Eugénie DJENDI

                                                            L’oubliée de l’histoire des femmes résistantes 

Née le 8 Avril 1918 à Bône (Anaba maintenant) de père algérien musulman Salah ben Chefrai  Djendi  et de mère « pied noir » d’origine italienne Antoinette SILVANI.

A la fin de l’année 1942, peu après le débarquement des troupes US au Maroc et en Algérie, Lucien MERLIN, commandant des transmissions Terre/air/Mer crée le CFT (corps féminin des transmissions).

Eugénie incorpore à 24 ans cet organisme, appelé « les Merlinettes » vous comprenez pourquoi, comprenant 2000 filles environ. La rejoindront Pierrette LOUIN (22 ans), Marie Louise CLOAREC (24 ans) et Suzanne MERTZIZEN.

Ces 4 « merlinettes » sont envoyées en pré-stage de formation à STAOUELI à 20 km à l’est d’Alger.

Elles répondront ensuite à une demande de spécialistes radio, il n’y a plus d’hommes disponibles pour cette tâche, et partiront vers Londres lieu de rassemblement.

Un nouveau stage de perfectionnement « radio » les attend à Saint Albans (Hertfordshire) à 36 km au nord de Londres puis à Ringway près de Manchester à 250 km au NW de Londres. Elles y apprendront le maniement des explosifs, le close combat, la topographie, le repérage des installations cibles éventuelles à bombarder, comptage des effectifs ennemis et évidemment les transmissions radio.

Ces opératrices radio étaient appelées « pianistes » à cause de leur dextérité….féminine bien sûr.

 

Eugénie DJENDI se voit délivrer de faux papiers au nom de Jacqueline DUBREUIL en prévision d’un possible parachutage en France pour la mission « Berlin » dans la région parisienne.

 Ce sera fait le 7 Avril 1944, décollant de TEMPSFORD à bord d’un Hallifax elle sera larguée au-dessus de Sully sur Loire (Loiret). Deux hommes l’accompagnent, ce sont Georges PINCHENIER alias Lieutenant Laffitte et Marcel LEBLOND son radio pour une mission « Libellule ».

Dès son arrivée elle contacte Alger et Londres. Sachant qu’émettre plus de 3 minutes et trois fois de suite est dangereux à cause des repérages « gonio » allemands. 

Hélas le jour suivant, 8 Juillet, ils sont arrêtés par l’Abwer et la police française qui leur confisquent tout le matériel radio et l’arme détenue par Eugénie.

Ils se retrouvent dans les locaux de la gestapo de même que Pierrette LOUIN. Interrogée avenue Foch à Paris puis enfermée place des Etats Unis. Les 2 hommes n’ont aucune idée où se trouvent les 2 filles, jusqu’au soir d’un certain jour où ils les entendent dans une cellule voisine. Ayant réussi à se  détecter réciproquement, les 2 « merlinettes » vont chanter, crier afin de distraire le garde.

Ceci permettra à PINCHENIER de s’évader seul, LEBLOND ayant refusé cette solution. En précisant que peu de temps auparavant Eugénie avait glissé sous la porte des 2 compères un plan du métro et 200 ou 300 francs.

Eugénie et Pierrette seront internées à Fresnes puis dirigées vers Compiègne (Oise) base de départ pour Ravensbrück d’où elles partiront le 15 Août 1944.

Elles y retrouveront Marie Louise CLOAREC et Suzanne MERZIZEN arrêtées le 27 Avril à Saint Léger Maganzeix (Haute Vienne) et arrivées le 8 Août 1944.

Plusieurs demandes de transfert vers un camp de prisonniers de guerre anglais auprès de Fritz SUHREN commandant SS du camp seront formulées mais resteront sans réponse.

Le 18 janvier 1945 elles sont convoquées au bureau de SUHREN, serait ce une bonne nouvelle de transfert ?

 Non elles sortent de ce bureau, accompagnées de Ruth NEUDECKER allemande déléguée aux exécutions et se dirigent vers une place du côté des fours crématoires. Une route a été barrée, pour cette occasion.

Selon des témoins elles furent pendues vers 16 h 30, d’autres les signalent fusillées à 18 h. Les circonstances dans lesquelles se déroulent ces tragédies laissent un doute quant aux faits ainsi signalés.

La pendaison est sans doute le plus probable dénouement car leurs vêtements, ramenés ensuite, ne comportaient aucune trace de balles, ni de sang évidemment d’après un responsable du magasin.

Toujours est il que le résultat est identique : elles ont été odieusement exécutées.

N’oublions pas une autre « merlinette » Elisabeth fusillée le 6 Septembre 1944 à l’Isle sur Doubs.

Interrogés, par les alliés après la guerre, SUHREN et son adjoint SCHWARTUBER déclarent que l’ordre venait de Berlin !

Le sous lieutenant Eugénie Malika Manon DJENDI a son nom gravé au Mont Valérien ainsi qu’au mémorial TEMPSFORD dans le Bedfordshire (au nord de Londres).

Son nom a été donné à un jardin (créé en 1992 appelé le jardin noir) en Juillet 2015 lors d’une inauguration dans le parc Citroën, 15 éme arrondissement, rive gauche de la Seine à Paris.

C’est dans ce jardin que le monument national dédié aux OPEX a fait l’objet d’une cérémonie ce 11   Novembre 2019 en présence du Président de la république Emmanuel MACRON.

Distinctions : Légion d’Honneur, Morte pour la France, Croix de guerre avec citation vermeil, Médaille de la résistance.

 

Sources : pages internet, documents divers et biographie d’Eugénie DJENDI. Mémorial National de Ramatuelle (Var).

 

 

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