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COMMENT EST CHOISIE MARIANNE ?

Par Christian Taveira –

 Mis à jour le 14/02/2019 à 10:58Publié le 13/02/2019 à 12:46

Les traits de Marianne sont reproduits à des millions d’exemplaires sur des timbres et son buste orne toutes les mairies de France. [REMY GABALDA / AFP].

La République a quatre symboles principaux : le drapeau tricolore, la Marseillaise, la devise «Liberté, Egalité, Fraternité» et Marianne. Mais comment est choisi le visage de cette femme arborant un bonnet phrygien ?

Ses traits sont reproduits à des millions d’exemplaires sur des timbres et son buste orne toutes les mairies de France. Pourtant, l’aspect de Marianne varie au gré des époques et des circonstances.

 

PAS DE PROCÉDURE OFFICIELLE

Suivant la tradition, c’est à chaque mandat présidentiel qu’un nouveau dessin est réalisé. Il n’existe pas de procédure officielle mais, généralement, une thématique est donnée, puis un concours d’artistes est organisé. La décision finale revenant ensuite au président de la République.

En juillet 2018, un peu plus d’un an après sa prise de fonction, Emmanuel Macron avait ainsi choisi la Marianne d’Yseult Digan, une artiste franco-britannique dont le pseudonyme est «YZ» (prononcez «eyes», ndlr). Un projet préféré à un autre pour lequel avaient voté 500 pupilles de la nation.

Mais les citoyens, associations ou partis politiques, tentent aussi parfois d’influencer le chef de l’Etat, notamment par le biais de pétitions. 

L’une d’elles, mise en ligne sur le site mesopinions.com, souhaite voir, par exemple, Marianne représentée en la personne de Zineb El Rhazoui, journaliste notamment connue pour avoir échappé à l’attentat terroriste islamiste contre Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015.

Parmi la multitude d’autres initiatives plus ou moins isolées, on peut également citer celle de l’écrivain Yann Moix, qui, en 2013, avait, lui, lancé une pétition pour une Marianne métisse. 

SIMONE VEIL RÉCEMMENT PROPOSÉE

Beaucoup plus récemment, après la série de tags antisémites et messages haineux qui ont recouvert divers quartiers de Paris au cours du week-end des 9 et 10 février, le parti Agir, emmené par des ex-LR pro-Macron, demande pour sa part à ce que Marianne prenne le visage de Simone Veil.

Un portrait de l’ex-ministre de la Santé, rescapée de la Shoah, avait été recouvert d’une croix gammée, soulevant une vague d’émotions.

«Nous proposons de donner à Marianne les traits de Simone Veil qui est l’incarnation de la France et de la République, de leurs valeurs, de leurs combats, de leurs défis, de leur ancrage européen», a expliqué l’une des porte-parole du parti, Fabienne Keller, dans une lettre adressée au président de la République.

UN CHOIX PARFOIS POLÉMIQUE

Reste que le choix de Marianne est parfois accompagné de polémiques. En 2013, le choix de François Hollande s’était ainsi porté sur le dessin du photographe Olivier Ciappa, via un concours dont le jury était composé de collégiens et de lycéens.

Olivier Ciappa confiera ensuite que ce portrait avait été inspiré du visage de la cofondatrice du mouvement féministe Femen, Inna Shevchenko. Un choix qui avait déchaîné les passions, dans le sillage du mariage pour tous, adopté la même année.

Mais s’il y a une Marianne qui rassemble l’ensemble des Francais, c’est sans doute celle qui est représentée dans le tableau d’Eugène Delacroix : «La liberté guidant le peuple», inspiré de la Révolution de 1830. 

C’est d’ailleurs quelques années plus tard, à partir de 1872, soit aux prémices de la IIIe République, que les bustes de Marianne ont été installés dans les mairies. Une façon alors, pour les pouvoirs publics, de représenter la République d’une façon protectrice et rassurante. 

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