Emile et Georgette HERPE le bien, la main dans la main.
Emile est né le 18 avril 1891 dans la région du Trégor en Bretagne (Côtes d’Armor). A fait la 1ère guerre mondiale. Réussite à Normale Sup. il est déiste (libre penseur) et lit « Mein Kampf ».
En 1925 il épouse Georgette LEBLANC, née le 25 novembre 1891, issue d’une famille de 8 enfants. Elle est catholique pratiquante.
En 1937 la famille arrive à Sainte Foy la Grande avec ses 2 enfants Jacqueline et Daniel. Le père Emile est directeur du collège Jules Steeg, rue Langalerie. La mère Georgette est l’économe de ce collège qu’elle gère avec l’internat qui lui est rattaché. Ils résident bien sûr sur place.
Juillet 1940 : venant d’Arlon, Ardennes belges, la famille LEVY, juive et réfugiée, Jacqueline et André s’installe avec ses 2 enfants dans une maison louée face au collège. Le père Léon, marchand de bestiaux à l’origine, est employé comme ouvrier agricole dans une ferme proche.
Ensuite fuyant l’avancée de l’ennemi, arrivent une dizaine ou douzaine d’autres familles juives elles aussi, dans cette petite ville du Sud-Ouest, non loin de Bordeaux.
A noter qu’une famille juive, les BOUAKNIN, y résidait déjà avant guerre et tenait une boutique de vêtements « Chez David » installée place de la mairie. Mais se réfugièrent, on ne sait jamais, quand même à Marmande (Lot et Garonne) en temps voulu.
Des liens de proximité se tissent entre le directeur du collège et la famille LEVY, liens qui évolueront vers une amitié réciproque. De ce fait le petit André, le cadet de la famille, sera admis au collège, pas très loin il n’y a que la rue à traverser.
Fin 1943, Emile HERPE le directeur, en contact avec la résistance1, révèle à Léon que le maire de la commune, sur avis préfectoral, a remis aux autorités locales la liste des juifs de la commune. De même sera avertie toute la communauté juive, dont une partie quitte la ville de manière discrète.
Devant ce danger Emile procure de faux papiers à la famille LEVY, qui devient « Laurent ». Les enfants ont alors 17 et 13 ans. Ces faux sont établis avec des lieux de naissance comme Le Havre ou Rouen, les archives de ces villes ayant été détruites lors des bombardements, donc pas de vérification possible. Le fournisseur serait un imprimeur du nom de Barat.
Mars 1944 : le danger se précise, les HERPE mettent la famille LEVY en sécurité dans leur maison de campagne au Bloy à Bonneville (Dordogne). Ils les y accompagnent et les visitent de temps à autre.
Poursuivant leur action le couple HERPE accueillent à l’internat une douzaine d’enfants juifs, des adolescents certainement sans parents et chapeautés par une institution juive. Bien entendu on les dote d’une fausse identité.
4 août 1944 : le danger est plus que présent, il se manifeste par l’arrivée de miliciens français, peut-être revêtus d’uniformes allemands, bien que les leurs s’y apparentent. Sous le commandement d’ André Besson-Rap2, ils se présentent au domicile des familles et arrêtent ainsi : Aron ALEMRIK, René DREYFUS, Maurice JORKEWITCH, Saül RAPPAPORT, Charles ROSEMBLUM et Léon WROBLOWSKI. Ces 6 personnes sont les seules à être restées dans cette ville. Le lendemain elles sont emmenées au bois de Souleilou dans la commune de Fleix (Dordogne) pour y être exterminées.
La famille LEVY ne refera surface qu’à la libération, ayant continué à rester dans l’endroit discret de la maison de campagne des HERPE.
Emile prendra sa retraite en 1947, il décède le 20 avril 1970 et Georgette lui survivra jusqu’au 12 novembre 19873. Gisèle leur fille fera des études en pharmacie et son frère Daniel en médecine à Bordeaux où il deviendra médecin radiologiste.
Gisèle dira que ses parents ont fait ce choix par charité chrétienne, droits de l‘homme, conviction naturelle et en tant que citoyen Français.
Distinctions : Médaille de la reconnaissance Française en 1951.
« Justes parmi les Nations » le 10 août 1999.
Notes :
1°) Emile HERPE fait partie de « la France combattante » le 1er janvier 1942. Fin août 1944 il sera nommé membre du comité de libération local.
2°) militaire retraité. Pro Vichy, leader société secrète. Aux ordres de Vichy puis de la Wehrmacht. Arrêté en 1945, jugé à Bordeaux. Ne fit que quelques mois de prison.
3°) remarquons qu’Emile et Georgette ont comme mois de décès celui de leur naissance, belle coïncidence.
Sources : divers sites internet. Témoignage de Daniel HERPE de novembre 2009.
Un livre : « les juifs à Sainte Foy la Grande en 39/45 ( par la société d’histoire).
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