indique le professeur Askenazy. Cette étude est importante en termes de santé publique, car, en la matière, nous ne disposons pas de recommandations de bonnes pratiques chez l’enfant. Cela permet aussi de détecter des pathologies et de comparer les parcours de soins, pour voir lesquels ont été les plus efficaces. » Aujourd’hui, malgré les demandes réitérées de cette dernière aux autorités de l’État, seuls des mécènes privés, des associations de victimes et le département des Alpes-Maritimes ont apporté leur concours à ce travail d’une importance cruciale.
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