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La fascinante grand-mère de Dorlayne Durel-Mongelard

   

Stanislas et Augustine Mongelard ont été déportés dans les camps de la mort.

Ils tenaient l’hôtel de Paris,1acheté en 1935, à Toulouse, lieu de passage de beaucoup de monde, touristes, commerciaux etc…Ils  possédaient aussi une villa nommée « Antiches-Oche » à Lardenne, proche de Toulouse.

En parallèle ils organisaient des réunions, des rencontres pour le réseau de résistance « Pat O Leary2» dont ils faisaient partie sous les noms de code « d’Ourson et Oursonne », une salle discrète étant réservée à cet effet.

« Pat O’Leary » arrêté, en mars 43,  le réseau sera repris par Marie-Louise Dissard sous le nom de code « Françoise ». Un lycée de Toulouse porta ce nom, il a été transféré à la proche ville de Tournefeuille. Cela ne change rien à l’activité des époux Mongelard. Le père avait 2 cochons, l’un appelé « Benito » le second « Adolf ». Des armes étaient cachées soit à la villa, soit au 5 éme étage de l’hôtel. Jean le fils aîné aurait descendu une caisse d’armes, anonyme bien sûr, aidé par un soldat allemand (ennemi soumis ! ou bon bougre !)  Les enfants n’étaient au courant de rien.

Maurice, 9 ans, le plus jeune des 4 fils, était solarisé au petit lycée de Toulouse ( devenu Fermat ensuite) il transportait dans son cartable des documents qu’il remettait à un contact dans ce lycée, ce qu’on lui avait bien spécifié.

Les 4 garçons, Jean, Pierre, François, Maurice et les 2 sœurs restaient avec leur grand-mère dans cet hôtel réquisitionné par les allemands. Pour ne pas attirer l’attention un général pouvait, à l’occasion, se muait en plongeur pour la vaisselle.

Environ 700 personnes de toutes origines européennes, des aviateurs alliés y ont transités clandestinement bien évidemment, en attendant le passage en Espagne puis vers l’Angleterre pour certains.

Mais le 20 février 1943, tôt le matin, la place du Capitole est bouclée : les époux Mongelard sont arrêtés, suite à l’intrusion non détectée d’un homme, qui s’est révélé être un « collabo ». Ils sont emmenés à la prison Furgole à Toulouse, puis déportés par le dispositif « nuit et brouillard » (décret ordonnant la déportation de tous les opposants ou ennemis du régime).

Par sécurité, lors de réunions, un mot de passe ou signe de reconnaissance était nécessaire. Pour cette fois et pour les têtes inconnues il fallait « exhibé » un objet, en l’occurrence un stylo jaune et noir. Donc un certain Roger se présente et muni de l’objet recommandé, il est autorisé à rentrer.

Comme indiqué ci-dessus c’était un « collabo » qui a fait arrêter Stanislas et Augustine ce 20 février.

Cette dernière a connu l’enfer des camps mais en est revenue en 1945, libérée le 22 avril par l’Armée Rouge à Mauthausen. Elle était méconnaissable, facile à comprendre. Très changée physiquement  ne pesant plus guère que 34 kg, moins de la moitié de son poids initial, affaiblie par les mauvais traitements subis : mauvaise literie, réveils aléatoires une impossibilité de bien dormir.

Moralement aussi, la femme gaie et joviale qu’elle était, est devenue renfermée, dure parfois avec ses proches, dans ses actes ou propos.

Elle me racontait, lors de repas de famille, la vie dans les camps, les traitements dont les plus sévères, les plus dégradants venaient des cruelles gardiennes (les kapos), et les jeunes filles fragiles n’y résistaient pas longtemps.

Augustine  représentait, pour Dorlayne3 une femme hors norme, à la forte personnalité. Quant à son grand-père qu’elle pensait plus faible que son épouse il lui a fallu, le temps aidant, réaliser ce qu’étaient ces horribles camps. Ce dernier parti dans un convoi de prisonniers malades transitera par Nordhausen, Buchenwald et Bergen-Belsen. Décédera le 3 mars 1945 à Dora, camp de fabrication des V1.

Une plaque commémorative est apposée dans le patio de l’hôtel4, ainsi qu’une pochette blanche avec le n° matricule brodée qu’a rapporté Augustine.

Distinctions de Mme Durel-Mongelard : Ordre National du Mérite le 20/09/2021

Notes :

1°)  revendu en 1956 et devenu par la suite le Crowne Plazza, toujours au 7 place du Capitole.

2°) nom de code, donné par Albert Guérisse (nom prédestiné !) un médecin belge, qui sera déporté à Dachau mais en reviendra vivant mais affaibli.

3°)   elle  s’occupe, avec sa sœur Jeanny, la seconde fille, présidente de AFMD 31 (amis de la fondation pour la mémoire de la déportation).

4°) le 19 février dernier Dorlayne avait organisé, au Crowne Plaza, une cérémonie en hommage à ses grands-parents. (Avaient assisté à une cérémonie identique, en 2017, 3 anciens déportés : Robert GAYARD, Marie et Jean VAISLIC).

Distinctions : Médaille de l‘Ordre national du Mérite à Jeanny le 20/09/2021 par le président de l’ONAC.

Source : journal « la dépêche du midi » (Sébastien Girardel)  du 18 février dernier, divers sites.

NDLR : comme souvent les faits et les chiffres donnés divergent suivant les sources.

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